15/10/2008
Dialogue des cultures au stade de France
18:46 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arnaques crimes et botanique
14/10/2008
Tous les matins du monde sont sans retour
Il y a quelques jours, j’ai revu en rêve le visage et le regard d’une fille que je n'ai vu qu'une seule fois dans ma vie il y a prés de quinze ans. Je traversais le Canada d’est en ouest et, un soir, je m’étais arrêté à Drumheller, petit village perdu de l’Alberta dans l’Ouest Canadien. Sorte de bar, bistrot local tapissé de pancartes lumineuses à la gloire de Coors light ou Budweiser, fermiers édentés en chemises à carreaux, table de billard, musique country, etc. Niéme tournée de bière avec la jeune amazone qui m’accompagnait à l’époque. En payant au comptoir, résistance anormale de la serveuse qui, une bière dans chaque main, me lança un bref regard appuyé. Sous son index droit un petit papier plié en quatre avec son numéro. Que je n’ai pas utilisé. Ce regard et ce visage, comme si c’était hier. Je crois que je vis pour ce genre de moment.
*
Le regard fixe et bleu de mon grand-père hémiplégique et aphasique, quelques jours avant sa mort. Un concentré de désespoir muet, lorsqu’il portait les yeux sur les photos et les aquarelles de sa ferme sur les murs autour de lui. Le même regard immobile et éloquent. Celui-là ne me quitte jamais.
*
Le regard de cette jeune soldate de Tsahal. Conscience politique ou pas, bon côté ou pas, là n’est pas la question. L’important est dans la vertu guerrière qu’illustre cette jeune soldate. Cette vertu dont parlait Clausewitz, mélange de courage physique et moral, d’endurcissement, d’enthousiasme, de discipline, d’esprit de corps, d’expertise dans le combat, d’acceptation du sacrifice pour une cause supérieure, pour les siens, pour l'honneur, pour son pays.
Combien d’hommes ou de femmes en Occident possèdent-ils encore cette vertu guerrière ?
A méditer en ces temps de reniement et de veulerie.
23:50 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : regard, occident, vertu guerrière
13/10/2008
Tu ne te permets juste rien du tout, tu vas d'abord me soigner cette mauvaise peau
21:30 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : c'est arrivé prés de chez vous
Socialistes et communistes
« On a parfois l’impression que les simples mots de socialisme ou communisme ont en eux une vertu magnétique qui attire irrésistiblement tous les buveurs de jus de fruits, nudistes, porteurs de sandales, obsédés sexuels, Quakers, adeptes de la vie saine, pacifistes et féministes que compte l’Angleterre. Cet été, alors que je me déplaçais dans la région de Letchworth, je vis monter dans mon autocar deux vieillards à l’air épouvantable. Ils avaient tous les deux la soixantaine, tout petit, roses, grassouillets, et allaient tête nue. L’un arborait une calvitie obscène, l’autre avait de longs cheveux gris coiffés à la Lloyd George. Ils portaient tous deux une chemise de couleur pistache et un short kaki moulant si étroitement leurs énormes fesses qu’on discernait chaque repli de la peau. Leur apparition dans l’autocar provoqua une sorte de malaise horrifié parmi les passagers. Mon voisin immédiat, le type même du voyageur de commerce, coula un regard vers moi, détailla les deux phénomènes, se tourna à nouveau vers moi et murmura « des socialistes », du ton dont il aurait dit par exemple : « des Peaux-Rouges ». Il avait sans doute deviné juste – le parti travailliste indépendant tenait son école d’été à Letchworth. Mais l’important est que, pour ce brave homme, excentrique était synonyme de socialiste, et réciproquement. »
Georges Orwell, Le quai de Wigan, p.196-197.
20:40 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : orwell, quai de wigan
12/10/2008
Silvia's forty party
21:14 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : romper stomper as usual
11/10/2008
Subversion
La subversion, de nos jours, est devenue mainstream.
