20/11/2008
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Taggé par Helena, je me dois de tout dire…
1- Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Like a rolling stone
2 - Comment les autres vous voient-ils ? Un salaud de pauvre
3 - Quelle est l'histoire de votre vie ? C’est au moins du 16 ans…
4 - Quelle chanson pour votre enterrement ? L’amitié
5- Comment allez-vous de l'avant dans la vie ? je me dope
6 - Comment être plus heureux ? Voir les beaux yeux d’ingrid bergman + souvent (et de beaux uniformes vert-de-gris)
7- Quelle est la meilleure chose qui vous soit arrivé dans la vie ? La vie
8 - Pour décrire ce qui vous ravit ? free ride
9- Votre boulot, pour vous c'est ? A walk on the xild side
10 - Que devriez-vous dire à votre boss ? U talking to me?
11 - Pour vous l'amour c'est ? And then SHE kissed me
12 - pour vous la sexualité ça doit être ? Croze in munich
13 - Bloguer pour vous c'est ? Le vivre ensemble
21:03 | Lien permanent | Commentaires (2)
19/11/2008
Livre
« La rencontre avec le livre, comme avec l’homme ou la femme, qui va changer notre vie, souvent dans un instant de reconnaissance qui s’ignore, peut être pur hasard. Le texte qui nous convertira à une foi, nous ralliera à une idéologie, donnera à notre existence une fin et un critère, pouvait nous attendre au rayon des occasions, des livres défraîchis ou des soldes. Il peut se trouver, poussiéreux et oublié, sur un rayon juste à côté du volume que nous cherchons. L’étrange sonorité du mot imprimé sur la couverture usée peut arrêter notre œil : Zarathoustra, West-Ostlicher Divan, Moby Dick, Horcynus Orca. Tant qu’un texte survit, quelque part sur cette terre, fût-ce dans un silence que rien ne vient briser, il est toujours susceptible de ressusciter. Walter Benjamin l’enseignait, Borges en a fait la mythologie : un livre authentique n’est jamais impatient. Il peut attendre des siècles pour réveiller un écho vivifiant. Il peut être en vente à moitié prix dans une gare, comme l’était le premier Celan que je découvris par hasard et ouvris. Depuis ce moment fortuit, ma vie en a été transformée, et j’ai taché d’apprendre « une langue au nord du futur. »
George Steiner, Ceux qui brûlent des livres. 2003.
21:50 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : george steiner
17/11/2008
Socialisme émétique
Pourquoi les socialistes sont ils ridicules et si peu crédibles aujourd’hui ?
Quelle différence entre Coppé et DSK Bayrou, Royal ou Sarkozy ?
Comment un socialiste peut il prendre la tête du FMI ?
Pourquoi le Nouveau Parti Anti capitaliste fait il le plein ?
Pourquoi le congrès socialiste de Reims se résume-t-il à un affrontement de personnalités, sans réelle discussion politique ou programmatique ?
Parce que les socialistes n’existent plus.
C’était quoi le socialisme ?
Une idée, une réaction communautaire d’ouvriers et de fils de paysans confrontés à la révolution industrielle durant le 19 ème siècle, conscients de représenter la classe laborieuse et soucieux de défendre leurs intérêt, leur mode de vie, leur dignité, une certaine solidarité face au capitalisme bourgeois conquérant, dont Marx révélât assez tôt le caractère révolutionnaire et fondamentalement anti conservateur. (Contrairement à ce que pensent les âmes simples…)
Contre ce désordre établi issu de l’exode rural, des nouvelles méthodes de production, d’une atomisation du corps social et de la destruction des communautés organiques traditionnelles (familles, corporations, syndicats, communautés religieuses et villageoises), contre la logique d’aliénation portée par le système productiviste puis consumériste, ce socialisme était une tentative de conserver –le mot est important- une solidarité, une entraide, une dignité –si bien illustrée par le concept de common decency développé par Orwell- pour les hommes et les femmes qui prenaient conscience d’une solidarité d’intérêts, de classe.
Le mot conserver est important, car aux origines de ce mouvement, la tradition (tradere/ transmettre), l’honneur, l’enracinement dans une culture et des traditions, le bien commun, un certain conservatisme paraissaient bien naturel à tous, à rebours de nos modernes socialistes, adeptes de le religion du progrès, de la table rase et du nomadisme planétaire..
Certes, le paysage a change. La globalisation libérale qui n’est que ce troisième age du capitalisme (Alain de Benoist), déterritorialisé et tout puissant, se jouant des hommes, des politiques, des frontières, des Etats, des exigences sociales et juridiques, n’hésitant pas a délocaliser ses activités d’une pays a l’autre, d’un continent a l’autre pour maximiser ses profits en réduisant les coûts de production est aujourd’hui une réalité qui s’impose à tous. A une époque ou le chiffre d’affaires de GM est supérieur au PNB de l’Indonésie et ou l’économie financiarisée représente de 30 a 50 fois l’économie réelle, il est facile de comprendre la toute puissance de ces quelques firmes globalisées planétaires et l’impuissance des hommes, notamment politiques. L’économie, jadis enchâssée dans la vie des hommes au même titre que le politique, le social, le religieux, etc., s’est affranchie de toutes les tutelles, notamment la politique, pour devenir l’alpha et l’oméga de nos élites.
Cette démonie de l’économie, selon le mot d’Evola, est sans doute la caractéristique principale de ce monde moderne qui vit des sociétés avec marché devenir des sociétés de marché (Alain de Benoist), consacrant un basculement anthropologique complet, par rapport au monde antique (pré moderne), dans une logique utilitariste et mercantile que dénonçait Arendt dans La condition de l’homme moderne, montrant assez bien comment cet homo laborans, partie de la vita activa des sociétés antiques était méprisable au regard de ceux qui se consacraient à la politique, la contemplation ou le travail artistique (vita contemplativa), négation de toute activité servile, par essence réservée aux esclaves, parce que déshonorante. Au passage, rappelons l’étymologie de négoce, neg-otium, négation du temps réservé aux activités de l’esprit au profit d’activités utilitaires, nécessaires mais méprisables.
Mais nul besoin de remonter si loin dans le temps pour comprendre à quel point les leaders socialistes actuels, tous progressistes et pénétrés de ces valeurs bourgeoises désormais universelles (primat de l’argent, utilitarisme, progressisme, détestation de la tradition et de l’enracinement, culte de la représentation sociale, incompréhension totale de la gratuité et de l’honneur, vulgarité et arrogance sans limites, intolérance stratosphérique à tout ce qui n’est pas eux) sont l’antithèse absolue des valeurs originelles du socialisme et illustrent a merveille ces élites coupées du peuples, recluses dans leurs ghettos, cultivant la reproduction sociale mais prônant Bourdieu et Derrida, heureux bénéficiaires d’une mondialisation libérale qui transforme les sociétés occidentales en sablier (appauvrissement et prolétarisation des classes moyennes qui rejoignent les plus pauvres et enrichissement sans limite de cette nouvelle classe si bien épinglée par Christopher Lasch).
Historiquement la distinction droite gauche a pu porter successivement sur le fait révolutionnaire puis sur la question cléricale puis sur la question économique. Aujourd’hui rien ne sépare idéologiquement ces élites massivement ralliées au libéralisme économique et philosophique et au progressisme. Pour une raison simple : une matrice idéologique commune (renaissance, rationalisme, philosophie des lumières, individualisme, économie de marché). Ces élites bourgeoises acquises à la globalisation libérale sont ainsi fondamentalement en rupture par rapport aux valeurs traditionnelles et populaires enracinées dans une culture et une géographie. Les leaders socialistes n’ont plus rien à dire aux peuples européens car ils ne partagent plus les mêmes intérêts. Ces derniers qui ne leur accordent plus leur confiance et votent aux extrêmes ne s’y trompent d’ailleurs pas.
Que serait un socialisme authentique aujourd’hui ?
Peut-être une alternative crédible à ce « socialisme » émétique du fric et du spectacle si bien représenté par DSK, Hollande, Royal, Jospin, Aubry, Delanoë, Sarkozy et Bayrou…Une vision du monde non utilitariste ou le travail, l’argent, le négoce, l’usure, la production et la consommation, bref ces valeurs économiques et matérialistes si viles aux yeux des anciens seraient reconsidérées à l’aune de valeurs plus nobles comme la politique, le bien commun, la longue durée, le respect des hommes et du monde, le regard de l'au dela.
