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07/03/2009

Saturday night: Shadowplay again bordel, Iggy stoned, miss brody and black flag: turn it UP!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

ancilangue et crimepensée

 

"Quelques-uns des mots B avaient de fines subtilités de sens à peine intelligibles à ceux qui n’étaient pas familiarisés avec l’ensemble de la langue. Considérons, par exemple, cette phrase typique d’un article de fond du Times : Ancipenseur nesentventre Angsoc. La traduction la plus courte que l’on puisse donner de cette phrase en ancilangue est : « Ceux dont les idées furent formées avant la Révolution ne peuvent avoir une compréhension pleinement sentie des principes du Socialisme anglais. »

Mais cela n’est pas une traduction exacte. Pour commencer, pour saisir dans son entier le sens de la phrase novlangue citée plus haut, il fallait avoir une idée claire de ce que signifiait angsoc. De plus, seule une personne possédant à fond l’angsoc pouvait apprécier toute la force du mot : sentventre (sentir par les entrailles) qui impliquait une acceptation aveugle, enthousiaste, difficile à imaginer aujourd’hui ; ou du mot ancipensée (pensée ancienne), qui était inextricablement mêlé à l’idée de perversité et de décadence.

Mais la fonction spéciale de certains mots novlangue comme ancipensée, n’était pas tellement d’exprimer des idées que d’en détruire. On avait étendu le sens de ces mots, nécessairement peu nombreux, jusqu’à ce qu’ils embrassent des séries entières de mots qui, leur sens étant suffisamment rendu par un seul terme compréhensible, pouvaient alors être effacés et oubliés. La plus grande difficulté à laquelle eurent à faire face les compilateurs du dictionnaire novlangue, ne fut pas d’inventer des mots nouveaux mais, les ayant inventés, de bien s’assurer de leur sens, c’est-à-dire de chercher quelles séries de mots ils supprimaient par leur existence.

Comme nous l’avons vu pour le mot libre, des mots qui avaient un sens hérétique étaient parfois conservés pour la commodité qu’ils présentaient, mais ils étaient épurés de toute signification indésirable.

D’innombrables mots comme : honneur, justice, moralité, internationalisme, démocratie, science, religion, avaient simplement cessé d’exister. Quelques mots-couvertures les englobaient et, en les englobant, les supprimaient.

Ainsi tous les mots groupés autour des concepts de liberté et d’égalité étaient contenus dans le seul mot penséecrime, tandis que tous les mots groupés autour des concepts d’objectivité et de rationalisme étaient contenus dans le seul mot ancipensée. Une plus grande précision était dangereuse. Ce qu’on demandait aux membres du Parti, c’était une vue analogue à celle des anciens Hébreux qui savaient – et ne savaient pas grand-chose d’autre – que toutes les nations autres que la leur adoraient de « faux dieux ». Ils n’avaient pas besoin de savoir que ces dieux s’appelaient Baal, Osiris, Moloch, Ashtaroh et ainsi de suite... Moins ils les connaissaient, mieux cela valait pour leur orthodoxie. Ils connaissaient Jéhovah et les commandements de Jéhovah. Ils savaient, par conséquent, que tous les dieux qui avaient d’autres noms et d’autres attributs étaient de faux dieux.

En quelque sorte de la même façon, les membres du Parti savaient ce qui constituait une bonne conduite et, en des termes excessivement vagues et généraux, ils savaient quelles sortes d’écarts étaient possibles. Leur vie sexuelle, par exemple, était minutieusement réglée par les deux mots novlangue : crimesex (immoralité sexuelle) et biensex (chasteté).

Il n’y avait pas de mot, dans le vocabulaire B, qui fût idéologiquement neutre. Un grand nombre d’entre eux étaient des euphémismes. Des mots comme, par exemple : joiecamp (camp de travaux forcés) ou minipax (ministère de la Paix, c’est-à-dire ministère de la Guerre) signifiaient exactement le contraire de ce qu’ils paraissaient vouloir dire.

Il était rarement possible en novlangue de suivre une pensée non orthodoxe plus loin que la perception qu’elle était non orthodoxe. Au-delà de ce point, les mots n’existaient pas.

Le fait que le choix des mots fût très restreint y aidait aussi. Comparé au nôtre, le vocabulaire novlangue était minuscule. On imaginait constamment de nouveaux moyens de le réduire. Il différait, en vérité, de presque tous les autres en ceci qu’il s’appauvrissait chaque année au lieu de s’enrichir. Chaque réduction était un gain puisque, moins le choix est étendu, moindre est la tentation de réfléchir.

Prenons comme exemple un passage bien connu de la Déclaration de l’Indépendance :

« Nous tenons pour naturellement évidentes les vérités suivantes : Tous les hommes naissent égaux. Ils reçoivent du Créateur certains droits inaliénables, parmi lesquels sont le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit à la recherche du bonheur. Pour préserver ces droits, des gouvernements sont constitués qui tiennent leur pouvoir du consentement des gouvernés. Lorsqu’une forme de gouvernement s’oppose à ces fins, le peuple a le droit de changer ce gouvernement ou de l’abolir et d’en instituer un nouveau. »

Il aurait été absolument impossible de rendre ce passage en novlangue tout en conservant le sens originel. Pour arriver aussi près que possible de ce sens, il faudrait embrasser tout le passage d’un seul mot : crimepensée."

