17/07/2008
Bourgeoisie, révolution et globalisation
« La bourgeoisie…partout ou elle a conquis le pouvoir, a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissaient l’homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du paiement au comptant. Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité naïve dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substituée aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce. La bourgeoisie a dépouillée de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque là pour vénérables et qu’on considérait avec un sain respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré un voile de sentimentalité qui recouvrait les situations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent…
[…] La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les conditions de la production, c’est-à-dire tous les rapports sociaux ; Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de conceptions et d’idées antiques et vénérables, se dissolvent ; ceux qui les remplacent vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés, enfin, d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations ; Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale, Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore tous les jours.
Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production : elle les force à introduire chez elles ce qu’elle appelle civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image. La bourgeoisie supprime de plus en plus l’émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé la production, et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence fatale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout justes fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier… »
Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848.
"La suite du livre vous plairait moins", me dit @cadichon en commentaire. Suis bien d’accord. Je me suis dit qu’une mise au point n’est peut-être pas inutile.
Non, hoplite n’est pas marxiste...
Je n’ai pas de sympathie particulière pour la lutte des classes, la dictature du prolétariat, celle-là même qui devait amener cette société sans classe ou le prolétaire, débarrassé de l’oppression des classes possédantes –du capital, recevrait une juste rémunération pour son travail…
Et l’expérience, la praxis, communiste ne m’inspire que de l’horreur, comme à tout être sain d’esprit. A cet égard la survivance d’une gauche radicale communiste qui ne dit plus son nom, notamment en France avec différentes mouvances trotskystes, ne laisse pas de m’étonner. Je repense toujours avec bonheur à la façon dont Castoriadis avait réglé son compte aux thuriféraires de la IV ème internationale : « la fraction en exil de la bureaucratie soviétique » Oh, oh, oh.
Deux choses m’intéressent particulièrement dans ce court extrait :
- d’abord son caractère visionnaire : Marx a anticipé le triomphe de l’économie de marché sous forme d’une globalisation planétaire, sorte d’internationalisme du capital. Peut-être l’internationalisme prolétaire de la lutte des classes répondait-il à sa pré science de la montée en puissance irrésistible de l’économie de marché ?
- ensuite, la façon dont Marx a compris le caractère profondément révolutionnaire sinon d’une classe bourgeoise, tout au moins des valeurs bourgeoises. Marx a saisi combien bourgeoisie, modernité et capitalisme sont consubstantiels…Combien, depuis l’essor, dans le Moyen-Âge, de cette classe industrieuse de commerçants, de marchands, acquise à la rationalité, à l’économie, au culte de l’argent puis aux idéaux des Lumières, va mettre à bas le vieil ordre féodal pour prendre définitivement le pouvoir en s’affranchissant de toutes sortes de tutelles et contraintes et en imposant, partout, ses valeurs individualistes et sa conception anthropologique utilitariste.
22:34 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : marx, révolution, bourgeoisie, capital, communiste
14/07/2008
Global
J’ai compris ça l’autre soir, en regardant sans le regarder un nième débat entre un leader syndical et un ministre du gouvernement sur i-télé, je crois. On parlait 35 heures, flexibilité, flexi sécurité, heures supplémentaires, avantages acquis, etc, etc. L’irréel de la situation, le coté absurde et tragique à la fois : deux joueurs de cartes sur le pont du Titanic…
D’un coté, un leader syndical représentant 15 à 20 % des salariés syndiqués, soit environ 3 à 5% de l’ensemble des salariés de ce pays, et de l’autre le représentant du gouvernement d’un petit état nation européen, marqué par le déclin économique, démographique et culturel, et dont l’essentiel des lois depuis quelques années ne sont que l’application de directives européennes, elles-mêmes votées par des hommes, des commissions, à la légitimité incertaine.
Cela me rappelait les débats politiques de mon enfance, c’est-à-dire de cette époque dite moderne ou les mots politique et social avaient encore un sens avant qu’ils ne soient soumis à l’économie, avant que nous passions d’une économie de marché largement étatisée à une société de marché ouverte sur un monde globalisé. Ce monde post moderne dans lequel le chiffre d’affaire de Général Motors est supérieur au PNB de l’Indonésie. Un monde ou les stratégies du capitalisme planétaire n’ont que faire des exigences sociales d’états nations obsolètes perméables à tous les flux trans nationaux de valeurs, d’hommes et de capitaux. Obsolètes car incapables désormais de peser de façon significative sur des réseaux qui se moquent bien des frontières, des lois, des hommes politiques, des commissions, des états et des leaders syndicaux…
Quel sens avait cette discussion entre deux hommes qui ne maîtrisent rien ? Aucun.
De quelle influence politique ou sociale peut se prévaloir une organisation syndicale minuscule, à fortiori ultra minoritaire au sein d’un salariat français massivement non syndiqué, dans un monde ouvert comme le notre ? D’aucune.
De Quelle marge de manœuvre, de quel poids décisionnel peut se prévaloir ce membre d’un gouvernement libéral dont la famille politique a fait plus que quiconque pour accélérer la destruction d’un modèle de société et de valeurs qu’ils font semblant de protéger ? D’aucuns.
Deux hommes impuissants pensant ou affectant de penser que le politique avait encore un poids quelconque sur les conditions de travail ou l’organisation de notre société…Du cinéma, quoi.
Constat : ce monde post moderne globalisé, fruit de cette mondialisation économique et financière mais aussi culturelle est régi par des facteurs économiques au détriment de facteurs politiques qui ne pèsent plus rien. Chaque jour apparaît un peu plus évident la disparition des politiques nationales voire trans nationales (union européenne) devant les impératifs du marché planétaire qui se joue des exigences juridiques, sociales ou culturelles de l’ancien monde moderne ou existaient des politiques économiques, monétaires, sociales étatiques et inter étatiques. L’Europe elle-même n’est qu’un marché, certes conséquent, qu’une région du monde soumise aux impératifs d’un marché globalisé. Il s’agit en fait d’une véritable révolution dont la plupart des gens de ce bas monde ne réalisent pas la signification ni les conséquences, notamment pas ces deux apparatchiks archaïques, vestiges d'un monde disparu ou en passe de l'être, qui discutaient à i-télé...
Il ne faut pas voir dans ma prose inepte une critique de l’économie de marché ou de la démocratie libérale, qui me paraissent être deux systèmes économique et politique raisonnables. Je sais trop par ailleurs ce que doit la civilisation occidentale à cette modernité singulière issue de l’état de droit, de l’économie de marché et de l’existence d’une classe moyenne bourgeoise industrieuse depuis la fin du moyen-âge. Non, il faut y voir une critique radicale de cette transformation du monde qui semble s’inscrire dans la dynamique propre du capitalisme, la création d’un marché mondial.
Il s’agit bien sur d’un phénomène complexe à propos duquel beaucoup de choses érudites ont été dites…J’y vois, moi, certaines choses nouvelles et radicales :
-l’autonomisation de l’économique par rapport au politique. Jusqu’alors, la vie économique n’était qu’une partie de l’organisation des états nations, directement dépendantes des exigences politiques –c’est-à-dire du contrôle démocratique- mais aussi sociales ou culturelles. Cela n’est plus le cas aujourd’hui. Phénomène aggravant, la sphère financière, spéculative, s’est également autonomisée de la sphère économique proprement dite,
-avec pour conséquence directe que ce ne sont plus les états nations qui arbitrent et décident, mais bien les marchés financiers et les firmes internationales. Passant ainsi d’un monde organisé autour des états nations à une économie monde, structurée par des acteurs globaux qui échappent par nature à tout contrôle sociétal ou étatique. Ce qui signifie la déterritorialisation du système capitaliste, hors de ses limites nationales habituelles ou il pouvait être soumis aux orientations du politique ou à l’audit civil. C’est l’avènement du capital en réseaux, en flux, qui lui permet de s’émanciper de toute contrainte politico étatique. Ce qui autorise une pression à la baisse des salaires, le renforcement d’une immigration dans les pays du Nord, amenant une main d’œuvre non qualifiée mais peu coûteuse et peu exigeante en terme de salaires et de contraintes sociales.
-l’irruption dans le secteur marchand de secteurs entiers qui auparavant lui échappait en grande partie : le sport, la culture, le monde de l’art, les ressources naturelles, les services, la propriété intellectuelle, etc. Ce que certains -nos amis du monde diplo- désignent sous le vocable de marchandisation du monde.