Dépasser cet horizon matérialiste misérable (bourgeois ou marxiste).
« Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire. » (H Arendt, Condition de l’homme moderne, 1958.)
Voila. Ci dessous un aperçu du Spectacle médiatique socialiste...
NB: ceci n'est pas une profession de foi politique...mais une critique de l'idéologie dominante du moment. Pour que les choses soient claires, je n'ai pas de positionnement politique bien établi..Julien Benda, l'auteur de La trahison des clercs, disait à qui voulait l'entendre qu'il se trouvait des idées de droite lorsqu'il parlait avec des gens de gauche et des idées de gauche en présence de gens de droite. Cela me correspond assez, finalement.
21:26 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : socialistes
15/11/2008
Au bord du gaz
« « La société a adopté, sans la moindre limite et sans le moindre contre pouvoir, l’intégralité des valeurs féminines », estimait récemment le pédiatre Aldo Naouri. De cette féminisation témoignent déjà le primat de l’économie sur la politique, le primat de la consommation sur la production, le primat de la discussion sur la décision, le déclin de l’autorité au profit du « dialogue », mais aussi l’obsession de la protection de l’enfant (et la survalorisation de la parole de l’enfant), la mise sur la place publique de l’intimité et les confessions intimes de la « télé réalité », la vogue de l’ « humanitaire » et de la charité médiatique, l’accent mis constamment sur les problèmes de sexualité, de procréation et de santé, l’obsession du paraître, du vouloir plaire et du soin de soi, (mais aussi l’assimilation de la séduction masculine à la manipulation et au « harcèlement »), la féminisation de certaines professions (école, magistratures, psychologues, travailleurs sociaux), l’importance des métiers de la communication et des services, la diffusion des formes rondes dans l’industrie, la sacralisation du mariage d’amour (un oxymore), la vogue de l’idéologie victimaire, la multiplication des « cellules de soutien psychologique », le développement du marché de l’émotionnel et de l’apitoiement, la nouvelle conception de la justice qui fait d’elle un moyen, non plus de juger en toute équité, mais de faire droit à la douleur des victimes (pour leur permettre de « faire leur deuil » et de « se reconstruire »), la vogue de l’écologie et des médecines douces, la généralisation des valeurs du marché, la déification du couple, et des problèmes de couple, le goût de la « transparence » et de la « mixité », sans oublier le téléphone portable comme substitut du cordon ombilical , la disparition progressive du mode impératif dans le langage courant, et enfin la globalisation elle-même, qui tend à instaurer un monde de flux et de reflux, sans frontières ni repères stables, un monde liquide et amniotique (la logique de la Mer est aussi celle de la Mère).
(…) Or, le père symbolise la Loi, référent objectif qui s’élève au-dessus des subjectivités familiales. Alors que la mère exprime avant tout le monde des affects et des besoins, le père a pour rôle de couper le lien fusionnel entre l’enfant et sa mère. Instance tierce qui fait sortir l’enfant de la toute puissance infantile et narcissique, il permet la rencontre de celui-ci avec son contexte social-historique, et lui permet de s’inscrire dans un monde et une durée. Il assure la « transmission de l’origine, du nom, de l’identité, de l’héritage culturel et de la tâche à poursuivre » (Philippe Forget). Faisant le pont entre la sphère familiale privée et la sphère publique, limitant le désir par la Loi, il s’avère par là indispensable à la construction de soi. Mais de nos jours, les pères tendent à devenir des « mères comme les autres ». « Ils veulent eux aussi être porteurs de l’Amour et non plus seulement de la Loi » (Eric Zemmour). Or, l’enfant sans père a le plus grand mal à accéder au monde symbolique. En quête d’un bien être immédiat qui n’a pas à affronter la Loi, l’addiction à la marchandise devient tout naturellement son mode d’être. »
Alain de Benoist, La société sans pères ou le règne de Narcisse. Eléments 2006.
22:20 | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : alain de benoist, aldo naouri, féminisation, eric zemmour, marchandise
perfect day
17:47 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : snatch
10/11/2008
Combat
« Au combat, qui dépouille l’homme de toute convention comme des loques rapiécées d’un mendiant, la bête se fait jour, monstre mystérieux resurgi des tréfonds de l’âme. Elle jaillit en dévorant geyser de flamme, irrésistible griserie qui enivre les masses, divinité trônant au dessus des armées. Lorsque toute pensée, lorsque tout acte se ramènent à une formule, il faut que les sentiments eux-mêmes régressent et se confondent, se conforment à l’effrayante simplicité du but : anéantir l’adversaire. Il n’en sera pas autrement tant qu’il y aura des hommes.
Les formes extérieures n’entrent pas en ligne de compte. Qu’à l’instant de s’affronter on déploie les griffes et montre les dents, qu’on brandisse des haches grossièrement taillées, qu’on bande des arcs de bois, ou qu’une technique subtile élève la destruction à la hauteur d’un art suprême, toujours arrive l’instant où l’on voit flamboyer, au blanc des yeux de l’adversaire, la rouge ivresse du sang. Toujours la charge haletante, l’approche ultime et désespérée suscite la même somme d’émotions, que le poing brandisse la massue taillée dans le bois où la grenade chargée d’explosif. Et toujours, dans l’arène où l’humanité porte sa cause afin de trancher dans le sang, qu’elle soit étroit défilé entre deux petits peuples montagnards, qu’elle soit le vaste front incurvé des batailles modernes, toute l’atrocité, tous les raffinements accumulés d’épouvante ne peuvent égaler l’horreur dont l’homme est submergé par l’apparition, l’espace de quelques secondes, de sa propre image surgie devant lui, tous les feux de la préhistoire sur son visage grimaçant. Car toute technique n’est que machine, que hasard, le projectile est aveugle et sans volonté ; l’homme, lui, c’est la volonté de tuer qui le pousse à travers les orages d’explosifs, de fer et d’acier, et lorsque deux hommes s’écrasent l’un sur l’autre dans le vertige de la lutte, c’est la collision de deux êtres dont un seul restera debout.
Car ces deux êtres se sont placés l’un l’autre dans une relation première, celle de la lutte pour l’existence dans toute sa nudité. Dans cette lutte, le plus faible va mordre la poussière, tandis que le vainqueur, l’arme raffermie dans ses poings, passe sur le corps qu’il vient d’abattre pour foncer plus avant dans la vie, plus avant dans la lutte. Et la clameur qu’un tel choc mêle à celle de l’ennemi est cri arraché à des cœurs qui voient luire devant eux les confins de l’éternité ; un cri depuis bien longtemps oublié dans le cours paisible de la culture, un cri fait de réminiscence, d’épouvante et de soif de sang. »
Ernst Jünger, La guerre comme expérience intérieure. 1922.
Paths of glory, 1957, S Kubrick.
Je vous entends dèjà: "oui, hoplite a un coeur de midinette, il nous refourgue toujours la scène finale des Sentiers de la gloire ou die schöne mädchen fait chialer les poilus, ça suffit, salaud, avoue!..."
Précisément, cette scène est bouleversante car comme au combat décrit par Jünger, les masques tombent. Ces hommes endurcis, aguerris, qui ont vu l'horreur de prés et qui n'en reviendront pas indemnes -ou pas du tout, se mettent à chialer comme des gamins. L'humanité de ces soldats "aux yeux que mille terreurs avaient fait de pierre, sous le casque d'acier", recluse au fond d'eux-mêmes, explose et déborde sans pudeur.
L'humanité aussi des trois soldats innocents condamnés à mort pour l'exemple par une hiérarchie militaire bornée et implacable, malgré la défense extraordinaire du colonel/ avocat Dax, qui ne manque pas pour autant de nous montrer son torse nu et son brushing inaltérable.
Le contraste entre la description clinique de l'horreur -absolue- du combat (relire Orages d'aciers de Jünger et A l'ouest rien de nouveau de Remarque), la mise à nu de l'instinct de mort présent en chaque homme, la mécanique atroce qui condamne à mort des hommes en pleine boucherie et cette jeune fille apeurée et émouvante est extraordinairement beau.