Appendice à 1984, Les principes du  Novlangue, Orwell, 1948.

 

(Application: relever dans le discours des enflures ci-dessous tout ce qui s'apparente à la novlangue et notamment au crimepensée.)

05/03/2009

Bororo mon amour

seriebororosvrj0.jpg"Les mêmes qui nous expliquent, non sans raison, qu’en brisant les habitudes mentales, les structures sociales et traditionnelles des pays du Tiers-monde, la colonisation les a souvent stérilisés, se font, en Europe, les adeptes de la pire néophilie, sacrifient tous les jours au mythe du « Progrès » et invitent nos contemporains à rompre avec les « vieilleries » du passé. D’un côté on nous dit que les Indiens et les Esquimaux ne peuvent pas résister à l’agression que représente le contact avec la civilisation Occidentale. De l’autre on affirme que le mélange des peuples et des cultures est, pour les Européens, chose excellente et facteur de progrès. Il faudrait donc savoir s’il y a deux poids et deux mesures –ou si, pour citer Orwell, tous les peuples sont égaux…sauf ceux qui sont plus égaux que les autres ! Pour ma part, je ne vois pas pourquoi ce qui est excellent pour les Bororos ou les Guayaquis, ne se révèlerait pas au moins aussi bon pour nous. Ou bien alors, il faudrait admettre que certaines races sont plus douées que d’autres du point de vue des capacités d’adaptation. Mais ce serait alors de la « discrimination ». « Si l’on dénonce à bon droit les ethnocides des primitifs par les Européens, écrit Raymond Ruyer, il ne faut pas interdire aux Européens de préserver leurs propres ethnies ». De leur côté, les dirigeants des communautés Juives ne cessent de répéter que deux périls les ont toujours guettés au cours de l’histoire : les pogroms et l’assimilation. Leur mise en garde vaut la peine d’être écoutée. Réaffirmons donc le droit des peuples à être eux-mêmes, le droit qu’ont tous les peuples à tenter d’atteindre leur plénitude, contre tout universalisme et contre tous les racismes."

 

Alain de Benoist, Les idées à l’endroit, 1979.

03/03/2009

Crisis, what crisis?

Ici

fretless



Jaco Pastorius. Any comment jo? (hé, hé)

02/03/2009

Propaganda staffel

4_2b.jpgDiscrimination

 

Ce nom, bien qu’il soit moderne, même modernissime, est emprunté au latin. En latin, discriminatio était en usage dans la grammaire et dans la rhétorique où il signifie « séparation ». Le nom français discrimination est attesté pour la première fois chez le psychologue Ribot dans la seconde moitié du XIXe siècle : Littré le relève dans le supplément (1877) de son Dictionnaire de la Langue française. En revanche, le mot anglais discrimination, lui aussi emprunté au latin, est plus ancien, puisqu’il est attesté en 1646 dans le New English Dictionary.

Selon Littré, c’est un terme de psychologie qui désigne une des plus hautes facultés humaines, celle-là même qui définit l’intelligence : la « faculté de discerner, de distinguer », écrit Littré, qui cite Robot : « ce changement d’état par lequel la conscience passe d’une modification à une autre, c’est la discrimination, et c’est le fondement de notre intelligence ». Ce nom est relevé dans la huitième édition du Dictionnaire de l’Académie française (1932-35) avec le seul sens de « action de distinguer avec précision ». Le sens est positif, comme cela apparaît dans les exemples : « faire la discrimination de telles ou telles choses mêlées », « il y a là une discrimination difficile à opérer ».

Un second sens se développe dans les années 1960 sous l’influence du nom anglais discrimination et du verbe anglais to discriminate qui ont l’un et l’autre deux sens, l’un positif, l’autre négatif (between good and bad books : make a difference between good and bad books ; against someone : treat differently somebody). Ce sens défavorable est étranger à l’histoire et à la civilisation de la France. Cela n’a pas dissuadé les Académiciens de le relever dans la neuvième édition (en cours de publication) du Dictionnaire de l’Académie. A « action de distinguer deux ou plusieurs éléments d’après les caractères distinctifs » (« discrimination entre le vrai et le faux »), ils ont ajouté « action de distinguer une personne, une catégorie de personnes ou un groupe humain en vue d’un traitement différent d’après des critères variables ». Le premier exemple reformule l’article 2 de la Constitution (« la loi s’applique à tous sans discrimination ») ; les deux autres exemples sont, le premier, métaphorique (« la discrimination sociale »), le second, propre aux Etats-Unis ou à l’Afrique du Sud ou à tout pays régi par l’apartheid (« la discrimination raciale »).