-finalement la disparition de ce paradigme de l’état providence qui depuis l’après guerre était dominant en occident car il représentait un compromis historique entre le capital et le travail, entre les nécessités du capital et les exigences sociales.
-cette deconnection de l’économique et du social va de pair avec l’impuissance grandissante des états nations dont les marges de manœuvre, notamment en terme de protection sociale ou de droit du travail sont quasiment nulles devant un capital trans national prompt à délocaliser structures, hommes et capitaux ou à faire pression à la baisse sur les salaires par l’intégration d’une main d’oeuvre immigrée.
Ou comment cette impuissance des médiateurs étatiques ou sociaux réduit radicalement leur légitimité démocratique. A quoi bon voter, élire un gouvernement ou des représentants syndicaux, s’ils n’ont plus de poids dans ce bras de fer entre le corps social et ces nouveaux acteurs globaux ? C’est en ce sens que les états nations me paraissent obsolètes dans ce nouvel ordre mondial, car trop petits pour peser véritablement.
-cette nouvelle organisation du monde, aussi complexe et mouvante soit-elle a pour conséquence une uniformisation des modes de vie, des attitudes et des comportements, favorisant l’éradication de cultures traditionnelles et, en retour, l’exacerbation de revendications identitaires, légitimes, de la part de peuples qui se sentent menacés dans leur existence même.
Une sorte de nivellement par le bas de toutes les cultures, réduites à un dénominateur commun consumériste. Une homogénéisation des cultures par le marché, instituant le primat des valeurs marchandes et un modèle anthropologique utilitariste : l’homme se définit comme un individu soucieux de produire et consommer, à l’exception de toute autre ambition…une sorte de non culture universelle du marché.
Un universalisme de l’avoir ou les individus, atomisés, aliénés et anomiques, ne sont plus définis que par leur capacité à produire et à consommer.
Illustration ici.
16:48 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : capitalisme, marché, globalisation, mondialisation, économie, anomie, aliénation
10/07/2008
Muscat nuss, herr Muller!
20:53 | Lien permanent | Commentaires (2)
09/07/2008
Jo's talking
Jo est un ami, qui parfois laisse un commentaire lorsque je poste une jeune beauté en string…
Jo est un amateur éclairé de musik, d’aventures psychédéliques et artificielles. Jo joue de son petit instrument avec ferveur et il m’a fallu beaucoup d’énergie, et une grosse enveloppe, pour le convaincre de me livrer une chronique musicale sans concessions…Le mot d’ordre, comme dans les meilleures années du Velvet, reste : NO PRISONNERS !
Enjoy !
VOUS PRENDREZ BIEN UNE INJECTION DE BLACK ANGELS ?
{Since Aristotle, man has organized his knowledge vertically in separate and unrelated groups---Science, Religion, Sex, Relaxation, Work, etc. The main emphasis in his language, his system of storing knowledge, has been on the identification of objects rather than on the relationships between objects. He is now forced to use his tools or reasoning separately and for one situation at a time. Had man been able to see past this hypnotic way of thinking, to distrust it (as did Einstein), and to resystematize his knowledge so that it would all be related horizontally, he would now enjoy the perfect sanity which comes from being able to deal with his life in its entirety.
It is possible for Man to alter his mental state and thus alter his point of view (that is, his own basic relation with the outside world which determines how he stores his information). He then can restructure his thinking and change his language so that his thoughts bear more relation to his life and his problems, therefore approaching them more sanely.
It is this quest for pure sanity that forms the basis of The Black Angels.
-Tommy Hall
Turn on, tune in, drone out}
****************
Le venin coule dans les veines des Black Angels, et ils sont bien décidés à vous l'injeccccter en intrav haineux direct un soir d'été, sans crier gare.
Ces rescapés du "commettee to keap music evil", fondé par le leader halllluciné du Brian jonestown Massacre, Anton Newcombe, ne font pas que boire de la bière: ils se droguent, de leur propre aveu.
Le "Turn on, tune in, drone out"-en référence à un synthétiseur utilisé par le groupe, la Drone Machine- qu'ils arborent est un détournement du slogan "turn on, turn in, drop out", lancé à la fin des années 60 par Timothy Leary, psychologue américain promoteur de l'usage des drogues -LSDLSDLSDLSDLSDLSLD-, précurseur de la lutte anticonformiste, et f(éc)ondateur de la contre culture.
Leur musique -un rock psychedelique défoncé et incantatoire-, remet les pendules à l'heure: l'homme ne peut nier ses bas instincts, mais peut alterner noir et blanc, perversion et candeur, fusion et fission.
Que ceux qui ne se croient pas concernés passent leur chemin. Qu'ils aillent au marché bio et aux concerts de vincent delerm.
Basile Farkas, qui estime que ce groupe « n'a pas de chansons », et rapporte dans Rock'n folk que le public parisien a manifesté une certaine lassitude à leur dernier concert, devrait aller aux concerts de vincent delerm. Et le public parisien se faire foutre sur du pseudo-hip-hop et du R'N'B de merde, pour se la jouer racaille et frémir à l’idée de faire partie du club des méchants.
INTERLUDE *********************** MUSICAL
Jim Morisson apparait sur le canapé, il me serre un Jack-Coca. Me tend un acide.
Toxxxxxicc Musiiicccc. MessssSSSSSssssse CcHcHhAamaniqkqkc.
Merde, ils m'ont eu.
Jo
16:59 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jo, black angels
07/07/2008
tt tt
21:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Congrès annuel du parti national LGBT, PART II
20:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/07/2008
Anarchist's story
« Parce que Kipling s’identifie à la classe des officiels, il possède une chose qui fait presque toujours défaut aux esprits « éclairés »- et c’est le sens de la responsabilité. Les bourgeois de gauche le détestent presque autant pour cela que pour sa cruauté et sa vulgarité. Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie, car ils affichent de combattre quelque chose dont, en profondeur, ils ne souhaitent pas la destruction. Ils ont des objectifs internationalistes, et en même temps ils sont bien décidés à maintenir un niveau de vie qui est incompatible avec ces objectifs. Nous vivons tous de l’exploitation des coolies asiatiques, et ceux d’entre nous qui sont « éclairés » soutiennent que ces coolies devraient être libérés ; mais notre niveau de vie et donc aussi notre capacité de développer des opinions « éclairées » exigent que le pillage continue. L’attitude humanitaire est donc nécessairement le fait d’un hypocrite, et c’est parce qu’il comprenait cette vérité que Kipling possédait ce pouvoir unique de créer des expressions qui frappent. Il serait difficile de river le clou au pacifisme niais des Anglais en moins de mots que dans la phrase : « Vous vous moquez des uniformes qui veillent sur votre sommeil ! » Kipling, il est vrai, ne comprenait pas les aspects économiques des relations entre l’élite intellectuelle et les vieilles culottes de peau ; il ne voyait pas que si le planisphère est peint en rose, c’est essentiellement afin de pouvoir exploiter le coolie. Au lieu de considérer le coolie, il ne voyait que le fonctionnaire du gouvernement indien, mais même sur ce plan là, il saisissait exactement le mécanisme des relations : qui protège qui. Il percevait clairement que, si certains peuvent être hautement civilisés, c’est seulement parce que d’autres, qui sont inévitablement moins civilisés, sont là pour les défendre et les nourrir. »
Georges Orwell, Œuvres complètes, p186-187, cité par Simon Leys, Orwell ou l’horreur de la politique, p.48.
Je devrais m’arrêter là. Pourquoi cet homme est-il si peu lu aujourd’hui, pourquoi son œuvre est-elle systématiquement réduite à 1984, cette critique hyper réaliste d’un monde totalitaire à venir qu’il écrivit au nom du socialisme, ce que ne comprirent pas- ou ne lui pardonnèrent pas nombre d’ « esprits éclairés », gardiens du dogme socialiste…
Eric Blair, alias Georges Orwell, est mort de tuberculose à l’âge de 46 ans, en janvier 1950, dans un dénuement matériel et une solitude morale extrêmes, six mois seulement après avoir finit d’écrire 1984.