Elle a été digérée par les pubards et les marketeux; n'importe quel puceau a dans son i-pod toute la discographie underground introuvable de ces 30 dernières années; le rock est enregistré au kilomètre (comme la techno en son temps, ce qui en sonna le glas); Agyness Deyn est portée au pinacle par tous les tendanceurs simplement à cause de son allure de punkette (alors qu'Agnès Soral avait la même dégaine dans tchao pantin, mais qu'à l'époque elle n'a pas fait la couverture de Elle). Je vous passe le couplet sur le Bling-bling (marre de cette expression de merde).
Même une certaine presse estampillée subversive ne cesse de s'interroger sur "les branchés": qui sont-ils, t'en fait partie ou pas, je me laisse pousser la moustache ou pas, finalement c'est mieux les bars-pmu pourris, même Jack Lang y va et là au moins toutes les bombes ne sont pas aux tables des mafieux russes et des fils de riches libanais, en plus au Baron le physio est con...
Allez un Xanax et au lit.
Jo
08/10/2008
Dans le mur ou l'enseignement de l'ignorance
Comprends pas cet enthousiasme laudateur invraisemblable autour de ce film documentaire « Entre les murs » du footeux pédagogue enflé Bégaudeau…
Ce film n’est pourtant que le constat du naufrage de l’EN.
C’est le silence des défaites qui aurait du se faire après la sortie de cet œuvre à charge.
Notamment dans le camp progressiste Bourdivin grand pourfendeur de la violence symbolique de l’enseignement frontal, de la transmission verticale du savoir et de l’autorité à l’école. Un constat d’échec, ni plus ni moins. Et c’est terrible. Une des dernières scènes du film met en scène une gamine de quatrième en pleurs qui avoue n’avoir rien appris durant son année scolaire. Là est la réalité, la seule. Le reste n’est que spectacle, fausse compassion d’adultes complaisants et incapables d’apprendre quoi que ce soit à des gamins intelligents et conscients de ne pas recevoir ce à quoi ils ont droit, délires pédagogistes à la Mérieu, dont il n’est pas question de nier la sincérité de l’engagement.
Mais tous ces modernes pédagogues constructo-déconstructivistes, adeptes de Bourdieu et de Freinet, se sont plantés et ont devant eux le champ de ruines éducatif promis au plus grand nombre de gamins, lorsqu’ils ne sont pas fils de profs et/ou fils de bourgeois éclairés.
Or, mis à part quelques réserves prudentes et attendues de SOS éducation, Brighelli et autres Michéa, le camp du Bien (Libémonde, Télérama, inrockuptibles, etc.) montre une joie manifeste à célébrer le visage de cette catastrophe…Dont la palme d’or à Cannes est la meilleure illustration. Si encore cette « récompense » était le prélude à une autocritique et une remise en cause de la doxa éducative actuelle faite d’égalitarisme, d’antiracisme, de vivre ensemble, de démagogie à faire vomir une blatte et de faux semblants éducationnels, de renoncement coupable, de nivellement par le bas, de prolétarisation des gamins et des professeurs…
Mais non, c’est un « grand film », une « œuvre sincère et attachante », un « pied de nez aux thuriféraires de l’école de Jules Ferry », etc, etc, etc, ad lib.
Finalement la seule question qui vaille est : pourquoi tous ces gens sincèrement préoccupés par l’éducation de leurs enfants et qui sont conscients de ce désastre, se font – au travers de la destruction méthodique de l’école- les plus fidèles serviteurs de cette société du spectacle et de la marchandise pour laquelle des enfants instruits et cultivés sont une menace évidente ?
22:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bégaudeau pipo
06/10/2008
gentlemen: Dekkers vs Pralomran
21:48 | Lien permanent | Commentaires (4)
Effroi
J’aime bien mon coiffeur. Vieux crabe à l’œil vif, ancien légionnaire tatoué comme il faut –on dirait Ivane- qui a toujours une histoire de bat d’af ou de raid nocturne sur la RC4 ou dans les Aurès...Outre le fait d’être particulièrement politiquement incorrect en ces temps de grégarisme festif et métissophile, il a toujours quelques calendriers de filles à gros seins qui font la joie de tous autour de moi.