"Je ne sais pas qui va gagner la guerre, mais quelle que soit sa fin, ce sera celle des Rauffenstein et des Boeldieu"
La grande illusion, 1937, Jean Renoir.
20:39 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : ernst jünger, la guerre comme expérience intérieure
09/11/2008
Clint and kyle
22:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : honkytonkman
Acculturation, élites et lassitude
Il y a quelques mois, j'écrivais ceci:
Je crois qu'il faut regarder les choses en face. L'acculturation, c'est-à-dire le changement d'identité culturelle ne peut se produire que lorsque la culture d'accueil est suffisamment désirable ou puissante pour s'imposer et que ceux qui arrivent ont le désir de s’approprier cette culture. La plupart des nouveaux européens sont issus de la civilisation musulmane et s'ils adoptent certains traits de la modernité occidentale, ils restent profondément des musulmans. Je ne peux m'empêcher de me mettre à leur place: l'occidental que je suis deviendrait-il un oriental si je devais vivre en terre d'islam? Très probablement non (je ne parle pas de religion ici, mais de façon de vivre, de culture).
Or il me semble que de nombreux décideurs nationaux et européens -ces élites mondialisées et anomiques, pétries de tiers-mondisme et de culpabilité- sous-estiment l'importance de l'enracinement culturel, civilisationnel et continuent à considérer les hommes comme des variables d'ajustement démographique ou économique sans histoire ni attachement, des citoyens du monde. Pour notre malheur et pour le leur. D'autres décideurs, savent qu'un homme ne change pas ainsi d'identité (surtout lorsque celle-ci est l'islam) et envisagent donc plus ou moins paisiblement la perspective d'un séparatisme européen à grande échelle, sachant qu'immanquablement ces nouveaux européens resteront fidèles à leur culture première (leur statue intérieure comme disait François Jacob) et ferons donc sécession à un moment ou à un autre. Sécession ethnique, sociale, culturelle, territoriale, religieuse.
La diatribe récente d'Erdogan (totalement politiquement incorrecte au regard de la propagande irénique de l'intégration sans douleur de Bruxelles) est intéressante dans ce contexte car elle montre sans fard l'attachement viscéral d'un homme à sa culture, et sa crainte de voir des Turcs devenir des européens, c'est-à-dire perdre leur identité Ottomane. Tout homme raisonnable devrait être d'accord avec la vision réaliste - la weltanschauung- d'Erdogan.
Mais l'identité européenne, qui devrait être défendue avec la même ardeur, la même foi, par nos "élites", et qui devrait se projeter dans un corpus de valeurs non négociables par les nouveaux migrants désireux de s'établir en Europe, semble ne plus exister. La dimension culturelle, historique, civilisationnelle de notre identité est constamment niée ou dépréciée par ceux-là mêmes qui devraient la promouvoir; pour de multiples raisons. N'importe quelle culture primitive ou seconde à droit de cité, notamment en France, mais curieusement notre culture occidentale, européenne, est seule méprisable et indigne d'être portée et enseignée avec fierté.
On me rétorquera que cet état de fait est conjoncturel, que notre histoire récente, à nous européens, est trop dramatique (guerres civiles européennes, décolonisation, totalitarismes, etc.) pour que nos petits clercs pétris d'ethno masochisme puissent apprécier son génie propre sur la longue durée. Certes. On me dira encore que l'histoire récente des pays de l'est européen recouvrant leur culture après un demi-siècle de colonialisme soviétique montre assez à quel point une civilisation ne se perd point facilement. D'autres encore évoquerons l'héroïque reconquista chrétienne de la péninsule Ibérique après sept siècles de colonisation arabo-musulmane...et nous sommes d'accord la dessus: notre identité européenne n'est sans doute pas prés de se perdre, même si elle n'est pas reconnue, même si elle est méprisée, par nos dirigeants.
Pour revenir aux mots du leader turc Erdogan, et considérant que cette acculturation n'est pas possible au plus grand nombre, la question clef, dans nos pays démocratiques soumis à la loi de la majorité, devient l'importance des populations non européennes au sein de notre continent, le nombre. S'il est difficile aujourd’hui de considérer comme le faisait le Général De Gaulle que les Européens sont un peuple de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne, c'est en raison de la rapidité et de l'importance des transformations démographiques et culturelles à l'échelle continentale... Sept siècles, c'est un peu long.
« « Le plus grand péril qui menace l’Europe, disait encore Husserl, c’est la lassitude. » La perte d’énergie, la fatigue d’être soi. Le désir d’oubli de soi, non pour retrouver une innocence perdue qui pourrait être la condition d’un nouveau départ, mais pour s’endormir plus aisément dans le nihilisme bruyant, le repli sur la sphère privée et le confort narcissique de la consommation. Pour Carl Schmidt, la figure de Hamlet représentait l’extrême difficulté qu’il y a à trancher, alors même que des questions existentielles sont en jeu. L’indécision résulte d’une inadéquation de la volonté à la réalité : lorsque la volonté est indécise, il n’y a plus avec le réel que la possibilité d’une rencontre. L’histoire, elle, continue à se déployer à l’échelle planétaire, de par son propre jeu ou sous l’effet de la volonté des autres. La politique, c’est l’histoire en action. Mais où est le grand dessein politique, qui pourrait réunir et donner des raisons d’espérer. Etre ou ne pas être ? L’Europe, aujourd’hui, c’est Hamlet. » (Alain de Benoist, Editorial Eléments été 2007)
La lassitude, la fatigue, le désir d’oubli de soi. Puis le nihilisme bruyant, le confort narcissique de la consommation…tellement vrai.
En relisant ces quelques lignes, je me trouve un peu naïf au sujet de nos élites Européennes. Au fond j’imaginais des individus soit ignorants des réalités soit très au courant des réalités mais bien disposés à ne pas sortir du mainstream politiquement correct pour ne pas nuire à leur carrière. Ce qui reste sans doute valide pour un certain nombre. Mais je sous estimai complètement l’absence totale de sentiment d’identité, d’attachement, d’enracinement à une culture, une terre ou ne serait-ce que des traditions. Et plus encore la détestation et la diabolisation absolue de toute pensée ou sentiment de ce genre au regard de cette idéologie du Même qui leur tient lieu de corpus doctrinal.
En ce sens, le divorce définitif entre, d’un côté, ces élites anomiques acquises à la mondialisation et toutes puissantes entourées de leurs cours d’experts et, de l’autre, les peuples européens encore enracinés dans une culture et des traditions populaires, est à la fois éclairant et terrible car il me parait clair, au regard des campagnes successives de diabolisation de tout sentiment populaire et identitaire, que les peuples (pas seulement européens) ont perdu, peut-être définitivement, la possibilité de prendre en main leur destin.
Récemment, en lisant La condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt, j’ai compris à quel point je me trompais, sans doute, dans le sentiment d’une filiation directe entre la civilisation occidentale européenne et la Grèce. Je m’explique. Il est une banalité aujourd’hui de considérer que l’héritage antique Grec et Romain labouré par 1500 ans de christianisme sont à l’origine de notre civilisation occidentale. D’un simple point de vue linguistique, politique, littéraire, artistique, etc.
Mais Arendt montre de façon extrêmement convaincante à quel point cette anthropologie utilitariste et ce culte de l’avoir qui sont l’alpha et l’oméga de nos élites contemporaines se situent aux antipodes de la pensée Grecque. A quel point cette « humanité bourgeoise » (Arendt était fondamentalement anti totalitaire et n’était pas socialiste), ce culte de l’argent, fondateur de la modernité représentent un renversement anthropologique complet par rapport à l’être du citoyen Grec.
J’entends par là que l’homo économicus (ou l’homme psychologique pour Lasch) d’aujourd’hui aurait bien du mal à se reconnaître dans le citoyen grec pour qui le travail-en tant que nécessité- était une valeur éminemment servile donc méprisable, à l’opposé de la vie contemplative ou des activités artistiques. Le travail, caractéristique de la sphère privée, au même titre que l’activité économique renvoyant au niveau de l’« homo laborans » c’est-à-dire au niveau strictement vital et animal de l’utilité. Les activités contemplatives, politiques ou artistiques se confondant au contraire avec le domaine public.
Arendt écrit ainsi que la modernité a progressivement consacré la prévalence du travail et favorisé l’extension de la sphère privée au détriment de la sphère publique ou s’exerce la qualité de citoyen.