Il se définissait lui-même comme un anarchiste conservateur, et devint socialiste, comme on tombe en religion, après avoir été bouleversé par une plongée, en 1936, dans la condition ouvrière de l’Angleterre de l’entre deux guerres qu’il décrit dans The road to Wigan pier, ou il décrit l’accident d’une rencontre fortuite et déterminante : « (…) le train m’emportait à travers un monstrueux paysage de terrils, de cheminées, de tas de ferrailles, de canaux putrides, de chemins faits de boue et de cendre, tout piétinés d’empreintes de sabots. On était en mars, mais il avait fait affreusement froid, et partout élevaient encore des amoncellements de neige noircie. Comme nous traversions lentement les faubourgs de la ville, nous longeâmes d’interminables rangées parallèles de petits taudis grisâtres qui joignaient perpendiculairement le talus du chemin de fer. Derrière une de ces cahutes, une jeune femme était agenouillée sur les pavés, enfonçant un bâton dans un tuyau de plomb qui devait servir de décharge à un évier placé à l’intérieur, et qui, sans doute, s’était bouché. J’eus le temps de la détailler, avec son tablier qui pendait comme un sac, ses lourds sabots, ses bras rouges de froid. Elle leva la tête au passage du train ; un instant, je fus si prés d’elle que nous aurions presque pu nous regarder dans les yeux ; Elle avait un visage rond et pâle, le visage ordinaire et usé d’une fille grandie dans les taudis, qui a vingt-cinq ans mais en paraît quarante à force d’avortements et de travaux abrutissants, mais ce visage présentait, durant la seconde ou je l’entrevis, l’expression la plus désolée, la plus dénué d’espérance que j’ai jamais contemplée. Je saisis alors combien nous nous trompons quand nous disons : « Pour eux, ce n’est pas la même chose, ce n’est pas comme pour nous » - comme si les gens qui ont grandi dans les taudis ne pouvaient rien imaginer d’autre que des taudis ; En effet, ce que j’avais lu sur son visage, ce n’était pas la souffrance ignorante d’une bête. Elle ne savait que trop bien ce qui lui arrivait, elle comprenait aussi bien que moi quelle destinée affreuse c’était d’être ainsi agenouillée là, dans ce froid féroce, sur les pavés gluants d’une misérable arrière cour, à enfoncer un bâton dans un puant tuyau d’égout. » (1)
Une jeunesse malheureuse dans des internats sordides en décalage avec son origine bourgeoise mais désargentée, un engagement précoce dans la police coloniale en Birmanie qui va renforcer son anti colonialisme viscéral –sans tomber pour autant dans l’anticolonialisme réflexe comme on l’a vu plus haut, la guerre d’Espagne qui fut l’élément fondateur de sa vie et ou apparaît sa fascination pour le combat, les armes, la camaraderie virile, le courage physique dans un contexte chaotique séduisant pour cet anarchiste qui rêvait de construire le socialisme : « C’est en Espagne qu’il découvrit toute la férocité de la bête [la politique] : après avoir été blessé grièvement par une balle fasciste, il ne fut ramené à l’arrière que pour se voir aussitôt traqué par les tueurs staliniens moins désireux de défendre la République contre l’ennemi fasciste que d’anéantir leur alliés anarchistes. Renrér en Angleterre, quand il voulut témoigner de la manière dont les communistes avaient trahi la cause républicaine en Espagne, il se heurta aussitôt et durablement, à la conspiration du silence et de la calomnie, efficacement organisée par les commissaires du Komintern et tous leurs auxiliaires bénévoles de la gauche, qui, afin de pouvoir tranquillement et cyniquement récrire l’histoire, s’étaient bien juré de bâillonner les combattants revenus du front. » (2)
Singulièrement, son amour du socialisme, sa volonté de construire cette société progressiste, s’accompagnait d’une détestation sans mélange du totalitarisme –fasciste ou communiste, casus belli au yeux de nombreux « progressistes » complaisants avec le dévoiement totalitaire de l’idéal socialiste.
« Il y a des gens comme les végétariens et les communistes, avec qui il est impossible de discuter. » (3)
Animals farm, certainement son œuvre la plus parfaite, satire de la révolution Soviétique, écrite en moins de quatre mois de novembre 1943 à février 1944, offensante envers l’allié Soviétique, fut l’objet d’une censure durant plus d’un an et demi de la part des grands éditeurs, sur instruction du ministère de l’information…
Un demi siècle après sa mort, en 1996 puis en 2002, Orwell fut victime d’une campagne calomnieuse organisée par quelques staliniens relayée en Angleterre par le Daily Télégraph et en France par le Monde, visant à le présenter comme un informateur de la police en pleine guerre froide, ce qui suffit à montrer quelle menace encore bien vivante Orwell représente pour les ennemis de la vérité.
(1) G Orwell, in Simon Leys, Orwell ou l’horreur de la politique, p31.
(2) Simon Leys, Ibid, p 58.
(3) G Orwell, Ibid, p.97.
16:40 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : georges orwell
03/07/2008
Tempérer la démocratie?
Gaston s’interroge ici sur la pertinence de la démocratie sous nos latitudes.
Il est vrai que les projections démographiques décrites sont inquiétantes du fait de la forte probabilité d’apparition à court terme de majorités d’origine extra européenne dans certaines villes, voire dans certains pays européens.
Il est vrai aussi qu’un régime politique qui se résume pour le citoyen à un choix entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy pour la magistrature suprême ne peut faire l’économie d’une réflexion sur sa capacité à sélectionner une élite politique.
Il est vrai enfin qu’une Union Européenne qui dénie aux peuples qui la composent le droit de s’exprimer et qui, lorsque cela se produit quand même par accident ou particularité constitutionnelle de tel ou tel pays, bafoue ce droit pourtant élémentaire en niant la souveraineté populaire assimilée à du populisme ou en affirmant un méprisable besoin de pédagogie peut prêter à sourire. Ou à tout casser. Pour reconstruire.
Alors ? Monarchie, aristocratie ou démocratie ?
Au sortir du Moyen-Âge, durant la Renaissance, la cité antique était à la mode et considérée comme un modèle indépassable ; il était bien vu de prôner un retour aux temps –supposés héroïques- de Sparte ou de Rome, de tout subordonner au bien de la cité.
Nos philosophes des Lumières ™, Rousseau, Voltaire ou Montesquieu mettaient par-dessus tout la lecture des historiens Romains, comme Plutarque, ou Grecs, comme Thucydide.
« D’un homme qui se désintéresse des choses de la Cité, nous ne disons pas qu’il se consacre tranquillement à ses propres affaires, nous sommes les seuls à penser qu’il ne sert à rien. » (1)
Par cette brutale admonestation, rapportée par Thucydide, Périclès -alias tête d'oignon- exprime l’idéal social des cités antiques. Ce n’est que dans la citoyenneté que s’épanouit l’homme libre. Hors de la cité, l’homme ne sert à rien. Il n’existe pas de société civile, tout est politique.
C’est aussi le point de vue de Platon, disciple et biographe de Socrate, qui exerça –et exerce toujours- une durable influence sur la pensée occidentale. La cité idéale de Platon est une caserne communiste ou la vie privée n’existe pas. Là ou les philosophes sont rois, chacun doit obéir à leurs décrets sans appel. La société n’est pas distincte de l’Etat.
Célibataire endurci, Platon (contrairement à son maître qui aima de prés le bel Alcibiade) était convaincu que la famille, la propriété et les autres institutions de la vie privée développent les intérêts particuliers, au détriment de la cité. Ainsi, afin de ne pas former de liens particuliers, les soldats gardiens de la cité, doivent ne pas avoir de biens propres, ni de famille. Ils doivent prendre leurs repas en commun, comme c’était le cas à Sparte, et se consacrer à plein temps à la défense de la patrie.
Aristote, qui fut vingt ans élève de Platon avant d'être, quelques années durant, le précepteur du futur Alexandre de Macédoine, partage son mépris du travail, du commerce et de l’activité économique en général ; car les gains des uns ne peuvent se faire qu’aux dépens d’autres hommes, explique-t-il dans son traité intitulé Politique. Dés les premières lignes, il annonce que les affaires de la cité doivent passer avant toutes les autres, puisqu’il existe « une société particulière qui domine et inclut toutes les autres, et tend donc vers le plus important de tous les biens. Cette société qui domine et englobe le plus est la cité (polis), comme on l’appelle, ou société politique. »
C’est là la société par excellence qui peut, selon Aristote, être gouvernée de trois manières : par un roi, les grands ou le peuple. Ces trois formes de gouvernement, monarchie, aristocratie ou démocratie, peuvent chacune apporter le bonheur, but de la politique, mais elles peuvent aussi dégénérer respectivement en tyrannie, oligarchie et démagogie. La meilleure constitution doit mélanger ce qu’il y a de meilleur dans la monarchie, l’aristocratie et la démocratie. Après Aristote, toute l’antiquité rêvera de trouver la formule magique d’une idéale constitution mixte.