Dans le Trésor de la Langue française (1972-1994), ce qui discrimine (id est distingue) les deux sens, c’est l’absence ou la présence d’un « traitement inégal ». S’il n’y a pas de « traitement inégal », le sens est positif, comme dans « il est nécessaire de faire une discrimination entre des documents de valeur inégale » ; sinon, il est défavorable, quand des personnes en sont la cible : « souvent péjoratif : traitement différencié, inégalitaire, appliqué à des personnes sur la base de critères variables », comme dans les exemples « on a pu reprocher aux syndicats d’exercer à leur tour une discrimination devant les demandes du personnel, selon qu’il est syndiqué ou non » et « le gouvernement australien établit une discrimination raciale en n’acceptant que des blancs ». Les auteurs de ce Trésor n’ont pas trouvé dans la loi d’exemples qui pourraient illustrer ce sens : seulement au sujet de l’Australie ou des habitudes un peu mafieuses des syndicats. Le succès de ce nom en France, pays où les discriminations n’ont pas d’existence et où discrimination devrait avoir conservé le seul sens qu’il avait en 1877, tient à l’extension de termes de droit (ce qu’est en anglais une discrimination) à des « faits » - c’est-à-dire à des constructions sociologiques a posteriori dont la seule vertu est de diaboliser ce sur quoi elles s’appliquent.

 

Source.

 

Sud

traindorothealange1937bs2.jpg« Le Sud est un vaste domaine dont on pourrait parler indéfiniment. Je n’en ai pas dit grand-chose et pourtant le Sud –et le Sud-ouest qui est un monde totalement différent- sont deux régions de l’Amérique qui me touchent profondément. Le vieux Sud est plein de champ de batailles, c’est une des premières choses qui vous y frappent. Le Sud ne s’est jamais remis de sa défaite. C’était une défaite purement militaire, les plus dures à supporter. L’homme du Sud a un rythme à lui, une attitude à lui devant la vie. Rien ne le convaincra qu’il avait tort ; au fond, il a un souverain mépris pour l’homme du Nord. Il a son propre panthéon d’idoles, guerriers, hommes d’Etat, écrivains, dont nulle défaite n’a affaiblit la gloire ni la renommée. Sur tous les plans, le Sud demeure solidement hostile au Nord. Il mène un combat sans espoir, très semblable à celui que l’Irlandais mène contre l’Angleterre.

Si vous êtes du Nord, cette atmosphère vous affecte étrangement. Vous ne pourrez vivre longtemps dans le Sud sans finir par être miné. Le climat, les paysages, les mœurs, les coutumes, le doux parler dégagent un charme auquel il est difficile de résister. Ce monde du Sud est plus proche que tout le reste des Etats-Unis de la vie de rêve dont parlent les poêtes. Peu à peu ce monde de rêve est envahi et contaminé par l’esprit du Nord. Le Sud croule sous les pas du conquérant. De Rome à Savannah, au long des vieilles pistes, on peut retracer la marche de Sherman vers la mer. C’est la route du vandale, la route du soldat qui a dit que la guerre était un enfer et qui l’a démontré par le fer et par le feu. Le Sud ne pardonnera jamais à Sherman, jamais.

 

(…) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j’ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d’images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l’envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l’orgueil et l’espoir de sa victime. On ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu’on appelle la « culture esclavagiste » n’avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l’Inde, de Rome, de l’Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu’il a été bâti sur l’injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s’écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n’eut été si pour créer ces chefs-d’œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s’épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !

 

(…) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s’asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s’allonger sur les rives d’un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l’air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l’atmosphère est chargée de noms magiques, d’événements historiques, d’inventions, d’explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d’activité humaine.

Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »

 

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.

28/02/2009

Le collège est à la rue

Slam. «La rue est dans le collège»

Des collégiens de Pontivy et de Guémené-sur-Scorff ont découvert le slam depuis quelques semaines. Finale en apothéose demain, avec la venue de Grand Corps Malade, pour une journée d'ateliers et de spectacle. Les 120 élèves de six classes de 4eet 3e des Saints-Anges, à Pontivy, et de Sainte-Anne, à Guémené-sur-Scorff, encadrés par ClaudineForest-Lesteven et Jean Morazé, enseignants, participeront demain, à une journée d'ateliers. Autour du projet «La rue est dans le collège», les apprentis slameurs pourront s'essayer à l'écriture assistés par deux slameurs parisiens, Kohn Do et Abdel Hack; découvrir certains arts plastiques tels que la peinture murale (graffitis, fresques et pochoirs avec l'intervention de deux grapheurs du collectif Mac Crew) et voir une exposition sur le thème de la lettre et de ses représentations. À l'occasion de cette journée, ils auront également l'opportunité de rencontrer l'artiste GrandCorps Malade dont la présence est possible grâce à l'enseignante pilote.