« Dans cette société, qui est égalitaire, car c’est ainsi que la travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d’aristocratie politique ou spirituelle, qui puissent provoquer une restauration des autres facultés de l’hommes [non utilitaires]. Même les présidents, les rois, les premiers
ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie de la société, et parmi les intellectuels il ne reste que quelques solitaires pour considérer ce qu’ils font comme des œuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. »
20:10 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : acculturation, islam, modernité, occident, orient, alain de benoist, arendt
08/11/2008
Saturday night: Begbie's back, We don't pay mooks, ça mitraille sec!
19:23 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : trainspotting, mean streets
07/11/2008
Coaching progressiste, révolte des élites, friday list and coaching africain
Ici, la réalité dépasse la fiction.
Je vais y réfléchir et je reviens.
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"Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie."
"Dans une mesure inquiétante, les classes privilégiées -les 20% les plus riches de la population, pour prendre une définition large- ont su se rendre indépendantes non seulement des grandes villes industrielles en pleine déconfiture mais des services publics en général. Elles envoient leurs enfants dans des écoles privées, elles s'assurent contre les problèmes de santé en adhérant à des plans financés par les entreprises où elles travaillent et elles embauchent des vigiles privés pour se protéger contre la violence croissante qui s'en prend à elles. Elles se sont effectivement sorties de la vie commune."
"Les mêmes tendances sont à l'oeuvre dans le monde entier. En europe, les référendums qui se sont tenus sur la question de l'unification ont révélé une faille profonde et qui va en s'élargissant entre le monde politique et les membres plus humbles de la société qui redoutent que la CEE ne soit dominée par des bureaucrates et des techniciens dépourvus de tout sentiment d'identité ou d'appartenance nationale. Une Europe gouvernée de Bruxelles sera de leur point de vue de moins en moins sensible au contrôle des peuples. Le langage international de l'argent parlera plus fort que les dialectes locaux. Ce sont ces peurs qui sont sous-jacentes à la résurgence des particularités ethniques en Europe, tandis que le déclin de l'Etat-nation affaiblit la seule autorité capable de maintenir le couvercle sur les rivalités ethniques. Par réaction, la renaissance du tribalisme renforce le cosmopolitisme chez les élites."
Cristopher Lasch, La révolte des élites, 1996.
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Et pendant ce temps, chez nos amis progressistes africains, nouveau prolétariat opprimé de ce monde globalitaire, la routine... (via Polydamas et Causeur)
"Personne n’aura remarqué une dépêche de l’agence Reuters faisant part de la lapidation, le 28 octobre, d’une enfant somalienne de 13 ans à Kismayo. Son crime ? Avoir été violée par 3 adultes, alors qu’elle se rendait à pied à Mogadiscio pour y visiter sa grand-mère… Et d’avoir eu la naïveté d’aller se plaindre aux autorités, croyant se placer ainsi sous leur protection… Verdict : la petite victime a été condamnée à la mort par lapidation pour adultère. Conformément à la tradition, la sentence a été exécutée en public devant plusieurs centaines de spectateurs enthousiastes. Peu soucieuses sans doute de pousser au choc des civilisations, les organisations féministes auront été d’une efficacité exemplaire dans la non-médiatisation de ce crime. A moins qu’elles aient été trop occupées à dénoncer le risque mortel que McCain et Palin représentaient pour les droits des femmes du monde entier…"
Mais que font les chiennes de garde, bordel? la ligue des droits de l'homme? Saint Obama? Rama machin? Carli Bruna? (vous me direz, cette gamine n'était pas une terroriste d'extrême gauche, mais quand même), l'abbé pierre? merde il est mort, euh Cécilia? merde elle est partie, pff, frère Tarik?
Rien. Pourquoi? Parceque les africains -aux yeux de nos modernes- sont des victimes, des irresponsables, des sous hommes, quoi qu'ils fassent. Une sous humanité juste bonne à être éduquée au Progrès et aux Droidlom par une heureuse mondialisation unificatrice. Mais ils préfereraient se faire crucifier (raçines chrétiennes) plutôt que de l'admettre, ces enfoirés donneurs de leçon. Après tout, cela n'est qu'une incivilité, pas plus, faut regarder la situation sociale, aussi, merde! Et puis toutes les cultures ne se valent-elles pas? Humm? Et au nom de quoi pourrions nous leur donner des leçons de civilité -de common decency? Allons, un peu de sérieux.
Contrairement à ces tartufes adeptes de l'idéologie du même, j'ai une approche différentialiste de ce type de problème; les Africains sont autres, ils ont une culture, une civilisation différente, éminement choquante pour nous occidentaux par certains aspects, mais éminement respectable en soi sur le fond. Par exemple, nos modernes considèrent que l'extermination annuelle dans nos hopitaux de 250.000 gamins dans le ventre de leur mère est un droit (faisant de l'avortement de masse la première cause de mortalité en Europe). Pas une horreur, un mal nécessaire. Un peu comme les somaliens: une gamine violée par trois hommes doit être lapidée, pour laver l'honneur de la famille (de la gamine, pas des violeurs...). Un mal nécessaire.
Et puis elle a quand même été "enterrée vivante jusqu'au cou" avant d'être lapidée par une foule festive et enthousiaste, suivant la loi coranique. Lapidée une première fois puis déterrée mais des infirmières ayant constaté qu’elle était encore vivante, elle a été remise en terre pour être achevée à coup de pierre.
Il y a quand même une certaine humanité qui s'exprime dans ces circonstances, non (l'infirmière, le travail bien fait)?
Bon WE
19:00 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : my dads gone crazy
05/11/2008
Black is beautiful or "Yes we cannot!"
Difficile d’y échapper. Le nouveau président américain est noir. Et ?
Je trouve étonnant de voir à quel point la couleur de peau de cet homme est mise en avant. Comme si l’important n’était pas surtout l’histoire, les idées, le programme politique, la weltanschauung de cet homme. Comme si la couleur de peau de cet homme était une victoire en soi. Mais contre qui ? Ou pour qui ?
Surtout de la part de milieux progressistes – à gauche notamment- dont la posture anti raciste s’accommode très bien, curieusement, d’une obsession de la couleur de la peau…Homo métis, le nouvel idole.. Au passage, tout le monde s’accommode fort bien d’un vote noir massif en faveur d’Obama (pas question alors de vote ethnique ou raciste) alors qu’une victoire de Mc Cain avec l’essentiel des votes blancs aurait immanquablement déclenché les commentaires habituels sur le racisme de l’Amérique blanche. Non ? Si ! De la à penser que pour nos éminences journalistiques le racisme ne s’exerce qu’à l’encontre des non occidentaux et des non blancs, il n’y a qu’un pas. Que je franchis.
Je ne suis pas naïf –pas trop- je sais bien que la couleur de la peau a un sens, notamment celle d’un métis aux USA. Même si Obama n’est pas descendant d’esclaves noirs déportés aux USA lors de la traite triangulaire. Et en ce sens, l’élection d’un métis fils de kényan -mais aussi éminent représentant de l'élite méritocratique américaine passée par Harvard, pas vraiment une victime donc- à ce niveau est véritablement révolutionnaire. Reste à savoir si son mandat le sera.
D’ailleurs on attend également avec impatience la désignation d’un leader issu de minorités ethnique et/ou religieuse dans le monde non occidental. A quand l’élection d’un leader chrétien ou Juif dans le monde musulman ? Ou d’un blanc au Nigeria ? Hmm ?
C’est vrai, pourquoi l’occident aurait-il seul l’apanage du progressisme métissophile et de la rupture ? Hein ? Parce qu’il a une histoire coloniale ? Humm, OK, argument recevable. Comme les Turcs ou les arabo musulmans, alors ? Ou les Japonais ou les Chinois ? Non ? Pourquoi ?
Tant qu’on y est pourquoi ne s’interroge-t-on jamais sur l’absence –totale- de descendants d’esclaves africains dans le monde oriental, maintenant que l’on sait que la traite orientale a été au moins aussi importante sinon plus importante quantitativement et de toutes façons beaucoup plus cruelle et inhumaine que la traite occidentale ? Si tant est que l’on puisse graduer pareille souffrance. Que sont devenus ces millions d’Africains vendus par d’autres Africains à des marchands orientaux et revendus dans le monde musulman pendant plus de mille ans ? Et leurs familles ? Et leurs enfants ? Ben y a pas. C’est plus simple, vous me direz, pas de ghettos, pas de minorités, pas de revendications communautaires, pas de vote black et pas d’Obama.