L’Occident a longtemps vécu sur cet idéal antique d’une constitution mixte. C’est aussi ce que souhaite Montesquieu, et certains pensent encore aujourd’hui qu’il faut tempérer les excès, toujours possibles, de la démocratie. C’est pourquoi ont si longtemps subsisté en France les dispositions de la constitution de 1875, fixant à sept ans le mandat du président de la république et à neuf ans celui des sénateurs.
C’est aussi pourquoi beaucoup se sont opposés à l’élection du président de la république au suffrage universel. C’est encore pourquoi le général de Gaulle voulait que le sénat, cette aristocratie, fasse place à des syndicalistes et à d’autres forces vives de la nation, à coté des élus du peuple. Sa tentative de tempérer la démocratie fut, on le sait, désavouée par le référendum populaire de 1969.
Plus tard, Saint Augustin, partageant le pessimisme et la méfiance envers la politique des Grecs et des Romains va bouleverser cette quête du régime politique idéal en imposant l’idée –révolutionnaire- que l’histoire est faite de deux cités qui coexistent, celle du Diable et celle de Dieu. Sans le Christ, l’histoire n’est que vol et rapine. Il en donne pour exemple l’anecdote ou Alexandre le Grand demande à un pirate prisonnier pourquoi il estime avoir le droit de s’approprier le bien d’autrui. Ce dernier lui répond : « Pourquoi donc t’empares-tu de toute la terre ? Parce que je vole au moyen d’un petit bateau, on m’appelle pirate ; mais toi qui a une grande flotte, on t’appelle empereur ! » (2) Pour Saint Augustin, seule la grâce divine peut libérer l’homme des horreurs de l’histoire car, même quand le monde est gouverné par des princes chrétiens, selon des lois chrétiennes, rien ne peut être mené à bien sans la grâce. Hors du Christ, il n’y a pas de société civile…
Cette recherche d’équilibre entre pouvoir spirituel et temporel, l’un modérant l’autre, est l’invention originale et capitale de la chrétienté latine.
Voilà qui complique la recherche d’un régime politique tempéré…Ou bien qui la simplifie …
(1) Périclès, Brulé, Gallimard 1994, p155.
(2) Saint Augustin, Oeuvres, Lucien Jerphagnon, Gallimard, p.72.
19:03 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : démocratie, platon, aristote, chrétiens, saint augustin, périclès
02/07/2008
Désinformation
« Evoquant cette opération au Kosovo, le Journal Du Dimanche du 6 juin 1999 exultait : « C’est la première victoire de la première guerre sans arrière pensée économique, sans odeur de pétrole, sans dispute de territoires, sans volonté impérialiste, sans idéologie, sans Dieu. La première guerre désintéressée. » Il est difficile d’aligner plus de contre vérités, car aucune de ces affirmations n’est conforme à la réalité. Ce ne fut pas une victoire des coalisés puisque ceux-ci s’inclinèrent devant la résistance de Belgrade en renonçant aux exigences qu’ils avaient formulées à Rambouillet. Et nombreuses ont été les arrières pensées à l’origine de la balkanisation des Balkans. En Allemagne, il s’agissait de faire payer aux Serbes leur attachement à la cause des Alliés et leur contribution aux défaites de la Wehrmacht devant Moscou et Leningrad. Et aussi récompenser les Croates et le Bosniaques musulmans qui s’étaient rangés aux cotés du troisième Reich, tout en étendant au sud-est de l’Europe l’influence politique et économique Allemande. Aux Etats-Unis, l’occasion avait été offerte de démontrer la faiblesse des états européens, incapables de régler les affaires de leur continent, ce qui justifiait le maintien de l’OTAN, et même son extension vers l’est et le sud de l’Europe. Washington y gagnait également d’installer ses troupes en Macédoine et au Kosovo, non loin du tracé d’un futur oléoduc acheminant en mer Egée le pétrole de la Caspienne…Autre avantage, s’attirer les bonnes grâces de l’Islam pétrolier en ré islamisant une vaste portion des Balkans par le soutien accordé aux Bosniaques musulmans et aux Albanais. Mises à part ces démarches convergentes, toutes intéressées, cette guerre aurait été humanitaire, désintéressée ! Il arrive trop souvent, en France, qu’il faille se contenter d’une désinformation dont on ne sait si elle relève de l’ignorance ou du calcul, si elle est naïvement stupide ou si elle rapporte à ceux qui la propagent. »
Général PM Gallois, Réquisitoire, L’âge d’homme, 2001, p78.
17:11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kosovo, désinformation
01/07/2008
L'islamisation de l'Europe
Au milieu des années 80, l'ancien guide spirituel du Hezbollah, Hussein Moussaoui, déclarait : " Vous Français, vous ne connaîtrez peut-être pas dans votre génération la République islamique de France. Mais, c'est sûr, vos petits-fils ou encore vos arrière-petits-fils la connaîtront. Inch'Allah ! Car l'Islam, c'est bon pour tout le monde." Tout aussi confiant, l'ex-Président de l'exécutif des Musulmans de Belgique, le converti Yacine Beyens, proche des Frères musulmans, déclarait dans L'Express du 18 février 1999 : "Les Musulmans doivent faire preuve du plus grand pragmatisme (... ). Le Coran dit qu'il faut procéder par étapes et tenir compte du contexte". Plus récemment, le communiqué des Brigades Abou Hafs Al Masri revendiquant au nom d'Al Qaïda les attentats du 11 mars 2004 en Espagne affirmait régler « de vieux comptes » avec l'Espagne « en guerre contre l'Islam », et que la colère des Moudjahiddines serait calmée lorsque l'Espagne redeviendrait musulmane... Il est vrai que depuis la perte de l'Andalousie en 1492, l'Espagne demeure, à l'instar d'Israël ou de la Sicile, une terre « usurpée » qui doit revenir à l'islam de gré ou de force. Selon cette vision: l'Europe n'aura jamais vraiment la paix avec le monde islamique tant qu'elle ne sera pas « revenue à l'Islam ».
On serait en droit de mettre ces déclarations sur le compte de l'exaltation ou du fanatisme. Mais ce serait oublier que les Islamistes comptent d'abord sur le temps. D'après eux, les conversions à l'Islam chaque jour dans le monde, ainsi que la forte natalité musulmane, jouent en faveur de l'islamisation. Se référant au « retour à l'islam » - entre 1948 et 1999 - de pays comme le Pakistan, le Kosovo, l'Albanie, la Bosnie Herzégovine, le Nord de Chypre, sans parler de pays musulmans libérés du joug colonial, les islamistes ne sont pas forcément irréalistes lorsqu'ils envisagent d'autres « retour à l'islam ». Ils se rappellent seulement qu'aucune civilisation n'est immortelle. Loin d'être absurdes, les déclarations des nouveaux totalitaires islamistes envisageant de conquérir l'Occident sont un « carburant idéologico religieux » à prendre d'autant plus au sérieux qu'il est alimenté par un carburant réel, les réserves d'hydrocarbures, que le monde islamique détient à près de 75 %, véritable « Miracle d'Allah ».
Désormais, non contents d'observer la progression de l'Islam dans les démocraties occidentales, les Etats islamistes (Iran, Arabie saoudite, Pakistan) et les Organisations comme la Ligue Arabe, la Ligue Islamique Mondiale ou la Conférence islamique - liées aux pétromonarchies exercent des pressions de plus en plus fortes sur les chancelleries occidentales, exigeant, sous peine de représailles (attentats annoncés par Al Qaïda d'un côté, boycotts commerciaux ou chantage pétrolier de l'autre) - et sous couvert de « dialogue des civilisations » -, que le « délit de blasphème » et d'autres dispositions liberticides de la Charia (la loi islamique) soient intégrées dans les juridictions nationales et internationales (Cour européenne des droits de l'Homme et Conseil de l'Europe). C'est en tout cas ce qu'a proposé l'actuel dirigeant turc de la Ligue Islamique Mondiale en guise « d'arrangement » au « Monsieur PESC », Javier Solana.