Mais la littérature de salons de coiffure réserve parfois des surprises, comme cette info trouvée dans Marie France (!) que je vous livre :
Carlsbad, Nouveau Mexique (USA). A 600 mètres sous la surface de la terre, une ancienne mine de sel héberge un site de déchets atomiques. Le sarcophage, garanti 10000 ans, sera saturé et fermé en 2033. Mais comment avertir le terrien de 12033 des dangers du sous-sol ? Comment parler aux générations futures, quand les langages que nous connaissons aujourd’hui auront probablement disparu ? Les chercheurs de l’équipe inter disciplinaire du Waste Isolation Plant Project, en charge de cette archéologie inversée, ont trouvé une solution. Le site de Carlsbad sera constellé de monolithes gravés d’un symbole universel de la terreur : « Le cri » d’Edvard Munch, datant de 1893.
Choix judicieux. Ce tableau m’a toujours glacé. Toutes les lignes du tableau semblent converger vers un seul point : la bouche ouverte dans un cri. Comme si le peintre Norvégien voulait exprimer la transformation de toutes nos sensations sous l’influence d’une émotion soudaine. On dirait que le paysage lui-même prend part à l’émotion et à l’angoisse exprimée par le visage tout convulsé comme un croquis de caricaturiste. Les yeux écarquillés, le menton creux font penser à une tête de mort. L’impression de terreur prend toute sa force du fait que la cause en demeure mystérieuse.
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"Le 20 février, le grand groupe bancaire et d'assurance belgo-néerlandais Fortis faisait beaucoup parler de lui en annonçant qu'il n'offrirait plus une tirelire en forme de cochon aux enfants bénéficiaires d'un compte "Eurokids" car, expliquait un porte parole, cette tirelire porcine "ne satisfait pas aux exigences que la société multiculturelle nous impose." Rivarol du 3/10/08. (oui, j'ai de bonnes lectures...)
Oh! Oh! Oh! Ce qu'il y a de bien, avec les marchands et les banquiers, c'est qu'ils sont un des meilleurs baromètres de l'époque. N'allez pas chercher je ne sais quel renoncement identitaire ou culturel, ces gens n'ont pas de culture ou d'identité propre; c'est juste que les petits cochons, c'est pas trendy, coco! Faut s'adapter dans
le bizness et si ça marche pas, on ira ailleurs, le client est roi, biquet. Ce sera donc un chameau tirelire ou je ne sais quel animal consensuel et vivrensemblesque genre lemming (ceux qui se jettent en masse du haut de la falaise..), histoire de ne pas risquer de perdre ces "newEurokids" cochonophobes, un segment de marché particulièrement prometteur.
19:25 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : rc4 aurés, edvard munch, le cri
02/10/2008
Misère
Mr B. est mort. Brutalement. J’aimais bien Mr B. Je le suivais depuis des années pour une cardiopathie sévère. Mr B, qui n’avait pas d’enfants avait une hantise : mourir avant sa femme. La femme de Mr B., nonagénaire également, est atteinte d’une forme de démence et était progressivement devenue dépendante de son mari et des différentes aides que nous avions pu mettre en place (aide ménagère, kiné, infirmière, etc..). Mais Mr B. anticipait et redoutait par-dessus tout que sa femme se retrouve seule, sans lui, après sa mort. C’est fait, Mr B. est mort le premier, son épouse a du être placée en urgence dans un foyer adapté, c’est-à-dire couches, déambulateur, bouffe communautaire, après-midi festif avec quelques intermittents déguisés en clowns. Dépendance absolue. Misère.
Un dimanche matin, jeune externe au CHU, petit-déj croissants, ragots, outrance habituelle et heureuse avec des gens avec lesquels j’aimais travailler. Bruits de freinage en urgence puis de tôle froissée, appels au secours devant l’entrée des urgences : une 330 break pliée, un homme en sang et en pleurs qui s’extirpe de l’habitacle puis ouvre la portière arrière. Sur le plancher, un jeune garçon dans une mare de sang, inerte. Accident de chasse à quelques kilomètres de l’hôpital, coup de fusil dans le creux axillaire. Le gamin était mort pendant les quelques minutes du parcours, saigné à blanc. Deux heures de réanimation, de massage cardiaque, de défibrillation, de voies centrales, de transfusions, de solutés de remplissages, puis stop. J’ai toujours l’image de ce gamin, nu, étendu, exsangue. Une mort violente, indue, de plus. Le pire n’est pas là. Le pire c’est le visage du père et du petit frère dans la salle d’attente. Ils savent déjà.