Premiers pas sur scène

Le soir, au Palais des congrès de Pontivy, les élèves volontaires (72au total) présenteront du break dance, découvert en cours de sport grâce à la participation d'Anaïs Le Toquin, de la compagnie Quality Street d'Hennebont. D'autres feront leurs débuts de slameurs et présenteront leurs propres textes au public. Le but étant, bien évidemment, de se produire sur scène. Après leurs prestations, c'est Grand Corps Malade ainsi que deux autres pointures du slam, Souleymane Diamanka et JohnBanzaï, qui termineront la soirée. Pratique Spectacleà 20h30. Places en vente dans les établissements scolaires. Étudiants et lycéens: 10€.

Source

Ce qui est bien avec nos modernes progressistes et pédagogistes, c'est que -par définition- il n'y a pas de limites à la glorieuse marche de tous vers un avenir radieux c'est-à-dire diversfestif et métissé...

 

26/02/2009

"Napoléon s'appelait Bonaparte, et il a mal fini : je m'appelle Malaparte et je finirai bien."

450px-Villa_Malaparte_3.jpgKurt Suckert, alias Curzio Malaparte,vétéran des deux guerres, diplomate, un temps théoricien du fascisme, journaliste, correspondant de guerre du côté Allemand sur le front Russe, déporté aux îles Lipari pour activités anti fasciste à l'étranger (la publication de son Technique du coup d'Etat) par Mussolini, écrivain immense, grand amateur de duels et de femmes, adhère au PCI en 1957, sur son lit de mort, et lègue sa célèbre maison, la Villa Malaparte, à la République Populaire de Chine...

Qui n'a pas lu la description des paniers d’yeux serbes arrachés amenés par les oustachis à leur leader croate collaborateur des nazis, Ante Pavelic, celle des chevaux du Ladogan ou celle de la chasse aux chiens de partisans russes, n'a rien lu sur la guerre. Si! Même Mailer et Tolstoïn'atteignent pas ce sommet d'horreur flamboyante et iconoclaste baigné de dégout et de pitié (pour les Italiens et l'Italie avant tout, mais aussi pour l'Homme), que révèle la lecture de Kaputt. Si, réflexion faite, il y a Céline...et Soljénitsyne..et Junger.

"Un état totalitaire est un état où tout ce qui n’est pas défendu est obligatoire."

25/02/2009

Visite

visuel-dante.jpg«Mais ils ne continueront pas toujours, car leur folie devient évidente à tous.»

C’était il y a six mois environ. Petite chambre propre inondée par le soleil de septembre, quelques photos sur les murs et la table de nuit : une jeune femme jolie et souriante (sa petite fille, brillante. Quatre années à la Sorbonne, docteur !), un homme jeune, moustache et regard clair, en uniforme, la tête de côté, son mari. Madame rosa T, vieille patiente souriante qui attend mes visites en marquant quelques pages. Nous discutions de politique et d’histoire et, évoquant la Palestine, m’avait cité cette phrase de saint Paul tirée du Deuxième Épître à Timothée, que je connaissais déjà, sans avoir jamais lu Saint Paul, grâce à Philipe Murray et ses exorcismes spirituels…

Aujourd’hui, ce fut Dante : « En bas dans la fosse/ je vis des gens plongés dans des excréments/ qui semblaient venir de latrines humaines/ et pendant que des yeux j’examinais le fond/ j’en vis un dont la tête était si chargée de merde/ qu’on ne pouvait voir s’il était laïque ou bien clerc. » (Inferno, XVIII), passage évoquant les fosses pestilentielles ou Dante reconnaît flatteurs et adulateurs, nageant dans la merde…Censé évoquer au mieux sa propre condition ici-bas, dans cette vile maison de retraite à l’odeur de cantine et peuplée de spectres rasant les murs en déambulateurs ou assis, seuls, les yeux vides, avec une peluche dans les bras. La misère, quoi.

On a causé un moment, je l’ai examinée, je l’ai embrassée et voilà. Faut que je relise Dante, bordel.

Tranquillité, poulettes et espérance

"Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude."

Sénèque, De la tranquillité de l'âme. 48 apr. JC.

"Il y a dans toute vie un certain nombre de choses que l'homme ne confie pas même à l'être le plus proche. Elles sont semblables à ces pierres que l'on trouve dans l'estomac des poules; la sympathie n'aide pas à les faire digérer."

Ernst Jünger, Premier journal parisien, 2 octobre 1942.

 

Prométhée: "J'ai oté aux mortels de prévoir leur trépas."

Le coryphée: "Quel remède as-tu trouvé qui les en guérisse?"

Prométhée: "J'ai établi en eux d'aveugles espérances."

Eschyle, Prométhée enchaîné.

24/02/2009

Run, fucking cowards!

Et combien ont raison ces adeptes de la religion de paix...

On remarquera:

-la connasse indigène utile avec son keffieh, appellant ses nouveaux amis à montrer un visage tolérant et festif aux journalistes occidentaux complaisants,

-le respect que portent ces nouveaux citoyens Britanniques envers les forces de l'ordre, l'insulte "raciste" qui jaillit dés qu'un policeman retrouve l'usage de son bras droit -accessoirement de son baton -à mon avis au péril de sa vie vue la horde de barbares bien nourris qui l'entoure,

-les mots d'ordre appellant à plus de diversité citoyenne tels que "courrez bande de porcs" ou "enculés de lâches" à des fonctionnaires de police certainement dûment chapitrés pour ne point manifester une quelconque animosité à l'égard de ces nouveaux barbares certainement objets de discriminations diverses et multiples (de la part de descendants de colonisateurs insuffisamment repentis) et désireux de manifester leur amour de la Diversité et du Vivre ensemble...