Cette exigence n'a rien d'étonnant, car l'Islam orthodoxe (figé depuis le XIème siècle) est une « religion politique » considérant la société musulmane (la Oumma trans-frontières) comme « La meilleure société suscitée parmi les Hommes » (Coran III, 103) dont le devoir est d'« interdire le Mal et commander le Bien », partout et en tout lieu, de gré ou de force, ou par « étapes », suivant les circonstances et les opportunités.
Dans le cadre de cette impératif de « prosélytisme politico-religieux », les minorités musulmanes installées dans les pays « infidèles » convoités, véritables parcelles extérieures de la Oumma supposées « persécutées », sont des proies toutes choisies pour les nouveaux conquérants d'Allah qui ambitionnent de les instrumentaliser, ce qui rappelle la politique des Sudètes du Troisième Reich : l'expansionnisme au nom de l'irrédentisme.
Aussi, avec l'affaire des « caricatures de Mahomet », survenue en février 2006, une étape supplémentaire a été franchie, depuis la première grande attaque liberticide planétaire dite des Versets Sataniques contre Salman Rushdie et même depuis le 11 septembre 2001 :
Dans ce projet de conquête, les « buts de guerre » des islamo totalitaires consistent à:
1/ empêcher l'intégration des Musulmans et édification de « ghettos volontaires » après avoir obtenu des droits d'exception pour l'Islam.
2/ conquérir l'Occident à partir des minorités embrigadées puis islamiser à terme l'Europe.
D'évidence, les différentes « affaires du voile » ou des « caricatures » ne sont pas nées ex nihilo à partir du mécontentement spontané de travailleurs immigrés musulmans lambda. Elles ont été orchestrées par des organisations islamiques locales liées aux grands pôles mondiaux de l'islamisme au terme d'une véritable campagne de démonstration de force et à partir de chocs spectaculaires provoqués dans l'opinion publique. Les conséquences ont été le boycott du Danemark dans les pays musulmans, les plates « excuses » des dirigeants européens, Silvio Berlusconi compris, la condamnation du blasphème par les Etats-Unis, les leçons de morales du Premier Ministre turc Erdogan conseillant avant même d'intégrer l'UE que celle-ci limite la liberté d'expression en matière de religion, et une crise sans précédents entre l'UE et le monde islamique, avec à la clé des centaines de morts de par le monde, du Pakistan au Nigeria en passant par la Libye.
A la stupéfaction des citoyens du Royaume, les Imams danois proches des Frères musulmans et censés « représenter » l'Islam du pays, n'ont pas hésité à brûler le drapeau à la croix blanche devant les caméras du monde entier et à embraser la planète après avoir porté l'affaire jusqu'en Arabie saoudite, à l'Université Al Azhar en Egypte et auprès de la très puissante Conférence islamique (OCI, véritable « ONU de l'Islam »). Une banale affaire de caricatures qui aurait dû rester insignifiante si l'Islam danois n'avait pas été abandonné aux extrémistes des années durant. Erreur reproduite partout ailleurs en Europe à des degrés divers, y compris en France avec le CFCM, qui a donné la part belle aux islamistes pro saoudiens et pro frères musulmans de l'UOIF ou de la FNMF, lesquels se présentent désormais comme les seuls forces capables de rétablir un ordre dans les Banlieues. En réalité, une Pax islamica qui risque un jour de coûter très cher à la République démissionnaire
Mais le fait que l'affaire ait été montée en épingle dans les mêmes termes par les entités islamiques « respectables » comme les pétromonarchies du Golfe, la Ligue islamique mondiale, la Ligue arabe ou même l'Egypte, comme par celles, menaçantes ou terroristes, comme Al Qaïda ou l'Iran, montre que le troisième totalitarisme n'est pas une simple dérive ultra minoritaire discréditant « une religion de paix ». A force de fanatisation, d'infiltration et de surenchères démagogiques des pouvoirs en place surfant sur l'anti-occidentalisme, l'islamisme a en réalité un pied dans le maquis salafistes et l'autre dans les Palais de Djeddah et les Chaires d'Al Azhar
Il est hélas de plus en plus populaire, victorieux électoralement et légitimé.
Même s'il est vrai que la plupart des Musulmans du monde aspirent au départ à la paix et sont individuellement aussi «aptes » à la Modernité que d'autres groupes, l'Europe ne leur rend pas service lorsqu'elle se refuse à identifier dans l'islamisme non pas un simple « extrémisme » « hérétique », mais, comme le dit le Recteur de la Mosquée de Marseille, une « tumeur à l'intérieur du corps de l'Islam », puisant de surcroît dans l'orthodoxie musulmane jamais réformée, ou comme le dit Abdelwahhab Medeb, une « maladie de l'Islam » qui est en train de gangrener la rue comme les élites musulmanes : réislamisation des tribunaux et des lois en Egypte ; progression ou victoire électorale des Frères musulmans en Jordanie, en Egypte, en pays palestinien ou au Koweït et au Maroc, consécrations électorale des Islamistes anti-kémalistes turcs ; lois d'amnistie des bourreaux du GIA et respectabilisation des Frères musulmans à Alger sur fond de lutte contre les Kabyles et la francophonie ; progression de l'islamisme anti-noir animiste et anti-chrétien en Afrique centrale, en Indonésie ou en Malaisie, ancienne « périphéries inoffensives de l'Islam » ; rebellions islamo irrédentistes en Thaïlande du Sud, dans les Balkans, en Chine (Xinjang) ou même en Côte d'Ivoire, pays un peu hâtivement lâché par Paris et aux prises avec une rébellion islamique du Nord comme par hasard appuyée par la Libye, l'Arabie saoudite et les Etats Musulmans voisins jaloux de la prospérité chrétienne ivoirienne ; etc.
N'en déplaise aux « experts » pronostiquant l'essoufflement du Jihad et assurant que les Islamistes ne sont qu'une minorité désespérée, révoltée contre le capitalisme, « l'impérialisme américain » ou « l'injustice » en Palestine ; l'Europe prétend ne pas avoir d'ennemis, mais le nouveau nazisme vert projetant d'en finir avec les Juifs, les Croisés, les Infidèles et toute forme d'occidentalisme, lui a déclaré la guerre sur son sol comme partout dans le monde.
Quel avenir pour l'Europe ? Islamisation ou Dhimmitude ?
Au train où vont les choses, à mesure que les mouvances islamistes parviendront à recruter de nouveaux militants radicalisés dans les quartiers sensibles à forte population immigrée, des islamistes refuseront de plus en plus l'enseignement public officiel « impie », puis les lois non chariatiques des Etats d'accueil, sous prétextes d'affaires de « blasphèmes », « d'islamo phobie » ou de « droit à la différence ». Signes avant coureur : plus les voitures brûlent dans les cités, plus les attentats islamistes frappent l'Europe, plus le néo-racisme islamiste menace Juifs et Chrétiens dans les « banlieues de l'Islam » comme en Turquie ou en Irak, et plus d'autres islamistes adhérant à la même doctrine salafiste que les Jihadistes sont courtisés, reconnus, et institutionnalisés, à Londres (avec Tariq Ramadan « conseiller du Gouvernement ») à Paris, avec les Frères musulmans de l'UOIF remerciés pour leur fatwa condamnant le (« désordre ») ou pour leur bons offices auprès des preneurs d'otages irakiens
A l'intérieur de l'Europe, ce rapport de force risque à terme de se traduire par une « libanisation » croissante des sociétés européennes. Particulièrement dans les grandes villes où les populations en voie de réislamisation, instrumentalisées par les islamistes, reconstituent les modes de vie islamiques à l'intérieur de « ghettos volontaires » où la police et l'Administration nationale sont considérées comme des structures « impies ». Le communautarisme et le « droit à la différence » ont-ils vocation à saper les fondements des Etats-nations, unités de base de la démocratie ? L'Europe a-t-elle vocation à se soumettre à la théocratie islamique et doit elle renoncer à défendre son identité, ses valeurs, ses frontières, en intégrant, parallèlement à cette islamisation masquée derrière la lutte contre « l'islamo phobie », la Turquie dans l'Europe, facilitant ainsi les dessins des Islamistes, jurant qu'elle n'est pas un « club chrétien » ?...
par Alexandre del Valle, géopolitologue et auteur, notamment, du Totalitarisme islamiste à l'assaut des démocraties et du Dilemme turc (Les Syrtes).