Une de mes premières gardes de réanimation dans un petit hôpital périphérique. Un vieil homme en œdème pulmonaire sévère, sorti quelques jours plutôt de réanimation ou il avait été intubé et ventilé pour la même raison. Faut-il refaire tout ça. Pour moi, non. J’appelle son fils, anesthésiste, qui me rejoint prés de son père encore conscient. Il n'a rien dit, a gardé la main de son père dans la sienne, les larmes aux yeux. On peut apprendre beaucoup en une nuit.
Mme S. a trente cinq ans, deux petites filles de cinq et trois ans, un mari officier dans la marine et un cancer du sein métastasé avec une extension au péricarde, d’où sa présence dans le service de cardiologie ou je travaillais à l’hôpital des armées à Toulon. Mme S est condamnée à court terme, elle le sait. Son mari aussi. Tous les matins, visite avec le chef de service, infirmières, etc...Paroles rassurantes, apaisantes, protocole d’examens complémentaires fondamentalement inutiles, demi mensonges, demi vérités. Représentation ordinaire. On s’y fait assez bien, c’est le boulot. Par contre, le regard du mari et des deux petites filles dans le couloir, on ne s’y fait jamais. Il sait que sa femme va mourir, il fait front pour ne pas pleurer devant ses filles et sa femme peut-être. Nous aussi.
Il y a des matins comme ça.
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A lire, avant de gémir "on savait pas, gna gna": ici et ici
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06:43 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : islam, wildeers, costes
30/09/2008
Jo's back about kraut rock
Kraut français = Choucroute garnie ?
J’ai un problème avec le krautrock français.
Le krautrock, apparu dans les 70’s, fut initié par des groupes allemands, ce qui lui vaut cette charmante appellation kraut (choucroute).
Can, pour ne citer qu’eux, produisent alors une musique incroyable, capable, sur la base du psychédélisme en vogue, de transcender la rencontre de l’art et la technologie.
On y découvre des polyrythmies issue du jazz s’accouplant avec des parties vocales arty, des interludes ambiant, des orages rock. Le résultat est inédit, transcendantal.
Un espoir les animait en ce début des années de plomb: la science et la technologie devaient servir l’homme ; Le progrès devait être synonyme d’émancipation spirituelle, les contingences matérielles s’annulant, à la manière d’un Nirvana 2.0.
La science, nouvelle transcendance enfantée par l’homme, commençait à ce moment précis son travaille de sape qui devait contribuer à l’affaiblissement de la religion, avec les conséquences psychosociales perçues à l’heure actuelle. Mais ces groupes l’ignoraient. Et leur musique était une pytie venue transmettre ce qu’aurait du être le 20ième siècle.
L’avènement du Net, s’il est progrès majeur dans l’histoire de la technologie, n’a pas fait que nous ouvrir sur le monde et sa complexité: être connecté, avoir une identité numérique est déjà quasi-indispensable au point que la sphère intime elle-même se numérise (chats, rencontres, face book, myspace, et….blogs). Qui a dit aliénation ?
La musique en free-access se résume à une donnée transférable, catalogable, stockable, compressible et formatable.
La somme des données musicales disponible est telle qu’elle n’est plus parcourue qu’en mode shuffle, un peu comme un livre lu en diagonale et dont on ne chercherait qu’à connaître la fin.
Résultat : Les groupes de krautrock français (mis à part NLF3), sortent une musique immédiatement reconnaissable ; mais alors que le son de l’époque est fidèlement reproduit, on est frappé par une sorte de vide, comme s’il manquait quelque chose…
Ces enfants du libéralisme, décomplexés, capables de jouir sans limite, ont perdu toute transcendance.