Ouais, fucking cowards.

Lien: Londres - La police insultée et humilée - Manifestation pro-Hamas - VOSTF

21/02/2009

paysages


champ-de-tournesols.jpg

Le train est un accélérateur de perception. Ou de sensation. C’est pas clair, je sais.

Mais c’est toujours l’impression que me font ces longs voyages sur le rail. Je pensais à cela il y a deux jours entre Lyon et Annecy. Plongé dans le monde terrifiant et léger du Kaputt de Malaparte et regardant filer les paysages du Dauphiné et de Savoie. Plaines et cluses, barres rocheuses enneigées au soleil, fonds de vallée sombres et froids, forêts nues et champs labourés –bien loin des tournesols de Moldavie ou d’Ukraine, ces yeux noirs bordés de cils dorés craquant sous la pluie, qui parsèment le périple de Malaparte. Hameau de fermettes serrées aux toits de tôle rouillée, granges en bois au soleil d’hiver, chapelles et lavoirs, quelques chevaux immobiles dans l’air glacé, buses sentinelles et vols de corbeaux. Quelques fermes solides à étages et toits qui débordent, galeries remplies de foin ou de bois, murs de galets en bas, de pierres froides ou de pisé plus haut dans les vallées. Vieux paysans en bleu et casquette en maraude à pieds sur les chemins ou dans leur 4L. Dépôts SNCF désaffectés, piles de traverses, odeur de goudron puissante et wagons abandonnés. Gorges du Fier, ce coup de couteau dans la terre, eaux froides et claires, viaducs et tunnels…Ce voyage immobile me rend immanquablement mélancolique. Peut-être est-ce simplement la beauté des paysages.

Je repense à Millet et sa conviction que la guerre est un puissant accélérateur de vie. Millet, qui ne rêvait que de littérature, avait compris que s’engager à vingt ans dans cette guerre du Liban allait lui faire gagner des années, le transformer radicalement. Que l’expérience de la guerre, de la mort, pouvait être précieuse pour écrire. Comme d’autres expériences profondes ou traumatisantes, sans doute.

Quel rapport, finalement ? Vois pas bien, en fait. Peut-être la singularité du regard.

« Une nuit, j’allais m’étendre dans un champ de tournesols. C’était réellement une forêt de tournesols, une vraie forêt. Courbés sur leur haute tige velue, leur grand œil noir tout rond, aux longs cils jaunes, voilé par le sommeil, les tournesols dormaient, tête basse. C’était une nuit sereine, le ciel plein d’étoiles brillait de reflets verts et bleus comme le creux d’une immense coquille marine. Je dormis d’un sommeil profond et, à l’aube, je fus réveillé par un crépitement étouffé et sourd. On eut dit le bruissement de gens marchant pieds nus dans l’herbe. Je tendis l’oreille en retenant mon souffle. Du bivouac voisin, venaient de faibles éternuements de moteurs, et des voix rauques qui s’appellaient dans le bois prés du ruisseau. Un chien aboyait au loin. Au bout de l’horizon, le soleil faisait craquer la noire coquille de la nuit, s’élevait, rouge et chaud, sur la plaine brillante de rosée. Ce froissement devenait immense, grandissait de minute en minute ; c’était un crépitement de buissons en flammes, c’était le craquement en sourdine d’une interminable armée marchant précautionneusement sur des chaumes. Etendu à terre je retenais mon souffle et regardais les tournesols soulever lentement leurs paupières jaunes, ouvrir petit à petit leurs yeux. Tout à coup, je m'aperçus que les tournesols levaient la tête et, virant lentement sur leur haute tige, tournaient leur grand oeil noir vers le soleil naissant. C'était un mouvement lent, égal, immense. Toute la forêt de tournesols se tournait afin de regarder la jeune gloire du soleil. Et moi aussi je levais la tête vers l'Orient, en regardant le soleil monter peu à peu parmi les rouges vapeurs de l'aube, sur les nuages de fumée bleue des incendies, dans la plaine lointaine. » (Kaputt, Malaparte, 1943.)

19/02/2009

zon

b10_pics.jpg

Kaputt

Lecture de Kaputt, de Curzio Malaparte, dont je ne soupçonnais pas, après avoir lu son traité sur le coup d’état, ce talent de romancier.