A quand un leader afro oriental en Turquie ou au Yémen ? Jamais, ils sont tous morts. Un nouvel holocauste sans Mémorial ? Qu’on nous aurait dissimulé ? Non, vous ne trouverez pas la réponse dans le dernier Télérama…
Pour autant, la véritable révolution aurait sans doute été l’élection d’un descendant des véritables indigènes américains, c’est-à-dire un indien, Sioux, Comanche ou Séminole bref un first born. On compare souvent favorablement la révolution Américaine à la révolution Française en arguant de l’absence de terreur. C’est oublier un peu vite que 30 à 40 millions d’indigènes Américains furent exterminés par le fer, le feu et les maladies apportées par les européens qui construisirent cette « anti-europe », selon le mot de Jacques Rupnick, sur un champ de morts, un génocide. Un autre. Mais point de Nacht und Nebel non plus pour celui-ci. Allez savoir pourquoi.
Quand j’entends ces cris de joie, quand je vois ces visages ravis, ces appels au changement je me dis in petto que beaucoup risquent d’être rapidement déçus. Car cet homme a donné tant de gages aux puissances qui font les élections aux USA (lobby communautaristes, noirs, juifs, whasp, latinos, industriels, pétroliers, religieux, sans parler de puissances obscures genre Trilatérale, Bildeberg ou Eggs and skulls) que ses possibilités d’action –si tant est qu’il ait réellement le dessein d’agir- me paraissent d’emblée limitées. Et qu’il me parait probable qu’en dehors du Spectacle et du showbiz politico médiatique, la rupture ne soit que symbolique. Et que dans 4 ans il y ait toujours des soldats américains en Afghanistan et en Irak. Mais pas au Pakistan ni en Arabie Saoudite…À pourchasser les musulmans fondamentalistes révolutionnaires, autant aller les chercher ou ils sont. Non ?
Et que ce monde globalisé, globalitaire, soit de plus en plus américain et de moins en moins différencié.
A propos, la nomination d'Emmanuel Rahm comme bras droit du président, quelle rupture, putain, ça commence fort! Un ancien de Tsahal, de Freddy Mac, ex banquier et belliciste parmi les faucons, ça te ferait passer Richard Pearle pour un dangereux gauchiste! Quelle arnaque...Et parmi les "hommes du président" deux noirs (sa femme et son beau frère) et trente blancs! Yes we can!! Oh Oh Oh, sans déconner, quel foutage de gueule...
Au dela des apparences, Obama me parait donc évidemment autant le candidat du système que Mc Cain. Si Obama a récolté autant d'argent et de soutien (Lehman brothers, Salomon, Bill Gates, Buffet, The Wall street journal, ad lib), c'est parcequ'il incarne également le système, avec ce qu'il a de pire. Et que le black est trendy, coco. Jt'assure ça fait vendre. Un peu comme les fonds éthiques...
Cela dit, le changement serait le bienvenu. La possibilité d’une Amérique renonçant à cet imperium hors d’âge et dangereux et à cet unilatéralisme arrogant me parait être une bonne chose.
La fin d’un certain interventionnisme européen également. Je pense aux pressions exercées par l’administration néo conservatrice pour amener les européens à accepter la Turquie en Europe. Mais aussi au bombardement de la Serbie par l’OTAN et à la partition du Kosovo, second état musulman en europe. Ce qui ne veut pas dire que les européens seuls puissent avoir les ressources, simplement la volonté, de construire un projet politique européen cohérent.
Mais cela nous regarde et nous seuls. Qu'il change l'Amérique, why not? Your bizness... Pour le reste, si les européens n’ont plus envie d’exister, tant pis pour eux. D’autres prendront leur place. Ils sont déjà là, d'ailleurs.
NB: vous trouverez ici et ici quelques vérités utiles sur cette nouvelle figure christique qu'est Obama et que vous ne lirez pas dans la presse bien pensante et panurgesque.
(hommage au Major Tom du gang 5YL, Dylanophile éclairé)
18:06 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : obama, mc cain, europe, occident, traite orientale, traite transatlantique
03/11/2008
Hussein or sydney?
19:21 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : adriana est jolie
02/11/2008
Même pas mal
Ca s’est passé comme ça. L’autre soir, soirée binouze au pub irlandais du coin avec quelques potes boxeurs qui s’entraînent avec moi, et quelques filles jeunes et belles. Mais connes. Douzième pinte de guiness, l’or noir Irlandais, la conversation dérape, j’essaye de me rappeler sur quoi, pas moyen. Et la cette jolie brune qui me regarde en cherchant mon approbation, qu’elle attend toujours : « on est tous citoyens du monde, non ? »
Me rappelle de cet éclair de lucidité qui traversa mon cerveau noyé et ce dilemme terrible : rassembler mon éloquence en fuite et lui démontrer que non ou lui dire « ta gueule ». Ce fut « ta gueule ». Je crois que je pouvais pas faire mieux à ce moment là. C’est d’ailleurs un peu une de mes spécialités, l’outrance, foutre la merde, dynamiter une ambiance trop lisse. Me dessaper, draguer outrageusement une femme mariée avec son mec à côté…bref un salaud. Je repense à l’instant à la soirée d’Helena. Merde trop tard. Zu spät, fraulein !
Les citoyens du monde ça n’existe pas, bordel ! Que les choses soient claires, une fois pour toutes ! Pas plus qu’un changement avec Obama ou qu’une pensée un peu complexe dans la tête de Sarah Palin. Comme si le monde était une réunion de citoyens, c'est-à-dire une entité politique ce qu’il n’est pas, à l’évidence.
Cette idée de citoyenneté planétaire, très répandue dans le camp progressiste est éminemment intéressante car elle illustre cette idéologie du Même, si bien théorisée par Julien Freund. L’idéologie du Même, c’est le vieux rêve d’unification du monde, d’homogénéisation des peuples et des hommes, d’abolition des frontières, des différences, des couleurs de peau, des disparités, des inégalités, jugées arbitraires et insupportables. Un monde indifférencié.
C’est la doctrine chrétienne universaliste, sécularisée par nos modernes, et dont on peut suivre la trace : 1789, l’abolition des corps intermédiaires et des privilèges, un état nation qui ne reconnaît plus que des citoyens égaux devant la loi, la colonisation (émanciper des peuples « retardataires » pour en faire nos égaux), les doctrines égalitaristes totalitaires (un peuple communiant dans le culte du chef), enfin l’unification de tous et de tout par le marché globalisé.
Mais, paradoxalement, cette idéologie du Même (un homme devant Dieu, un citoyen devant l’Etat) qui est indissociable de l’individualisme libéral, produit la division en valorisant l’individu –atome- versus l’humanité, détruisant tous les corps intermédiaires et tous les formes de socialisation et d’enracinement des hommes (famille, armée, école, églises, corporations, syndicats, etc.). L’effondrement de ces structures communautaires produisant –en retour- la montée de l’état providence obligé de pallier les anciennes formes de solidarité mises à bas par l’individu roi, mais seul et désarmé.
Cette idéologie pseudo fraternelle a un revers, une dimension totalitaire car elle ne peut qu’exiger radicalement l’exclusion de tout ce qui ne peut pas être réduit au Même. L’altérité irréductible devient l’ennemi prioritaire (les Vendéens des révolutionnaires, les blancs pour les rouges, les bourgeois oppresseurs pour le prolétariat opprimé, le non musulman pour le musulman, etc.). Il y a donc des hommes qui sont exclus de ce cercle vertueux d’égaux. Il en est de même pour les idées ; si tous les hommes se valent, toutes les idées se valent également en théorie, ressort du relativisme ambiant. Or chacun sait que toutes les idées n’ont pas droit de cité dans nos contrées progressistes : toutes les idées non réductibles au même sont impitoyablement combattues au nom du Bien et de la Vertu versus l’hydre nationaliste, fasciste ou populiste, sans cesse renaissante (et qui évoque les heures sombres de notre histoire...). Toutes les idées ne se valent donc pas. Et c’est heureux.