Curieuse coïncidence : Le premier album de Turzi, figure emblématique de ce « renouveau » du kraut à béret, s’intitule « Made under autority » ;
Son dernier album, si justement intitulé « A » (-privatif ?), tente une relecture du Notre Père. Pour un résultat malheureusement quasi-risible. Ou comment, de manière inconsciente, réclamer l’autorité, les limites, la transcendance.
C’est bien de fumer des pétards devant son laptop, les mecs, mais ça fait pas tout.
PS : écouter en priorité l’album « Tagomago » de Can.
Jo
17:43 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : krautrock, can, nirvana, nlf3, tagomago
28/09/2008
Crisis, what crisis?
21:40 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : c'est plus possib bordel!
La politique n'est pas un show
Royal «entre show business
et rassemblement de secte».
Henri Emmanuelli a vivement critiqué le rassemblement organisé samedi au Zénith de Paris par l'ex-candidate socialiste, qui suscite une série de critiques et de railleries, à gauche comme à droite.
«La politique n'est pas un show. Cette vision de la politique axée sur le marketing, qui s'inscrit dans la logique de la publicité commerciale, qui néglige le fond, c'est le genre de cérémonie qui est entre le show business et le rassemblement de secte». Non, cette phrase assassine sur le meeting que tenait samedi Ségolène Royal au Zénith de Paris ne provient pas d'un communiqué de l'UMP, mais bien d'Henri Emmanuelli, qui était sur Radio-J ce dimanche. (…) Figaro du 28/09/08.
La politique n'est pas un show…
!!! Ca pourrait prêter à sourire, d’ailleurs ça me fait rire. Il sort d’où Emmanuelli ? C’est hibernatus ou quoi ?
Comme si cela ne faisait pas un bail que la politique n’était devenue qu’un spectacle, qu’un show médiatique.
Comme si, et depuis longtemps, la notion de crédibilité n’avait pas remplacé le vrai et le faux dans les discours et l’agir de toute classe politique ?
Comme si Lasch n’avait pas déjà tout dit il y a prés de trente ans dans son essai sur la culture du narcissisme.
Comme si la civilisation des masses n’avait pas donné naissance à une société de consommation dominée par les apparences, le paraître : la société du spectacle dans laquelle le fond, l’argumentation politique ont perdu toute valeur vis-à-vis de la crédibilité et du prestige, dans une course effrénée à la célébrité.
Comme si la communication et les concepts de marketing politique n’étaient pas devenus l’alpha et l’oméga de toute carrière politique.
Allez, je ne suis pas dupe. Emmanuelli qui n’est pas la moitié d’un con sait tout cela très bien , comme ses pairs. Cela n’est qu’une façon de flinguer un concurrent situé sur le même segment de marché (l'électorat progressiste), qu’une stratégie marketing de plus visant à assoir justement sa propre crédibilité de dirigeant progressiste (je n'ose dire socialiste).
Rien de plus. Mais rien de moins.
19:25 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : emmanuelli, lasch
1967-2007
1967, un concert de musique sur Venice Beach.
(Photo Dennis Stock)
Septembre 2007, au retour d’une mission de 7 mois en Irak en tant que médecin à la Compagnie C de la 203e Brigade du « Support Battalion », la capitaine Terri Gurola étreint Gabrielle sa fille agée de 3 ans à l’aéroport international Hartsfield-Jackson à Atlanta.
(Photo anonyme)
Pas de retour.
Le 27 Mai 2007 au cimetière d’Arlington, Mary McHugh pleure sur la tombe de son fiancé le Sgt. James Regan, tué en Irak. (Photo John Moore) (source photos ici)
15:51 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/09/2008
Jardins et routes
Quelques jours à Bordeaux. Voyage en train, paysages ruraux magnifiques. Villages endormis, fermes aux briques rouges, champs de tournesols grillés, noirs. Café de la gare à Lézignan, étangs qui fument, phares dans la nuit, premières fenêtres allumées, gare de Bram, bribes de conversations, Quartier d’Anjou la légion, l'étranger proche. Animaux serrés les uns contre les autres, silhouettes à casquettes sur un quai puis la Garonne sur la quelle se penchent encore quelques grues titanesques et rouillées, témoins silencieux d'un Bordeaux industrieux. Hangars désaffectés, docks abandonnés, entrepots promis à la destruction...Tout un monde traditionnel, coutumier, c'est-à-dire qui parle encore à chacun, refusant d'obtempérer aux commandements de bouger de notre expertocratie Attalinoïde et de son nouvel ordre festif.