 

Parmi les pages les plus saisissantes de Kaputt, figure la vision des chevaux morts du lac Ladoga; ces chevaux de l’artillerie soviétique, enfermés dans une forêt en feu, brisent le cercle de l’incendie, s’échappent terrorisés, atteignent la rive du lac et se jettent à l’eau. Pendant la nuit, brusque déferlement de vent Sibérien. Le lac gèle, les animaux sont pris dans la glace, seules leurs têtes restent visibles au dessus de la surface durcie.

chevaux-dans-neige.jpg« Le lac était comme une immense plaque de marbre blanc sur laquelle étaient posées des centaines et des centaines de têtes de chevaux. Les têtes semblaient coupées net au couperet. Seules, elles émergeaient de la croûte de glace. Toutes les têtes étaient tournées vers le rivage. Dans les yeux dilatés, on voyait encore briller la terreur comme une flamme blanche. Prés du rivage, un enchevêtrement de chevaux férocement cabrés émergeait de la prison de glace…Les soldats du colonel Merikallio descendaient au lac et s’asseyaient sur la tête des chevaux. On eut dit les chevaux de bois d’un carrousel. »

 

Autre moment dramatique où l’auteur, correspondant de guerre sur le front russe, célébrant le courage et le patriotisme des Russes, met en scène un jeune Ukrainien. Une colonne Allemande traverse un village en apparence abandonné ; des coups de feu sont tirés des maisons. Les Allemands ripostent, exterminent les derniers habitants. Tout se tait, sauf un fusil qui continue à tirer. Un seul, tenu par un gamin qui n’a pas plus de dix ans.

« Pourquoi as-tu tiré, dit un officier ? Tu le sais bien, pourquoi me le demandes-tu ? », répond l’enfant. Calme, intrépide devant la mort à laquelle il échappe seulement à cause d’une réponse encore plus téméraire faite à une seconde question. « J’ai un œil en verre, lui dit l’officier. Si tu peux me dire tout de suite, sans réfléchir, lequel des deux, je te laisse partir. » « L’œil gauche » répond aussitôt le garçon. « Comment as-tu fait pour t’en apercevoir ? », demande, surpris, l’officier, fier d’être le citoyen d’un pays ou « l’on fabrique les plus beaux yeux de verre du monde ». Et l’enfant de dire tranquillement, sereinement : « Parce que, des deux, c’est le seul qui ait une expression humaine. »

 

Kaputt, Curzio Malaparte, 1943.

 

18/02/2009

goodness

17/02/2009

homo economicus et homo osmanus

« La conception de l’homme comme animal/être économique (l’homo économicus d’ Adam Smith et de son école) est le symbole, le signe même, qui connote à la fois le capitalisme bourgeois et le socialisme marxiste. Libéralisme et marxisme sont nés comme les deux pôles opposés d’un même système de valeurs économiques. L’un défend l’exploiteur, l’autre défend l’exploité –mais dans les deux cas, on ne sort pas de l’aliénation économique. Libéraux (ou néo-libéraux) et marxistes sont d’accord sur un point essentiel : pour eux, la fonction déterminante d’une société, c’est l’économie. C’est elle qui constitue l’infrastructure réelle de tout groupe humain. Ce sont visu1.jpgses lois qui permettent d’apprécier scientifiquement l’activité de l’homme et d’en prévoir les comportements. Dans l’activité économique, les marxistes donnent le rôle prédominant au mode de production ; les libéraux eux, le donnent au marché. C’est le mode de production ou le mode de consommation (économie de départ ou économie d’arrivée) qui détermine la structure sociale. Dans cette conception, le bien-être matériel est le seul but que consent à s’assigner la société civile. Et le moyen adapté à ce but est le plein exercice de l’activité économique. »

(...) Au fur et à mesure que le temps a passé, ces deux ensembles que formaient le peuple et l'aristocratie se sont trouvés séparés par un fossé de plus en plus en plus grand, et c'est dans ce fossé que s'est installée la classe bourgeoise. L'avènement de cette plèbe enrichie, aux yeux de laquelle le rang social n'est qu'une affaire de biens extérieurs à l'homme, a représenté par rapport aux sociétés européennes telles qu'elles s'étaient plus ou moins maintenues jusqu'à la Renaissance, un véritable renversement des valeurs: la classe qui, jusqu'alors, s'était essentiellement définie par le négoce des biens réclamait pour elle la fonction souveraine, à la quelle elle avait été auparavant strictement assujettie.

L'une des conséquences de la venue au pouvoir de la bourgeoisie, amorcée sous la monarchie, confirmée par la Révolution, institutionnalisée sous la République, a été la substitution, somme toute logique, et chaque fois qu'il a été possible, de l'économique au politique. Ce n'est pas sans raison que Max Weber reprochait à la bourgeoisie son esprit "non historique et non politique", et qu'il lui déniait toute capacité proprement politique. Le sentiment aristocratique conduit en effet à penser que toute activité économique possède un aspect politique, qui est le plus important. D'ou cette réflexion de Max Weber: "Le véritable fond du problème de politique sociale n'est pas une question qui concerne la situation économique des gouvernés, mais la qualification politique des classes dominantes et montantes".

 

Alain de Benoist, Les idées à l’endroit, Hallier, 1979.