Il y a une contradiction aussi entre cette idéologie du Même et cette amour de la diversité et du droit des peuples a disposer d’eux-mêmes que célèbrent en tous lieux nos élites…Car manifestement la diversité si célébrée par nos modernes ne doit pas sortir de certaines limites précises : la différence est respectée si ces peuples utilisent ce droit dans le sens de cet idéal unificateur ; imaginons une communauté primitive fondée sur l’homogénéité ethnique et ou raciale et confrontée au jugement de nos modernes...facile d’imaginer leur réaction et leur grande tolérance!
Contradiction également avec ce culte ahurissant -cette propagande devrais-je dire- du métissage célébré par notre cléricature moderne et mondialisée : comment peut-on à la fois célébrer le métissage et l’amour de la diversité qui en est la négation ? Comment peut-on matraquer à ce point les hommes et les peuples (européens en particulier) pour les amener au métissage (des êtres et des cultures) tout en prônant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? Inukshuk, qu'est-ce que je viens de dire? Tu suis pas, merde!
Au fond, c’est la hantise de l’incompréhension et de l’affrontement qui sous tendent cette idéologie du Même. Sous entendu, si les hommes se ressemblent tous, ils se comprendront mieux et la paix régnera…Amen.
A cette bouillie idéologique irénique et totalitaire, on peut opposer -comme le fait Alain de Benoist- la réflexion de rené Girard sur la violence de la rivalité mimétique, constante dans toutes les sociétés humaines et le fait que les hommes craignent plus le même que la différence, car le même est polémogène en soi. Alors que la diversité est fondamentale dans la construction d’une identité (soi versus l’autre). Ceux qui conçoivent l’identité comme un enfermement ont tort, car c’est le Même qui enferme le plus sûrement et qui conduit à la plus grande violence, contrairement au rêve rose de nos modernes.
Pour ADB encore, cette culture du Même, cette idéologie globalitaire, qui se confond avec la modernité, se résume en occident à l’éradication des modes de vie différenciés et ailleurs par l’imposition du modèle de développement productiviste/ consumériste occidental. L’imposition d’un horizon économique unique (monothéisme du marché) et moral indiscutable (droits de l’homme).
Tout ça pour une réflexion anodine, bordel. Que les âmes sensibles se rassurent, la jolie brune écervelée est sortie contre mon épaule car ivre morte, comme il se doit. (ci dessous, un homme enthousiaste dont il faut entendre la dernière phrase: "Il est le monde!")
21:13 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : binouze, citoyens du monde, anna arendt, julien freund, alain de benoist, helena
30/10/2008
The kind that drives you to drink...pity!
(la sublissime marie-josée Croze in Munich)
29/10/2008
Bordel, bulle idéologique et obscurantisme moderne
« Quand Fillmore revint avec sa négresse, elle avait les yeux de braise. Je compris à la façon dont Fillmore la regardait qu’elle avait dû en mettre un sacré coup, et je commençais à me sentir en appétit moi aussi. Fillmore dût se rendre compte de mes sentiments, et quelle épreuve ce devait être pour un homme de rester la, rien qu’à regarder tout le temps, car brusquement il tira un billet de cent francs de sa poche et, le faisant claquer sur la table, il dit : « Ecoute, vieux, tu as probablement plus besoin de tirer un coup que nous tous. Prends ça et choisis celle que tu veux ! » Je ne sais pourquoi ce geste me le rendit plus cher que tout ce qu’il avait jamais pu faire pour moi, et il avait fait beaucoup ! J’acceptais l’argent dans l’esprit ou il m’était donné, et je fis promptement signe à la négresse de se préparer pour une autre passe. Cela mit la princesse encore plus en rage que n’importe quoi, sembla-t-il. Elle voulait savoir s’il n’y avait personne dans ce bordel d’assez bon pour nous, hormis la négresse ! Je lui répondis brutalement : « Non » Et c’était vrai –la négresse était la reine du harem. Il suffisait de la regarder pour se mettre à bander. Ses yeux semblaient nager dans le sperme. Elle était saoule de toutes les demandes qu’on lui faisait. Elle ne pouvait plus se tenir droite, du moins me le semblait-il. En montant l’étroit petit escalier tournant derrière elle, je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes : et ainsi, nous continuâmes à monter, elle se retournant pour me regarder avec un sourire joyeux, et tortillant un peu le cul lorsque cela la chatouillait trop fort. »
H Miller, Tropique du cancer, 1934.
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« Cette bulle idéologique, la religion du marché tout puissant, a de grandes ressemblances avec ce que fût l’idéologie du communisme (…). Le rouleau compresseur idéologique libéral a tout balayé sur son passage. Un grand nombre de chefs d’entreprise, d’universitaires, d’éditorialistes, de responsables politiques ne juraient plus que par le souverain marché. » Les Echos, Paris, 7 octobre 2008.
Si même l’illustre éditorialiste des Echos, le sieur Favilla, nous le dit…Amen.
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Suis souvent surpris par le grand écart idéologique que font les plus fervents promoteurs des théories pédagogistes et novatrices au sein de l’Education Nationale –nos amis du désastre scolaire que Brighelli dans son blog épingle si bien, en patient entomologiste du monde scolaire
qu’il est. Il y a peu j’avais écrit –gerbé plutôt- ce que m’inspirait cet éloge absurde du film Entre les murs de l’idéologue invertébré Bégaudeau. Camille, du gang 5YL, a écrit un post qu’il faut lire également, pour entrevoir l’étendue du désastre.
Je dis grand écart idéologique car, sur le fond, il me semble que la plupart des bonnes consciences progressistes –de gauche comme de droite- ne voient pas la contradiction fondamentale qu’il y a à vomir quotidiennement le libéralisme économique d’un côté tout en adoubant, de l’autre, des théories éducatives et des principes anthropologiques qui ressortent directement de l’individualisme le plus libéral.
Je m’explique. Le contraste entre les moyens énormes mis au service de l’institution scolaire et les résultats dramatiques de la même institution montent assez bien à quel point –et contrairement à la rhétorique pavlovienne des syndicats d’enseignants sur le manque de postes et de moyens- il s’agit plus d’une crise civilisationnelle que d’une simple histoire de budget.
Au sens ou si l’école a changé, en mal, sous les coups des Lang, Meirieu, Langevin, Wallon et autres Bourdieu, adeptes de l’élitisme pour tous et de la massification de la culture, la société aussi.
La famille moyenne qui envoyait ses gamins les yeux fermés à l’école publique du quartier dans les années 50 ou 60 pour y acquérir, non pas une éducation qui était assurée par les parents, mais une instruction, n’est plus la famille d’aujourd’hui qui se décharge largement de son rôle éducatif sur l’institution qui, parallèlement, est de moins en moins à même d’assurer son devoir d’instruction.
Quels parents envoient aujourd’hui les yeux fermés leurs gamins à l’école du quartier ? Une minorité sans doute par aveuglement ou culte du métissage social…La majorité des parents n’ont plus confiance dans l’institution. Perte de légitimité et contestation du bien fondé de principes éducatifs impersonnels qui, jusqu’alors, paraissaient évidents à presque tous. Remise en cause du contenu et des méthodes. Pourquoi apprendre ? Quels savoirs ? Pour qui ? Les mêmes pour tous ? Ne faut il pas individualiser l’enseignement, mettre l’enfant au cœur du système ? L’aider à construire lui-même son savoir ? Respecter ses droits ? Rendre le savoir attractif ? Aller vers l’enfant ? Cesser de demander aux enfants de faire l’effort d’acquérir ce savoir ?
A bien considérer les choses, ce primat de l’individu –de l’élève- par rapport à la communauté, cette survalorisation de droits individuels ( apprendre, à construire son savoir, à bénéficier d’un enseignement individualisé et attractif, récusation de l’autorité, etc.) au détriment des devoirs de l'enfant (respect de l’autorité, de la figure du professeur, du savoir, humilité et reconnaissance devant ce travail d’individuation et de civilisation nécessaire voulu et organisé par la communauté), cette auto régulation des comportements (qui rappelle l'auto-régulation des marchés, la célèbre main invisible d'Adam Smith), ne sont que les manifestations les plus évidentes de cet individualisme libéral qui est aujourd’hui le credo de nos sociétés occidentales. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Au delà de cette contradiction –féconde pour ceux qui veulent bien s’y arrêter- entre la lecture d’Alternatives économiques et le devoir de vigilance citoyen à l’égard des droits de l’élève dans l’institution scolaire, tout cela me semble traduire une confusion générale sur la nature de l’école et sur les rapports entre l’individu –enfant- et la société en tant que communauté.
