25/08/2010
au moins deux livres!
« (...) Nous sommes un drôle de peuple, dit le Major Parker. Pour intéresser un Français à un match de boxe, il faut lui dire que son honneur national y est engagé ; pour intéresser un Anglais à une guerre, rien de tel que de lui suggérer qu’elle ressemble à un match de boxe. Dites-nous que le Hun est un barbare, nous approuverons poliment, mais dites-nous qu’il est mauvais sportsman et vous soulèverez l’empire Britannique. »
« (...) Nous sommes comme ces jeunes Perses dont parle Hérodote et qui jusqu’à l’âge de vingt ans, n’apprenaient que trois sciences : monter à cheval, tirer à l’arc et ne pas mentir. »
« (...) Le révérend Mac Ivor, vieux chapelain militaire, au visage recuit par le soleil des colonies, acceptait cette vie guerrière et douloureuse avec l’enthousiasme d’un enfant. Quand les hommes étaient aux tranchées, il les visitait chaque matin, les poches bourrées de livres d’hymnes et de paquets de cigarettes. A l’arrière, il s’essayait au lancement de grenades et déplorait que son ministère lui interdit les cibles humaines… »
« (...) Le révérend Carlisle a été évacué le 12 septembre ; je désirerais savoir s’il va mieux et si une nouvelle affectation lui a été donnée.
La réponse de l’hôpital disait simplement :
-état stationnaire.
-destination inconnue.
La brigade, en me la transmettant, avait ajouté : « On ne comprend pas clairement si ce dernier paragraphe se rapporte à l’unité à laquelle sera éventuellement attaché le révérend Carlisle ou à son salut éternel. » »
« (...) J’ai jadis piloté à Londres, répondit le major, un chef arabe qui m’honorait de son amitié, et comme je lui avais montré la chambre des communes et expliqué son fonctionnement : « Cela doit vous donner bien du mal, me dit-il, de couper de couper ces six cents têtes quand vous n’êtes pas content du gouvernement. » »
" (...) Le Padre : « J’étais parti pour chasser le tigre quand en traversant la nuit un village perdu dans la jungle, un vieil indigène m’arrête : « sahib, sahib, un ours ! » Et il me fait voir dans l’arbre une masse noire qui bougeait. J’épaule vivement, je tire, la masse s’abat dans un bruit de branches cassées, et je trouve une vieille femme que j’avais démolie pendant qu’elle cueillait des fruits. Un autre vieux moricaud, le mari, m’accable d’injures ; on va chercher le policeman indigène. Je dus indemniser la famille : cela me coûta des sommes folles, au moins deux livres.
L’histoire fut vite connue à vingt miles à la ronde. Et pendant plusieurs semaines, je ne pus traverser un village sans que deux ou trois vieux se précipitent : « sahib, sahib, un ours dans l’arbre. »
Je n’ai pas besoin de vous dire qu’ils venaient d’y faire monter leurs femmes »
(Les silences du colonel Bramble, André Maurois, Grasset 2003)
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Ahh, les silences du colonel...
Une chronique de la vie d’un état-major Britannique dans les Flandres en 1914 composé de quelques personnages hauts en couleur : Aurelle, le narrateur, le pontifiant Major Parker, le spirituel docteur O’ Grady, le brave révérend Mac Ivor -surnommé « Le Padre », et le fameux colonel Bramble qui ne dit pas grand-chose, écoute des airs de valse et interrompt parfois ses compagnons d’un borborygme sonore…
Un des quelques livres qui me font ricaner nuitamment! si! (avec Muray et BHL)
Il y a quelques semains je l'ai offert à un de mes vieux patients mourants qui s'emmerdait en médecine interne, en attendant la faucheuse. Il ne l'avait jamais lu, ce gars qui me débitait du Cioran à longueur de consultation. sans déconner. repose en paix, mon ami. Sa fille de 15 ans qui a trouvé le petit livre avec quelques mots de moi dans ses affaires peu aprés sa mort m'a laissé un message émouvantissime. Je lui avait dit qu'elle pouvait être fière d'avoir un père pareil. Peut-être personne ne le lui avait-il jamais dit, bordel. Le genre de truc qui me redonne de l'espoir mais dés que je vois les choses de plus haut je comprends qu'il s'agit d'une petite minorité...
pas de quoi bouleverser l'hégémonie culturelle progressiste de nos modernes clowns invertébrés (comme disait Gramsci -l'hégémonie culturelle, pas les clowns). Hélas.