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jellyfish-house-ottoman-quinze-milan.jpg« Considérer la Turquie telle qu’elle était au règne de François Ier, comme une puissance utile à notre politique, c’est retrancher trois siècles de l’histoire.

Prétendre civiliser la Turquie en lui donnant des bateaux à vapeur et des chemins de fer, en disciplinant ses armées, ce n’est pas étendre la civilisation en Orient, c’est introduire la barbarie en Occident ; des Ibrahims futurs pourront ramener l’avenir au temps de Charles Martel, ou au temps du siège de Vienne…Je dois remarquer que j’ai été le seul, avec Benjamin Constant, à signaler l’imprévoyance des gouvernements chrétiens : un peuple dont l’ordre social est fondé sur l’esclavage et la polygamie est un peuple qu’il faut renvoyer aux steppes des Mongols.

Il est bien difficile de prévoir quelle sera la conduite d’une race d’homme qui n’ont point les idées européennes. A la fois rusés comme des esclaves et orgueilleux comme des tyrans, la colère n’est jamais chez eux tempérée que par la peur.

En principe de grande civilisation, l’espèce humaine ne peut que gagner à la destruction de l’empire Ottoman : mieux vaut mille fois pour les peuples la domination de la croix à Constantinople que celle du Croissant…tous les germes de la destruction sociale sont dans la religion de Mahomet. On dit que le sultan actuel a fait des pas vers la civilisation…Depuis quand l’apprentissage machinal des armes est-il la civilisation ? C’est une faute énorme, c’est presque un crime, d’avoir initié les Turcs dans la science de notre tactique.

Vous ne voulez pas planter la croix sur Sainte Sophie ? Continuez de discipliner des hordes de Turcs, d’Albanais, de Nègres et d’Arabes, et, avant vingt ans peut-être, le croissant brillera sur Saint Pierre. Appellerez-vous alors l’Europe à une croisade contre des infidèles armés de la peste, de l’esclavage et du Coran ? Il sera trop tard. »

 

Chateaubriand, Mémoires d’outre tombe, Lettre à Madame Récamier, 1828.

10/02/2009

Paradis

1940.jpg« Le spectacle le plus pitoyable, c’est celui de toutes ces voitures garées devant les usines et les aciéries. L’automobile représente à mes yeux le symbole même du faux-semblant et de l’illusion. Elles sont là, par milliers et par milliers, dans une telle profusion que personne, semble-t-il, n’est trop pauvre pour en posséder une. D’Europe, d’Asie, d’Afrique, les masses ouvrières tournent des regards envieux vers ce paradis ou le prolétaire s e rend à son travail en automobile. Quel pays merveilleux ce doit être, se disent-ils ! (Du moins nous plaisons nous à penser que c’est cela qu’ils se disent !) Mais ils ne demandent jamais de quel prix se paie ce privilège. Ils ne savent pas que quand l’ouvrier américain descend de son étincelant chariot métallique, il se donne corps et âme au travail le plus abêtissant que puisse accomplir un homme. Ils ne se rendent pas compte que même quand on travaille dans les meilleures conditions possibles, on peut très bien abdiquer tous ses droits d’être humain. Ils ne savent pas que (en américain) les meilleures conditions possibles cela signifie les plus gros bénéfices pour le patron, la plus totale servitude pour le travailleur, la pire tromperie pour le public en général. Ils voient une magnifique voiture brillante de tous ses chromes et qui ronronne comme un chat ; ils voient d’interminables routes macadamisées si lisses et si impeccables que le conducteur a du mal à ne pas s’endormir ; ils voient des cinémas qui ont des airs de palaces, des grands magasins aux mannequins vêtus comme des princesses. Ils voient la peinture et le chromé, les babioles, les ustensiles de toute sorte, le luxe ; ils ne voient pas l’amertume des cœurs, le scepticisme, le cynisme, le vide, la stérilité, l’absolu désespoir qui ronge l’ouvrier américain. Et d’ailleurs, ils ne veulent pas voir tout cela : ils sont assez malheureux eux-mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est en sortir ! Ils veulent le confort, l’agrément, le luxe qui portent en eux les germes de la mort. Et ils marchent sur nos traces, aveuglément, sans réfléchir. »

 

Henri Miller, Le cauchemar climatisé, 1940, Folio, p.39.

08/02/2009

Qu'est-ce qui marche en ce moment?