20:51 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : islam, europe
29/06/2008
Congrès annuel du Parti National LGBT: "Kein diskriminierung MEHR in der schule!" sagt der Obersturmbannführer Delanoè!
Selon AFP et REUTERS, plus de 18 millions de personnes auraient défilé hier dans les rues de Paris pour la lutte contre l’homo phobie et la discrimination sexuelle en milieu scolaire.
«Il faut protéger les enfants de la barbarie de la pensée. À l'école, il y a encore des tabous, qu'il faut doucement et gentiment repousser» a dit Mr Delanoé.
Nul doute que cette marche festive et citoyenne ayant rassemblé toutes les tendances politiques de l’arc républicain devrait contribuer à une prise de conscience générale et salutaire du statut discriminatoire fait à de nombreuses communautés –visibles ou pas, dont la communauté homosexuelle.
Il est en effet bien temps que l’institution scolaire, qui ne doit pas être un sanctuaire et doit s’ouvrir à la société plurielle, comprenne la nécessité de lutter –doucement mais fermement- dés le plus jeune âge –et au besoin à l’encontre de la crispation réactionnaire de trop de parents, contre l’ignorance et les préjugés homophobes courants en milieu scolaire.
« Pour la première fois, la circulaire de rentrée de l'éducation nationale, qui a été diffusée aux chefs d'établissement le 4 avril, mentionne l'homo phobie au chapitre de la lutte contre les discriminations. »
Le collectif LGBT a prôné la mise en place rapide de mesures citoyennes destinées à lutter contre toutes les discriminations, parmi lesquelles :
-la création d’une journée nationale de la Haine contre les discriminations, clôturée par un autodafé géant des principaux ouvrages réactionnaires du moment, place de l’opéra à Berlin Paris,
-l’adoption d’une loi obligeant à adhérer à une Chambre de la culture du Reich (Reichskulturkammer) de la République pour pouvoir exercer une profession artistique ou celle de rédacteur en chef d'un journal,
-la nomination de gauleiters médiateurs régionaux disposant de pouvoirs de police étendus afin de lutter sur le terrain contre toute infraction aux commandements du vivrensemble,
-la projection systématique dans tous les cinémas et à chaque séance d'actualités citoyennes hebdomadaires, sous formes de courts-métrages mobilisateurs ou d’interviews de personnalités remarquables par leur comportement anti discriminatoire,
-l'organisation annuelle d’Olympiades du Métissage et de la Tolérance réservées aux minorités visibles ou non, disposant d’une exposition médiatique la plus large possible,
-un contrôle renforcé du Web disposant de moyens complets de coercition visant à promouvoir la propagande d’Etat le discours citoyen, et afin de réduire au silence tous les organes de contre information nuisibles au vivre ensemble et au bonheur durable,
-réfléchir à la mise en place d’une Propaganda Staffel commission citoyenne de lutte contre la discrimination disposant de pouvoirs de censure de conseils et d’accompagnement au sein de la presse et des milieux audio visuels français, émettant périodiquement une liste d’ouvrages censurés, d’émissions ou d’auteurs interdits ou à rééduquer nécéssitant un Accompagnement Idéologique Adapté (AIA) dans l’intérêt général,
-créer une grande revue à fort tirage sur le modèle de Signal de Libémonde, par exemple, à l’usage des enseignants notamment, décrivant les buts et les outils utiles à l’érection d’une société métissée, festive et citoyennE,
-créer une Légion des Volontaires Festifs (LVF), sorte de fer de lance du nouvel ordre généreux et solidaire, à même de lutter contre les menées fascistes de la bête immonde, toujours renaissante, vêtus d’une sorte de treillis arc en ciel destiné à identifier clairement ces troupes d’élite d’un avenir radieux,
-renforcement de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité au sein d’un organisme d’Etat aux pouvoirs étendus et au nom clairement évocateur, par exemple Gestapo (GeHalde Staatspolizei), visant à encourager les citoyens à la délation au signalement festif de comportements inadaptés ; cet organisme, sis rue des Saussaies, pourrait au mieux, sur le modèle de la Loubianka de la mairie de Paris, être accessible au plus grand nombre,
-créer enfin de vastes camps de rééducation de réadaptation au vivrensemble, sur le modèle du Laogaï de Disneyland afin de permettre à tous aux plus égarés de bénéficier d’un lavage de cerveau complet et rafraîchissant de se réinsérer au mieux.
10:57 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bullshit, propagandastaffel
28/06/2008
ZEK
Technocrassie
Technocrassie 1970
Le Français-type vit dans un grand ensemble de dix-huit étages, entouré de pelouses proprettes. Son appartement dispose d'un vide-ordures et est le même que celui des autres Français-types. Il utilise sa voiture pour tous ses déplacements, qui prennent peu de temps car le territoire est quadrillé de belles autoroutes, sur lesquelles il roule à 160 km/h. Son électricité est à 100 % d'origine nucléaire. Le dimanche, il regarde Mireille Mathieu à la télévision et le tiercé commenté par Léon Zitrone. Il travaille dans un grand groupe industriel dont l'Etat est actionnaire à 54 %. Son avancement se fait à l'ancienneté. Il a appris à boire et à fumer au service militaire, grâce à la piquette du Languedoc et aux cigarettes de la SEITA distribuées gratuitement. Il a appris la grammaire, l'orthographe et l'arithmétique à l'école, que les Gaulois sont ses ancêtres et que Sully était premier ministre de Henri IV. Le 14 juillet, il va danser après avoir agité quelques drapeaux bleu-blanc-rouge. Il paye des impôts pour ravaler les monuments historiques, pour que la Comédie-Française monte Le Cid et Le Bourgeois-Gentilhomme, et que Cartier-Bresson expose à la maison des Jeunes et de la Culture. L'ORTF lui explique que la France rayonne dans le monde, grâce au Québec, aux explosions nucléaires de Mururoa, aux subventions agricoles et aux pots-de-vins d'Elf et Total. Les rapports de la Cour des Comptes veillent sur son porte-monnaie. Les grands commis de l'Etat sont intègres et il ne souhaite qu'une chose: que ses enfants en soient, après avoir passé avec succès les concours idoines. En Mai, il admire les starlettes du festival de Cannes dont on parle dans Paris-Match.
Technocrassie 2005
Le Français-type vit dans un pavillon aux normes, au pied d'une éolienne de deux cents mètres de haut. Lorsqu'elle s'arrête, il jette le beurre et le lait de son réfrigérateur avant qu'ils ne rancissent, en les triant sélectivement. Une directive européenne lui interdit de cueillir les fleurs qui poussent dans son jardin. Pour se rendre à son travail -- il est fonctionnaire dans une collectivité locale -- il marche un kilomètre jusqu'à l'arrêt du tramway qui le mène dans le centre-ville. Tous les jours il célèbre la journée mondiale de quelque chose de bien, comme la paix, ou de quelque chose de mal que tout le monde s'accorde à combattre, comme le changement climatique. Il le fait en arborant un petit calicot ou en se rendant à un concert pop où officient des artistes sexagénaires. Il surveille ses pensées de peur qu'elles ne soient racistes ou xénophobes. Il paye des impôts pour renforcer la solidarité, pour que les jeunes puissent faire la fête et peindre des fresques sur les murs. Le 14 juillet, il se brasse socialement en profitant du métro gratuit pour aller à Paris-Plage. La France rayonne dans le monde, parce qu'elle dit du mal des Etats-Unis et du libéralisme et prône un impôt mondial pour financer l'amour et la compassion. A l'école il a appris la "citoyenneter" et "l'accord du participe passer" suivant les nouvelles méthodes pédagogiques. Et aussi qu'il est entouré d'ennemis: les délocalisations, le libéralisme, l'homophobie, le gaz carbonique, les piscines non cloturées, les radars automatiques, le communautarisme, les laboratoires pharmaceutiques, le négationnisme...
21:17 | Lien permanent | Commentaires (2)
Friday night, Part III: eat another bretzel, asshole!
00:09 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : whitmoregirl
27/06/2008
Friday night, Part II: sinon ya Sinik... AH! AH! AH!
22:35 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rory gallagher, bullfrog blues
Friday night, Part I: by jove!
22:24 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tom waits
Vous plaisez aux femmes...?!
22:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le magnifique, belmondo, ah jacqueline bisset...
24/06/2008
Miniver ou la force de l'ignorance
(…)Dans la droite ligne des débordements survenus vendredi soir, de nouvelles agressions ont été répertoriées tout au long du week-end. À l'occasion de la Fête de la musique, des bandes de jeunes éparpillées dans Paris ont réitéré leurs attaques, débarquant une seconde fois dans les secteurs écumés la veille, dont ils savaient qu'ils regorgeaient de futurs lauréats en goguette. «Samedi soir, rue Clerc, donc à proximité du Champs-de-Mars, j'étais en terrasse en train de dîner et un petit groupe de cinq était encore là, témoigne un jeune internaute sur un forum de discussion lycéen. Peut-être ont-ils regretté d'avoir raté la fête de la veille. Ils provoquaient les passants, surtout les femmes.»
Les groupes de perturbateurs ont également procédé à des incursions massives dans les quartiers chics de l'Ouest parisien, à commencer par le XVIe arrondissement, prenant toujours pour cibles des collégiens ou des lycéens. «Plus jeunes, plus vulnérables, ce sont des proies plus faciles que les autres », fait observer un policier. Le commissariat de la rue de la Faisanderie (XVIe) aurait ainsi enregistré plusieurs dizaines de plaintes entre samedi et dimanche.
«Dépouiller tout ce qui passe»
Le mode opératoire des suspects, dont au moins un a été placé en garde à vue ce week-end, est relativement invariable : une bande composée de vingt ou trente individus commence par invectiver les jeunes passants en les insultant puis, dans un attroupement, multiplie les coups. «Ils arrivent en nombre et se divisent au fur et à mesure en plusieurs petites cellules, explique une source policière. Extrêmement mobiles, ils savent très bien où il faut aller et ont pour unique but de dépouiller tout ce qui passe, avant de se volatiliser.» Aussi le phénomène est-il «exactement le même que dans les manifestations étudiantes», résume un spécialiste.(…)
Le gros avantage de ces incivilités à répétition comme disent nos amis sociologues et autres amis du désastre, c’est qu’il devient de plus en plus difficile de cacher la réalité au bon peuple, quotidiennement abruti par la propagande vivrensemblesque de nos media Frankistanais, c’est-à-dire les raids de pillards africains en quête de butin (et d’intégration) hors de leurs bantoustans et la Balkanisation de nos belles provinces…
Autant il est assez simple à une majorité de journalistes pratiquant l’autocensure, bien aidés en cela par le Ministère de la Vérité Frankistanais (AFP, Reuters) de dissimuler à la sagacité de nos contemporains le viol d’une jeune femme Belge par deux barbares en gare de Bruxelles à la mi-journée ou le courageux travail d’historien d’un Tidiane N’Diaye, autant il est difficile –voire impossible d’occulter ce que de nombreux citadins constatent par eux-mêmes régulièrement.
Intervient alors un travail de déformation de la perception naturelle que chacun de nous pourrait avoir de tel ou tel évènement.
Par exemple, la simple expulsion d’un clandestin entré illégalement sur le territoire conformément à la Loi, devient une mesure discriminatoire et une atteinte aux Droits de l’Homme™ selon les trotskystes de RESF ou les protestants de la CIMADE…
Une autre méthode bien connue et largement pratiquée –avec succès- par le camp progressiste est la réductio ad Hitlerum, concept développé par le philosophe Léo Strauss et consistant à décrédibiliser l’auteur d’une thèse ou d’une assertion contraire à la doxa de façon à esquiver le débat de fond et à empêcher l’ennemi de développer ses arguments. Les exemples abondent dans l’histoire du XXième siècle et Vladimir Volkoff a écrit des choses fort justes là-dessus.
Deux affaires récentes ayant trait à l’histoire de la traite esclavagiste ou à l’histoire des racines Grecques de notre civilisation illustrent bien ce type de contre information ou désinformation, et montre que des universitaires et historiens de talent reconnus dans leur communauté intellectuelle peuvent devenir ipso facto l’objet d’une haine sans limite et d’un travail de destruction opiniâtre, dés lors qu’ils contreviennent de façon crédible à la doxa, la propagande progressiste, et, en l’occurrence, à l’historiquement correct.
L'aboutissement de ce travail de désinformation puis de lavage de cerveau a été décrit de façon précise par Orwell dans 1984 sous le nom de double-pensée, terme de la novlangue indiquant une capacité à accepter deux points de vue opposés et ainsi mettre en veilleuse tout esprit critique.
Finalement, le gros avantage des pays totalitaires sur les « démocraties », c’est que les habitants d’un pays totalitaire savent que l’information est contrôlée et orientée par le pouvoir en place et développent donc des réseaux d’information parallèles visant à la ré information.
Dans un pays « démocratique » comme le nôtre, il est probable qu’une majorité écrasante de nos contemporains est persuadée d’être informée correctement et accorde donc spontanément du crédit à des média qui, on l’a vu, pratiquent massivement la désinformation par le filtrage de l’information, l’autocensure et une guerre idéologique de tous les instants.
« Winston laissa tomber ses bras et remplit lentement d’air ses poumons. Son esprit s’échappa vers le labyrinthe de la double-pensée. Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « double pensée » impliquait l’emploi de la double pensée. » (1984, 1ère partie, chap 3)
Lire aussi ce post du perspicace Gaston.
21:26 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : désinformation, auto censure, idéologie, 1984, pétré grenouilleau, sylvain gougenheim, viol
23/06/2008
Aigoual
09:51 | Lien permanent | Commentaires (2)
22/06/2008
Pourquoi l'Europe est condamnée
1-parce qu’elle ne croit plus en elle, ne défend plus ses peuples, sa civilisation, sa modernité singulière faite avant tout de critique raisonnée et de curiosité envers elle-même et envers les autres. La fierté des Anciens pour ce qu’ils étaient et avaient fait a disparu.
Parce qu’elle est saturée de culpabilité, de détestation de soi, de haine à l’égard de son histoire. La France en particulier : barbarie révolutionnaire, nationalisme révolutionnaire guerrier, tyrannie impériale, colonisation, décolonisation, guerre civile européenne, collaboration, totalitarismes, shoah…la nausée, l’écoeurement, l’envie d’en finir.
2-parce qu’avec le régicide de 1789, la révocation de Dieu, la table rase des Jacobins et malgré leur être suprême, les Européens ont renoncé à toute transcendance, à toute spiritualité –même païenne, à tout espérance…
La mort est partout désormais : l’effondrement des naissances, l’avortement de masse, la promotion de l’euthanasie, la destruction de la famille, l’atomisation de la société, l’aliénation générale, la sacralisation de l’individualisme et de l’hédonisme…
L’Europe, les Européens se suicident en silence, gavés de haine d’eux-mêmes et de repentance, oubliés des leurs et vides de toute spiritualité.
3-parce que face à notre sortie de l’Histoire et notre déclin consenti, d’autres viennent déjà par millions de l’autre coté de la mer. Parce qu’eux n’ont pas cette culture de mort, cette envie d’en finir enfin, de se dissoudre dans n’importe quoi d’autre..
Parce qu’ils vont occuper naturellement l’espace, notre espace qui va devenir le leur. Parce que eux sont nombreux, sûrs d’eux, parce qu’ils font des enfants auxquels ils enseignent le crime inexpiable de l’Occident: refuser de se battre…parce qu’ils ont compris depuis longtemps notre acceptation de la dhimmitude, de l’asservissement programmé.
4-Il n’y aura pas de bataille, pas de débats ni de discours, pas de fronts ni de partis, pas de morts ni de combattants…Non, juste une mort lente faite d'acceptations, de reculades, de compromis, de concessions successives de la part de générations de plus en plus ensauvagées, incultes et festives, haineuses d’elles-mêmes et inconscientes de leur destin tragique.
RIP.
23:05 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : europe, suicide
20/06/2008
Delendus est R. C.
J’ai rencontré Renaud Camus par hasard lors d’une émission de cette crapule intégrale d’Ardisson. Je crois qu’il venait y présenter cet ouvrage, Campagne de France, qui en fit hurler certains. Je me rappelle m’être dit que cet homme là ne faisait pas le poids. Entendons nous : en écoutant cet homme courtois et érudit, s’excusant presque de prendre la parole, je me disais qu’en face d’une accumulation pareille de malveillance, de mauvaise foi et de haine à peine dissimulée, ce Renaud Camus allait se faire écharper. Ce qui advint, du reste, car il faut être très fort, très courageux ou très malin pour se sortir des guet-apens tendus par cette petite fiente d’animateur de merde.