*
Réflexions sur la common decency d’Orwell, si bien cernée par Michéa et Crick. Cette manière instinctive d’être, d’agir, de penser, de la classe ouvrière d’antan. Sorte de dignité, de loyauté, d’honneur, de respect de soi-même, des autres et du monde. Un code moral. Sur l’âme de ce socialisme ouvrier –éminemment respectable- et si loin de ce socialisme émétique moderne de pouvoir et de salons , promu par la cléricature du Progrès, soumise, corps et âme, au culte de l’argent.
Ou l’impossibilité d’être à la fois socialiste et « de gauche », faisant référence à une matrice idéologique commune au libéralisme et au progressisme. J’y reviendrai.
*
Excellent article dans la NRH sur le vocabulaire usuel de nos figures politiques; alors que De Gaulle ou Mitterrand utilisaient un répertoire de prés de 4000 mots ou locutions, Giscard, dans un souci démagogique puis Chirac, Sarkosy et Royal par obligation, usent d'un répertoire de 300 à 500 mots. Avec la vulgarité de Sarko et l'approximation syntaxique de Ségo en plus. Sarko, Ségo, Mc Cain, Obama même combat de nains médiocres.
*
Relecture de « Jardins et routes », première partie du journal de guerre d’Ernst Jünger, oû se mêlent, considérations philosophiques, botaniques, entomologiques, oniriques et guerrières…Mélange étonnant et fascinant. Impression de sérénité et de tranquille assurance malgré la description clinique des horreurs de la guerre. Un bonheur. D’abord l’attente, les promenades sur la ligne de front, la contemplation des insectes, des animaux ou des hommes, puis la campagne de Belgique et de France, le nihilisme brutal du Grand Forestier, si bien saisi dans les Falaises de marbre, dont on apprend que le titre originel était La reine des serpents…
« Les cathédrales considérées comme des fossiles endormis dans nos villes comme sous des sédiments tardifs. Mais nous sommes fort loin de déduire de ces proportions la vitalité qui se conjuguait avec elles et qui les a formées. Ce qui a vécu sous des apparences multicolores et ce qui les a crées, est plus loin de nous que les ammonites de la période crétacée ; et nous avons moins de peine à nous représenter un saurien d’après un os trouvé dans une carrière schisteuse. On pourrait également dire que les hommes d’aujourd’hui regardent ces œuvres comme un sourd voit les formes de violons ou de trompettes. »
« Logement à Wellschbillig. Je fus cantonné ici chez un paysan, dans une maison qui repose sur ses fondations depuis l’époque romaine. Après que j’eu un peu dormi, mon hôte m’envoya par Rehm une gamelle de pommes de terre rôties, avec du confit de bœuf, de quoi rassasier trois bûcherons. Les rapports de l’hôte avec le soldat sont particuliers en ce que, à l’instar du droit sacré d’asile, ils relèvent encore des formes de l’antique hospitalité que l’on accorde sans considération de personnes. Le guerrier a le droit d’être l’hôte dans toutes les maisons et ce privilège est un des plus beaux que lui confère l’uniforme. Il ne le partage qu’avec l’homme persécuté et souffrant. »
« Comme lecture du chemin de fer, le livre de Brousson sur France. Page 16, la fameuse citation de La Bruyère : « Un peu plus de sucre dans les urines, et le libre penseur va à la messe. » En effet, nous commençons à croire lorsque les choses vont plus mal pour nous. C’est alors aussi que nous accueillons des rumeurs, des couleurs, des sons, qui nous sont habituellement inaccessibles. »
« Je remarquais un peu plus tard que la présence des sept cent Français [prisonniers de la compagnie de Jünger après la campagne éclair de mai 1940] ne m'avait pas inquiété le moins du monde, quoique je ne fusse accompagné que d'une seule sentinelle, plutôt symbolique. Combien plus terrible avait été cet unique Français, au bois Le Prêtre, en 1917, dans le brouillard matinal, qui lançait sur moi sa grenade à main. Cette réflexion me fut un enseignement et me confirma dans ma résolution de ne jamais me rendre, résolution à laquelle j'étais demeuré fidèle pendant l'autre guerre. Toute reddition des armes implique un acte irrévocable qui atteint le combattant à la source même de sa force. Je suis convaincu que la langue elle-même en est atteinte. On s'en rend surtout compte dans la guerre civile, ou la prose du parti battu perd aussitôt de sa vigueur. Je m'en tiens là-dessus au "Qu'on se fasse tuer" de Napoléon. Cela ne vaut naturellement que pour des hommes qui savent quel est notre enjeu sur cette terre. »
E Jünger, Jardins et routes, Bourgeois éditeur, 1995.