 

 

1989538_d9ec25896d_m.jpegOh oh, si un regard pouvait tuer, celui du petit libraire savoyard que je rencontre 3 fois l’an dans ma vallée de Tarentaise, eut été fatal à ce cuistre fier de lui et sa face consternante, réincarnation du bourgeois Homais… « Qu’est-ce qui marche en ce moment ? » demanda-t-il à cet homme qui ne vit que pour la littérature… Pareille réflexion de marchand repus n’appelle que la mort. Hoplite fort occupé à trouver les confessions de Saint augustin, ce livre de chevet de l’Occident, croisa le regard éperdu de ce brave libraire qui luttait contre l’envie irrépressible de bouter hors de sa boutique ce nouvel infidèle…mais qui, se ressaisissant, trouva les mots pour interroger le pitre et s’enquérir –oh misère- de ses goûts littéraires…

Quelques minutes plus tard je posais avec componction sur la caisse de l’érudit fait marchand, les donc Confessions, ainsi que le Cauchemar climatisé de Miller (Henri, pas l’autre) et le manuel de campagne électorale de Quintus Cicéron, moins connu que son aîné Marcus Tullius, mais qui, cynique en diable, développe cet art de la démagogie qui lui permit d’être élu… et à d’autres encore…

Il y a quelques mois, j’avais eu, avec le même homme, une discussion sur Orwell, son engagement en Espagne durant la guerre civile, et surtout sur l’acception de sa « common decency » sur laquelle nous divergions, malgré l’intérêt que nous portions tous deux à l’auteur du Quai de Wigan.

Aujourd’hui ce fut Miller, son Sexus…ce cauchemar climatisé, cri de haine envers ce pays qu’il aimât, l’Amérique. Puis, malgré quelques fâcheux pressés de lire Gavalda ou je ne sais quel prix littéraire inepte donc médiatisé à outrance, nouvelle discussion sur Richard Millet, plus précisément sur son dernier opus, Confession négative, qui m’a secoué, tout hoplite –tendance anarque- que je sois.

Je m’interrogeais depuis un moment sur le sens de ce titre : Ma vie parmi les ombres, ou l’auteur relate son enfance paysanne sur le plateau de Millevaches et la disparition de ce monde traditionnel que je connais de prés. Je crois que j’ai compris ce que veut dire Millet en lisant cette confession dans laquelle l’auteur livre son engagement total et meurtrier dans une phalange chrétienne à Beyrouth dans les années 70. Parti sur un coup de tête, Millet devient un combattant, un tueur, un sniper, mais pas un assassin. Et comprend ce qu’il entrevoyait : il n’est pas de ce monde. Pas celui des vivants. J’ai compris, en regardant mon libraire toute l’horreur que lui inspire la confession de cet homme pieux qui part, tel un moins soldat en quête de la grâce littéraire, combattre la gangrène Palestinienne qui dévore le Liban, après septembre noir. Millet se met à nu car il n’est plus de ce monde –et peut-être ne le fût jamais.

 

« Je me demande ce qu’il y a encore à détruire, dans ce secteur, a-t-il ajouté en montrant l’immense terrain vague laissé par le déblaiement des taudis de la Quarantaine.

-Des hommes, ais-je cru bon de suggérer, souriant à mon tour pour ne pas avoir l’air trop niais.

-Des hommes ? Non, ils sont morts, même ceux qui combattent, en ce moment, et qui se croient vivants. A un certain degré d’horreur et de bruit, on ne se bat plus pour vivre, ni pour survivre, mais parce qu’on est mort, oui, passé à l’autre bout de la vallée de larmes, et que le combat se limite à tenter de remonter chez les vivants. »

J’aurais pu lui répondre que j’étais vivant, moi, mais je n’en étais pas tout à fait certain, et j’ai préféré continuer à sourire, tout en reconnaissant que j’appartenais aux ombres, que je méprisais même un peu les vivants, leur insouciance, leur incurie, leur cruauté, lezs morts, eux étant en paix les uns avec les autres, on n’y a jamais songé de cette façon, mais c’est ce qui les caractérise, outre leur invraisemblable mémoire.

Mais je n’ai rien dit. Je préférais rester un combattant simple et droit aux yeux du responsable phalangiste dont je continuais à trouver la cause noble, et la seule qui méritât d’être défendue. »

 

Richard Millet, La confession négative, Gallimard, p. 396.

05/02/2009

Queens of the stone age: assoir sa domination sur le rock en 2 leçons


 Leçon N°1: Du métal fondu au suc gastrique, un sens de la mélodie à la Kinks, un psychedelisme mezcalien-pur jus de cactus importé direct des Desert sessions.


 

Leçon N°2: être techniquement énorme, avoir le groove nucléaire et le swing drogué, faire ce que peu de groupes ont réussi: imposer une vision moderne du rock.

Bien loin de ces quelques abrutis tricolores qui nous sont malheureusement servis en couvertures par des critiques quinquas en quête de la jeunesse éternelle, quitte à sucer le sang de quelque minet à guitare et au look markété comme une pub danone, pourvu qu'il parvienne enfin à faire sonner trois accords de garage et à compter la mesure sur le 2° et 4° temps. Name dropping: Naast, BB Brunes, Plasticines, second sex...entérés vivants par QoTSA- des mecs qui ont 10 ans de plus.

Ah bon? avoir 20 ans n'est pas la plus grande des qualités? Merde alors, si en plus mon i-pod à plus de batterie, j' vais péter les plombs, manquerais plus que ma mère ai fait rétrécir mon slim au sèche linge et que le tube de gel soit vide....

Mais qui a déja entendu ça, bordel??

Je ne dis pas ce genre de chose à la légère: Meilleur groupe du monde en activité.

Jo