Christopher Lasch dans les années soixante dix, se posant la question de la compatibilité d’une éducation de masse et du maintien d’un enseignement de qualité, avait démystifié ce chaos moderne en montrant la convergence de vue entre conservateurs partisans d’un enseignement élitiste et jugeant préjudiciable au maintien d’une excellence scolaire l’ouverture de l’école au plus grand nombre et radicaux qui justifient l’abaissement du niveau d’enseignement au nom de l’émancipation culturelle des opprimés.
Pour autant, Lasch faisait le constat d’un abaissement du niveau éducatif dans les lieux mêmes d’excellence (Yale, Princeton, Harvard), assez réfractaires par nature, au dogmes égalitaristes. Et faisait l’hypothèse que cette évolution inquiétante était propre aux sociétés industrielles avancées, celle-ci n’ayant plus nécessairement besoin d’individus brillants autonomes et critiques, mais plutôt de sujets moyens, relativement abrutis, capables d’effectuer un travail moyennement qualifié et de se comporter en bons consommateurs…Connivence des acteurs économiques et politiques pour laisser filer l’enseignement de la littérature, de l’histoire, des sciences politiques et da philosophie, peu nécessaires à l’accomplissement consumériste et festif de l’homme moderne.
Avec pour résultat que l’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, avait fini par abrutir les privilégiés eux mêmes. On retrouve ce type d’analyse chez Renaud Camus lorsqu’il parle de la prolétarisation des classes moyennes et du corps professoral.
Ainsi, contrairement à l’esprit de l’institution qui était de former des citoyens éclairés capables de se diriger eux-mêmes, il semble que le système ne soit plus capable –hors quelques filières d’excellence soigneusement épargnées à dessein- que de produire des générations d’abrutis incultes et pour beaucoup analphabètes, tout juste aptes à obéir servilement aux campagnes promotionnelles, à opiner aux sommations d'une expertocratie auto proclamée et omni présente, et à célébrer comme il se doit l’avènement de cette société du Spectacle de masse dont parlait Debord.
Pourquoi, en effet, dans la perspective utilitariste d’efficacité et de rendement ou de retour sur investissement de nos modernes élites, perdre du temps et de l’argent à enseigner l’histoire ou la littérature à des individus massivement destinés à des emplois peu qualifiés et peu exigeants intellectuellement ? Pourquoi former de bons citoyens éclairés et autonomes lorsque des abrutis grégaires et festifs feront tourner la machine aussi bien –sinon mieux- et ferons de bons consommateurs ?
Et à cette prolétarisation globale des sociétés industrielles, la bureaucratie éducative progressiste à front de taureau répond en produisant à jet continu de nouveaux programmes scolaires (ou cycles) revus à la baisse, peu exigeants, axés sur la socialisation des enfants, les activités transversales ou extra scolaires destinées, non plus à les instruire, mais à les occuper.
Allez, stop.
18:49 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : henry miller, les echos, favilla, école, brighelli, bourdieu, lang
22/10/2008
Memel
Dans un post récent j’évoquais l’enfer du front russe et Guy Sajer. Sajer, jeune alsacien engagé à 17 ans dans la Wehrmacht va connaître toute la campagne de Russie, de Koursk à Kharkov, la bataille de Bielgorod, le passage du Dniepr, la retraite des derniers survivants de la Gross Deutschland à travers la Roumanie et les Carpates jusqu’au bord de la Baltique à Memel ou l’horreur atteint son comble.
Un récit hallucinant, une retraite homérique de jour comme de nuit, dans la boue, la neige, par -40°, sous le martèlement terrifiant de l’artillerie russe et le rouleau compresseur des vagues d’assaut inépuisables des soldats de l’armée rouge.
Il y a peu de temps j’ai relu en parallèle ce témoignage extraordinaire de Sajer et les carnets de guerre de Vassili Grossman, journaliste russe et correspondant de guerre pour Krasnaïa Zvezda (L’Étoile rouge) qui décrit la même guerre du côté soviétique, les mêmes batailles, la même souffrance, les mêmes hommes qui combattent et meurent parce que c’est la guerre et qu’ils n’ont pas le choix.
Rien de plus tragique ni de plus édifiant.
« Toujours il est en lui beaucoup de la bête, sommeillante sur les tapis confortables et bien tissés d'une civilisation lisse, dégrossie, dont les rouages s'engrènent sans heurts, drapée dans l'habitude et les formes plaisantes; mais la sinusoïde de la vie fait-elle brusquement retour à la ligne rouge du primitif, alors les masques tombent : nu comme il l'a toujours été, le voilà qui surgit, l'homme premier, l'homme des cavernes, totalement effréné dans le déchaînement des instincts. »
« L’essentiel n’est pas ce pour quoi nous nous battons, c’est la façon dont nous nous battons.»
(La guerre comme expérience intérieure - Ernst Jünger)
(…) Nous voici à Memel, nous les rescapés d’un moment ; Nous y sommes parvenus avec des camions tirés à bras d’hommes, avec des tanks locomotives qui tiraient derrière eux un convoi dont on les aurait crus incapables. Nous sommes parvenus au fond des choses. Tout ce qui possède encore un semblant de vie mécanique ou humaine, avance encore, oubliant ses plaies, bénissant le ciel de ce sursis de misère. Les bombardements ne ralentissent que ceux qui meurent d’une façon définitive. Les morts d’angoisse continuent à avancer, le regard flamboyant, parmi ceux qui s’écroulent et qui jalonnent la piste.
Memel vit encore sous ses flammes, sous son ciel opaque de fumée, sous ses ruines. Memel vit sous le vrillement des chasseurs bombardiers russes, sous celui de l’artillerie lourde, sous l’épouvante et la neige qui voltige.
Mais, une fois de plus, le vocabulaire est de peu d’aide pour exprimer ce que mes yeux ont pu voir. J’ai l’impression, finalement, que tout ce jeu de syllabes a été mis au point pour décrire des choses futiles. Une fois de plus, rien parmi les mots ne peut exprimer la fin de la guerre en Prusse. J’ai connu l’exode en France devant les troupes Allemandes auxquelles j’ai été incorporé ensuite, j’ai vu les mamans réclamer du lait dans des fermes paisibles, j’ai vu des chariots renversés, j’ai même été une fois mitraillé aux alentours de Montargis. Mais je ne garde de ceci qu’une toute petite inquiétude assez grisante, un peu comme d’un voyage qui n’a pas été tout seul. Et puis il faisait beau. Ici il fait froid, il neige et tout alentour est détruit. Les réfugiés meurent par milliers sans que quiconque puisse leur venir en aide. Les Russes, lorsqu’ils ne sont pas occupés par un contact avec nos troupes, poussent devant eux une marée de civils. Ils tirent au canon et foncent avec leurs chars parmi la masse épouvantée et pétrifiée. Ceux qui auront un peu d’imagination essaieront de brosser un tableau de ce que je tente d’expliquer. Jamais cruauté ne fut si pleinement atteinte, jamais le terme horreur ne parviendra à signifier ici ce qu’il veut dire.
Oui, nous sommes dans l’impasse de Memel. Dans ce demi cercle d’environ vingt kilomètres de diamètre, adossé à la Baltique dont la houle grise et froide roule sous le brouillard impénétrable. Dans ce demi cercle se rétrécissant sans cesse, qui tiendra on ne sait par quel miracle une grande partie de l’hiver. Dans ce demi cercle, harcelé par les bombardements continus et par les attaques permanentes venant des lignes Russes qui grossissent progressivement au fur et à mesure que les nôtres diminuent. Parmi des milliers et des milliers de réfugiés, dont la désolation ne pourrait être mentionnée par aucun commentaire suffisant, et qui attendent d’être évacués par la voie des mers avant que les troupes ne le soient vers la mi-décembre.