23:24 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ernst jünger, michéa, orwell
22/09/2008
Orwell
« Nous étions dans un fossé, mais derrière nous s’étendaient cent cinquante mètres de terrain plat, si dénudé qu’un lapin aurait eu du mal à s’y cacher (…). Un homme sauta hors de la tranchée [ennemie] et courut le long du parapet, complètement à découvert. Il était à moitié vêtu et soutenait son pantalon à deux mains tout en courant. Je me retins de lui tirer dessus, en partie à cause de ce détail de pantalon. J’étais venu ici pour tirer sur des « fascistes »,mais un homme qui est en train de perdre son pantalon n’est pas un « fasciste », c’est manifestement une créature comme vous et moi, appartenant à la même espèce – et on ne se sent plus la moindre envie de l’abattre. »
G Orwell, Looking back on the spanish war, Œuvres complètes II, p. 254
21:06 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : orwell, fasciste, guerre d'espagne
20/09/2008
L'âme des progressistes
Ce qui est frappant dans le "Plan pic nic" de Borloo, idole des progressistes de tous bords, c'est le souffle et le coté visionnaire du projet.
Au moment ou on martyrise 65 millions de nos compatriotes pour abandonner leur auto, faire du vélo et manger avec leurs doigts, de l'autre côté de la planête, plus d'un milliard d'asiatiques, tous plus fourbes les uns que les autres par nature, abandonnent massivement leurs vélos pour faire l'acquisition de véhicules motorisés et ouvrent en douce chaque année une cinquantaine d'usines thermiques à charbon...
Or il ne me semble pas que le caractère dérisoire, pour tout dire abscon, de ce projet radieux, ait marqué mes contemporains, notamment ceux qui ambitionnent de sauver la planête.
Sans doute considèrent-ils que l'Occident seul est capable de mener pareille réflexion et pareils aménagements révolutionnaires. Peut-être même croient-ils que la mondialisation, qui n'est autre que la diffusion planétaire du modèle productiviste et consumériste occidental, porte en lui les anticorps qui lui permettront de surmonter ses contradictions propres.
Nul doute également que nos petits clercs adeptes de l'idéologie du progrès mais pétris d'ethno masochisme pensent, en leur for intérieur, qu'au moment même ou ce modèle de développement destructeur devient dominant, il n'est pas question d'interroger nos voisins sur la pertinence de ce choix.
Prôner sans le dire ouvertement la décroissance, c'est-à-dire abandonner ou réformer notre modèle économique, alors que le monde non occidental , notamment asiatique, découvre les joies du capitalisme originel et de l'industrialisation de masse, est sans doute éclairant sur le niveau de réflexion de notre ministricule.
Mais, bon. Vais vendanger, tiens, ça me changera.
08:22 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : borloo est un con
15/09/2008
Mort de l'homicide Hector
Achille, qui avait bu et mangé, venait d’achever son repas, et même la table était encore devant lui. Le grand Priam entra sans être aperçu ; et, s’approchant d’Achille, il lui prit les genoux et baisa ses mains terribles, homicides, qui lui avaient tué tant de fils. Lorsqu’un mortel, en proie à un fatal égarement, a commis un meurtre dans sa patrie, et que, réfugié sur une terre étrangère, il entre dans la maison d’un homme opulent, la stupeur s’empare des assistants : de même, Achille demeura stupéfait à la vue de Priam, semblable aux dieux : et ses compagnons, également stupéfaits, se regardèrent l’un l’autre.