Plus tard j’ai lu –horresco referens- Campagne de France, puis ce petit opuscule jouissif sur la meilleure manière façon de massacrer efficacement une maison de campagne, d’autres encore et tout dernièrement son dernier opus, La grande déculturation, en attendant de parcourir son recueil des demeures d’écrivains et d’hommes de bien.
Dieu sait pourtant que s’accumulent sur mes étagères et partout ou cela reste possible encore, quantité de livres que je dois absolument lire en priorité : une bonne partie du bloc-notes de François Mauriac, La guerre du Péloponnèse revue par l’indispensable Victor Davis Hanson –mon auteur de prédilection, Les hommes au milieu des ruines d’Evola, les Critiques théoriques d’Alain de Benoist, Sur les falaises de marbres d’Ernst Jünger –autre personnage éminent de mon Panthéon littéraire et l’essai de Simon Leys , Orwell ou l’horreur de la politique…pour les plus récents.
Pourtant je reviens régulièrement à Camus comme je reviens à Revel ou Gombrich. La grande déculturation est un ouvrage précieux, dont j’ai cru bon de citer quelques passages récemment. Camus y évoque, dans le désordre, la disparition de la Culture, au sens d’humanités nécessaires, sorte d’ascèse intérieure tendue vers l’excellence, de discipline spirituelle, de sculpture de l’âme, autrefois courante au sein d’une élite dite cultivée, formant classe sociale, non pas seulement aristocratique mais aussi largement bourgeoise et constamment renouvelée aux marges. Cette classe cultivée était le fruit non seulement d’une école (républicaine ou non) consciente de son devoir de transmettre des connaissances, une culture, et de favoriser l’émergence d’une élite, mais aussi d’une transmission familiale, héréditaire. Conception sacrilège, honnie, aux yeux de nos Robespierre en peau de lapin, adeptes de la table rase et émules de Bourdieu. Or Camus dit très justement que jusqu’à récemment, c’était une évidence pour le plus grand nombre qu’il fallait plusieurs générations pour obtenir un homme cultivé, accompli.
Camus montre également l’imposture de cet élitisme pour tous qui n’est que le masque de la médiocrité généralisée et d’une prolétarisation intellectuelle et sociale d’une certaine classe moyenne, jadis cultivée et fière de transmettre cette culture à ses enfants, et qui aujourd’hui y a renoncé.
Dernier point et non des moindres, ce besoin de divertissement exponentiel des foules toujours plus exigeantes en parcs d’attractions, aquariums, club Mickey et autres crétineries formatées au moins disant culturel, intérêt compris, qui témoigne de ce besoin éperdu de l’homme moderne inculte de recourir à l’Etat pour occuper son temps libre, à l’inverse de générations d’hommes instruits par une école digne de ce nom qui savaient instinctivement user de leur temps libre.
Il faut donc lire ce post du Grand Charles et cet article d’Elizabeth Lévy, concernant les propos hallucinants tenus par ce Mr Frédéric Martel, ci-devant animateur d’une émission « culturelle » (Masse critique) de France Culture, précédant l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut, samedi dernier, réunissant Renaud Camus et Stéphane Martin, directeur du nouveau musée du quai Branly.
“Aujourd’hui, Alain Finkielkraut débat avec Renaud Camus. Personnellement, je ne trouve pas d’ailleurs qu’il y ait matière à débat avec Renaud Camus, surtout après le livre qu’il vient de publier. Mais c’est un avis très personnel. Allez passons, oublions. Finie l’amertume de la pseudo déculturation. Et tiens, je vous propose de se quitter avec un bon antidote, généreux, un hymne à la diversité. Et je vous le dis comme je le pense : c’est plutôt ça, ma France à moi, celle que j’aime, et pas celle de Renaud Camus.”
Et, pour appuyer son propos, de lancer le célèbre opus de la diva du 93, Diams, Ma france à moi…
Au delà de la fatuité et de la vulgarité du propos, comment mieux illustrer la thèse de Renaud Camus que de proposer comme « antidote » à la réflexion d’un écrivain de talent la sous culture musicale d’une jeune chanteuse, pur produit de décades de pédagogie du renoncement et de démagogie sociétale ?
Cette courte intervention est révélatrice de la mentalité de l’apparatchik moyen aspirant au commissariat politique sévissant –en toute bonne foi- à Radio France:
1-il y a donc des hommes avec lesquels il n’est pas souhaitable de débattre, de dialoguer. Pourquoi ? Mystère. Cela me rappelle une interview de Raymond Aron par Missika et Wolton il y a plus de vingt ans, ou Aron déplorait la disparition en France du débat intellectuel, au profit du monologue et de l’anathème. Camus est persona non grata à vie à Radio France, depuis son fameux Journal de campagne, et ne doit sa notoriété qu’à la qualité et à l’originalité de sa réflexion non consensuelle et courageuse. Il est donc permis de mesurer le courage de cette larve journalistique hurlant avec la meute. Pourquoi débattre ? De toutes façons, il a tort car il ne pense pas comme nous ! Voilà le fond de la pensée (si l'on peut dire) de ce tigre de papier.
2-la France qu’aime ce cuistre de Martel -le mal nommé, ça n’est pas celle de Renaud Camus, ça n’est pas cet amour du beau, des lettres, des écrivains, de la langue Française, de l’héritage, du patrimoine, de la syntaxe…Non, lui ce qu’il aime, c’est Diams, ce concentré de vulgarité consensuelle, d’ignorance crasse, de conformisme intellectuel indigent.
3-sous les dehors d’une rebellitude en bois, il y a du Robespierre, du Fouquier Tinville dans cette posture arrogante et sectaire: on sent bien que les couteaux ne sont pas loin …A l’instar d'un Redecker, objet d’une véritable Fatwa de fondamentalistes chiites, Camus –comme Finkielkraut- sont l’objet d’une fatwa littéraire et médiatique. Seul le talent, la virtuosité intellectuelle et le courage les protègent –encore- du couperet. Mais on sent que le moindre faux pas leur sera fatal.
4-notons la mention –quasiment obligatoire désormais- à la diversité et à la générosité. Le vivre ensemble, une société métissée ou plurielle eurent été des variantes possibles au discours réflexe de ce zorglhomme formaté à la novlangue progressiste…
5-« Chère Elisabeth,
Ravi de vous parler. Je serais tout à fait d’accord avec vous, si… le débat proposé par Alain Finkielkraut avait été un vrai débat. Or, savez que Renaud Camus, l’invité, a dédicacé plusieurs de ses livres à Stéphane Martin, dont il est très proche, depuis longtemps, et qui était son “discussant” dans le débat ? Par ailleurs, je trouve que le livre de Renaud Camus est tout simplement raciste, comme je l’ai écrit sur http://www.nonfiction.fr/article-1170-un_livre_raciste.htm », répond F. Martel à E. Levy sur Causeur.
Cela fait donc un petit moment que je lis Renaud Camus et je n’y ai jamais trouvé une quelconque apologie du racisme. Non, ce que veut dire ce pauvre Martel –qui porte bien mal son nom, soit dit en passant- c’est que défendre une identité culturelle française, voire européenne est raciste par nature. La diversité des cultures, le respect des identités, le culte de ses origines ou de ses racines, cela est souhaitable pour toutes les cultures du monde, à l’exception des cultures européennes, française en l’occurrence. Ce ne serait pas de la discrimination, ça? voire du racisme? Humm?
Or, Martel est trop érudit et intelligent pour ne pas être conscient de cette contradiction (de cette aporie, comme dirait Camus..), il est donc simplement malhonnête et trouve certainement plus rentable ou avantageuse cette posture prétendument anti raciste, plutôt que de débattre avec un homme respectable.
Martel n’est donc ni honnête ni respectable. Mais on s’en doutait un peu.
Renaud Camus, comme Finkielkraut et quelques autres, est un homme libre. Et c’est sans doute ce qui déplait tant à Frédéric Martel, petit flic de la pensée sans envergure et Tchékiste dans l’âme.
22:43 | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : renaud camus, élizabeth levy, frédéric martel