Memel en ruine ne peut ni abriter ni contenir cette importante partie de la population Prussienne qui s’est réfugiée dans son enceinte. Cette population à laquelle nous ne pouvons apporter que des secours virtuels, paralyse nos mouvements, endigue notre système de défense déjà si précaire. Dans le demi cercle de défense, vibrant du tonnerre des explosions qui couvrent les cris de toutes sortes, troupes anciennement d’élites, unités du Volkssturm, mutilés réengagés dans les services d’organisation de défense, , femmes, enfants, nourrissons et malades sont crucifiés sur la terre qui gèle, sous un toit de brouillard qu’illuminent les lueurs des incendies, sous le blizzard qui frôle d’une caresse froide l’avant dernier acte de la guerre. Les rations de nourriture sont si maigres que ce qui est occasionnellement distribué en une journée pour cinq personnes ne suffirait plus aujourd’hui à la collation d’un écolier. Des appels à l’ordre et aux restrictions sont sans cesse diffusés à travers la brume qui masque en partie le drame. De nuit comme de jour, des embarcations de toutes sortes quittent Memel avec un chargement maximum de monde. De nuit et surtout de jour, l’aviation soviétique les harcèle. Les énormes files de réfugiés, que l’on essaie vainement de recenser et qui s’avancent vers les pontons d’embarquement, offrent des cibles immanquables aux pilotes moujiks. Les impacts ouvrent des espaces épouvantables parmi la foule hurlante qui plie et meurt sous les coups, mais demeure sur place avec l’espoir féroce d’embarquer prochainement. On encourage à la patience, on invoque une fois encore le problème des super restrictions. En fait on propose à ces gens martyrisée de jeûner, en attendant la délivrance. Le drame est si grand que l’héroïsme devient banalité. Des vieillards se suicident, des femmes également, des mères de famille abandonnent leurs enfants à une autre mère en la priant de faire bénéficier son enfant de la ration qui lui aurait été accordée. Une arme ramassée prés d’un soldat tué fera l’affaire. L’héroïsme se mêle au désespoir. On encourage les gens en leur parlant de demain, mais ici tout perd de son importance.
Et les martyres assistent bien souvent au suicide de leurs semblables sans presque intervenir. Certains, dans un accès de démence qui atteint je ne sais quel stade, vont se tuer sur les silos de morts qu’une aide civile regroupe par endroits. Peut-être pour faciliter la tâche de cette entraide. La capitulation, quelle qu’elle soit, mettrait un terme à cette effroyable panique. Mais le russe a inspiré une telle terreur, manifesté une telle cruauté que l’idée n’effleure plus personne. Il faut tenir, tenir, coûte que coûte, puisque nous serons finalement évacués par la mer. Il faut tenir ou mourir. (…)
Le soldat oublié, Guy Sajer.
21:20 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : guy sajer, vassili grossman, le soldat oublié, front russe
19/10/2008
Miller
Relu Tropic of Cancer d’Henry Miller.
" ... J'habite Villa Borghèse. Il n'y a pas une miette de saleté nulle part, ni une chaise déplacée. Nous y sommes tout seuls, et nous sommes morts. ..."
C'est par ce paragraphe foudroyant que débute "Tropique du Cancer", l'un des livres qui, en son temps, choqua sans doute le plus les puritains de tout poil, notamment aux Etats-Unis où la censure l'interdit carrément pour ne lever son veto que bien tardivement après guerre - dans les années soixante, il me semble.
L'auteur était pourtant américain. Mais il est vrai que, dans ce "Tropique" qui fut, je crois, son premier ouvrage "achevé", Henry Miller n'hésite pas à traiter les New-yorkais se promenant sur la 42ème rue d' oies aveugles avant d'assener, à la fin du chapitre X :
" ... Il vaut mieux garder l'Amérique ainsi, toujours à l'arrière-plan, une sorte de gravure carte postale, que l'on regarde dans ses moments de faiblesse. Comme ça, on imagine qu'elle est toujours là, à vous attendre, inchangée, intacte, vaste espace patriotique avec des vaches, des moutons et des hommes au coeur tendre, prêts à enculer tout ce qui se présente, homme, femme ou bête ! Ca n'existe pas, l'Amérique ! C'est un nom qu'on donne à une idée abstraite ..."
Au-delà de certaines lignes d'une rare amertume, Tropique du Cancer, c'est avant tout un livre généreux (décidément je n’aime pas ce qualificatif, mais il s’accorde particulièrement bien à la nature de Miller), enthousiaste, féroce et impitoyable certes mais que parcourt sans cesse le rire immense et chaleureux de son auteur.
L'humour de Miller est noir - plus que noir souvent - mais il tient bon et s'entête à faire des pieds de nez à la vie et à ses absurdités, qu'il s'agisse de la faim, de la misère, de l'angoisse du lendemain, de celle d'écrire, des humiliations, de la vie de pique-assiette que l'auteur mènera longtemps –en Amérique et en Europe- en pleine connaissance de cause pour rester libre, de la maladie, de la Mort elle-même.
Le style est superbe, un mélange de sauvagerie et de rigueur, de tendresse et de truculence, le tout saupoudré d'une incroyable poésie qui passe fort bien l'épreuve de la traduction. Miller est de ces écrivains qui, comme le Céline du Voyage au bout de la nuit, écrivent en apparence au coup de poing mais pour qui l'écriture est à la fois un démon, une perfection et une longue mais voluptueuse souffrance. Sans doute l'un des plus européens parmi les Américains - avec James mais sur un autre registre.
21:57 | Lien permanent | Commentaires (5)
18/10/2008
Dans la jungle, bobos et chevrotines
Renaud n'assume pas sa biographie
Contrairement aux engagements fermes qu'il avait pris auprès de l'éditeur, le chanteur ne participe à aucune des émissions qui étaient programmées pour la sortie de «Renaud», biographie écrite par l'écrivain Christian Laborde et sortie chez Flammarion en septembre. Renaud, dit-on, serait mal à l'aise avec ce récit qui revient sur les vies de son grand-père maternel, membre du PPF de Doriot, et de son père, qui travaillait pendant la guerre à Radio-Paris. La famille n'apprécie pas ce retour sur le passé. Membre du comité pour la libération d'Ingrid Betancourt, pour qui il a composé une chanson - «Dans la jungle» -, l'artiste a été étrangement absent lors des réceptions entourant l'arrivée de l'ex-otage franco-colombienne en France. (Source)
Tu m’étonnes, un grand-père fasciste –horresco referens- et un père collaborateur…de quoi fendiller le récit hagiographique de bobo premier, pour nos amis modernes, adeptes du principe de culpabilité héréditaire et collective.
Une famille fasciste, sans déconner ! On ne le verra plus chez Drucker ce pauvre biquet.
Mais que fait le Miniver ? Le commissariat aux archives ? Winston, bordel, au boulot ! Une loi Gayssot II pour encadrer strictement les recherches sur les familles du camp du Bien et de la morale universelle !
Il est con Renaud, un parti de révolutionnaires communistes et nationalistes anti parlementaires de tous poils qui ne versent dans l’anti sémitisme que tardivement et dont certains, comme leur chef, vont même jusqu’à combattre la gangrène bolchevique sur le front Russe, jusqu’à Memel, y a pas de quoi fouetter un chat…Guy Sajer nous a fait vibrer avec ça. Et ça avait quand même une autre gueule que la fra-ter-ni-té de la pintade du Poitou. Il y avait une espérance révolutionnaire, une envie de transformer le monde, un idéal, certes condamné par l’histoire, mais authentique, sincère…des hommes de conviction, dirait-on aujourd’hui…
Otage de l’histoire de sa famille, l’enfer mémoriel.
Requiem pour un bobo.
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17/10/2008
Conchia fait yeah!
16/10/2008
Do you feel lucky razzy? (make my day son of a bitch)
"En effet, même si la France a eu pendant des années une politique coloniale en Tunisie, même si les Français d'origine tunisienne, et plus largement les Maghrébins ou les Français d'origine maghrébine (...), sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier (...) il n'en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n'est pas à humilier en sifflant son hymne", écrit M. Razzy Hammadi, secrétaire national du PS et tartufe d'or 2008.
contre la fièvre des enculés, une solution: iggy. so cool (level up)
allez, un suppo et au lit
19:09 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : il est joli clint. clotilde aussi