Alors Priam, suppliant, lui adressa ces paroles : « Souviens toi de ton père, Achille égal aux dieux : il est de mon âge, et touche, comme moi, au terme fatal de la vieillesse. Peut-être des voisins l’assiègent et le pressent, et il n’a personne pour écarter de lui la ruine et la mort. Mais lui, du moins, en apprenant que tu vis, se réjouit dans son cœur ; et, de plus, il espère tous les jours voir son cher fils de retour de Troie. Mais moi, infortuné que je suis, j’avais engendré des fils vaillants dans la vaste Troie, et, pas un d’eux, je crois, ne me reste…Le seul que j’avais et qui défendais la ville et nous même, tu l’as tué naguère tandis qu’il combattait pour sa patrie : Hector n’est plus. C’est pour lui que je viens aujourd’hui aux vaisseaux des Grecs, et, pour te racheter son corps, j’apporte une magnifique rançon. Eh bien respecte les dieux, Achille, et, prends pitié de moi-même, au souvenir de ton père. Je suis plus à plaindre que lui : car j’ai pu faire ce que n’a fait encore aucun autre mortel vivant sur la terre : j’ai touché avec la main le menton de celui qui a tué mon enfant. » Il dit ; et Achille, en songeant à son père, sentit le besoin de pleurer ; il prit le vieillard par la main, et, le repoussa doucement. Tous deux se ressouvenaient : Priam, prosterné aux pieds d’Achille, pleurait abondamment l’homicide Hector ; Achille pleurait, tantôt son père, tantôt Patrocle, son ami ; et la maison retentissait de leurs sanglots. Quand le divin Achille se fut rassasié de larmes, il s’élança aussitôt de son siège, releva le vieillard en le prenant par la main ; et, touché de pitié pour cette tête blanche et cette barbe blanche, il lui adressa ces paroles ailées : « Ah! Malheureux, tu as supporté bien des maux dans ton cœur ! Comment as-tu osé venir seul vers les vaisseaux des Grecs, et paraître aux yeux de l’homme qui t’as tué tant et de si valeureux fils ? Tu as certes un coeur de fer. Mais allons, assieds-toi sur ce siège : quelque affligés que nous soyons, laissons les douleurs reposer au fond de notre âme : car rien ne sert de gémir amèrement. »
Achille, fils de Pélée, s’est vengé de la mort de son ami Patrocle en égorgeant Hector, fils de Priam et héros de Troie, puis en outrageant son cadavre, sous les murailles d’Ilion et sous les yeux de son épouse, Andromaque. Priam, protégé par Hermès, se décide à aller seul dans le camp des Grecs pour supplier Achille de lui rendre la dépouille de son fils et lui rendre les honneurs du bûcher.
L’entrevue du vainqueur redoutable et du vieux père suppliant est pour moi une des scènes les plus pathétiques de la poésie grecque ; ainsi, Achille se laisse fléchir et rend à Priam le cadavre de son fils. Alors, tandis que les Grecs, pour honorer la mémoire de Patrocle, célèbrent des jeux, les Troyens rendent à Hector les derniers honneurs. L’Iliade se termine sur le récit de ces funérailles.
(Achille gardant le corps d'Hector)
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14/09/2008
Assez rond, didier?
11:47 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : c'est trop facile, monsieur. vous êtes un pitre!
Lasch
« De nombreux militants de gauche s’insurgent encore contre la famille autoritaire, le moralisme anti sexuel, la censure littéraire, la morale du travail et autres piliers de l’ordre bourgeois, alors que ceux-ci ont déjà été sapés ou détruits par le capitalisme avancé. Ces radicaux ne voient pas que la personnalité autoritaire n’est plus le prototype de l’homme économique. Ce dernier a lui-même cédé la place à l’homme psychologique de notre temps -dernier avatar de l’individualisme bourgeois. »
(C. Lasch, La culture du narcissisme, éd climats, 2000, p 24)
11:22 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christopher lasch