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22/08/2010
cosmopolites
"Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie !"
Julien Freund.
pour aller plus loin:
1- http://www.grece-fr.net/textes/_txtWeb.php?idArt=694
2- http://vouloir.hautetfort.com/archive/2007/05/26/eajf.html#more (merci jean-pierre)
et lire le livre de Taguieff, en guise d'introduction+++
22:08 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : julien freund
19/08/2010
bonheur
Repassé ce jour à l’abbaye du Bonheur, sous le col de la Serreyrède et dans le massif del’Aigoual. J’y étais passé dans mes vertes années sans, peut-être, saisir la beauté du lieu.
De cet hôpital édifié en 1002, secondairement occupé par quelques chanoines, ne subsistent que quelques pans de murs épargnés par les guerres de religion, les camisards et les pillages divers. L’hôpital possédait une cloche (volée par les Camisards en 1705) destinée à guider pauvres et pèlerins en transit, la nuit ou dans le brouillard. Au milieu du XIIème siècle, la présence de six chanoines Augustiniens et rattachés au chapitre de Nîmes, est attestée. Cette abbaye était située à un endroit stratégique : la draille reliant la vallée de Valleraugue et le Languedoc aux causses cévenols et au Rouergue, passage obligé pour les transhumants ainsi que pour les nombreux pèlerins et voyageurs.
Le tympan du portail de l’église a été retrouvé tout récemment (1996) et représente sur une pierre monolithe en grès en forme de demi-lune, une main bénissante au centre, entourée de deux disques représentant le soleil et la lune, eux-mêmes entourés d’étoiles, symbolisant l’unité du cosmos et marquant pour le fidèle, le passage du monde profane au monde sacré. Ce tympan magnifique qui rappelle combien l’artiste roman avait toujours la volonté d’instruire - d’édifier moralement- le croyant, bien souvent illettré, était entouré d’un arc (archivolte) constitué de claveaux cannelés qui rappellent de façon saisissante l’aspect des dalles de schiste des Cévennes. C’est d’ailleurs une banalité que de noter à quel point tous ces édifices religieux –mais aussi militaires- médiévaux s’intègrent parfaitement dans le paysage minéral du lieu, les architectes d’alors utilisant la pierre (grés, schiste et granit en l’occurrence) et les matériaux de construction de la proche région, afin de diminuer les coûts de transport.
De l’église ne persistent qu’une partie de l’abside semi-circulaire autrefois voûtée en cul de four dont tout le parement extérieur fut pillé. Une nef unique en belles pierres de taille (grès) s’élevait avec une voûte en berceau du deuxième âge roman, une partie du transept saillant restant apparent. La plupart des autres bâtiments de l’abbaye sont en ruine, une bâtisse basse faisant office d’étable subsistant à proximité immédiate de l’abside, orientée à l’Est.
On arrive à l’abbaye du Bonheur (du nom d’un ruisseau proche) à partir du col de la Serreyrède, par un court chemin forestier ou à partir de Camprieu, par une belle draille d’allure mégalithique avec de larges parements de pierre entourée de prés parsemés de boules granitiques et de bouquets de hêtres. Sur les pierres de pavement de la draille, on aperçoit par endroit la trace des milliers de roues de charrois qui y passèrent. Les collines à l’entour, pelées et parsemées de limites de pâtures en pierre doivent figurer assez justement l’aspect que devait avoir l’ensemble du massif avant qu’il ne soit reboisé par deux hommes d’exception, Georges Fabre et Charles Flahaut, qui, à la fin du XIXème siècle, et devant les crues dramatiques de l’Hérault et l’ensablement du port de Bordeaux (le col de la Serreyrède se situe sur la ligne de partage des eaux Atlantique/Méditerranée), oeuvrèrent pour reboiser les pentes surexploitée pour le bois de construction, les mines de plomb et de zinc, les activités de fonderie et de charbonnage et les troupeaux transhumants. Quelques meutes de loups sont encore signalées dans la région en 1883.
L’ensemble, bien dégradé par les guerres de religion et la révolte des camisards, fut vendu comme bien national à la révolution, puis laissé à l’abandon avant de servir de carrière, comme souvent.
19:56 | Lien permanent | Commentaires (7)
14/08/2010
reprise
"Paul Krugman, le prix nobel et éditorialiste du NYTimes a publié un article qui aurait dû être repris par toute la presse européenne. Rien. A la une du journal, il explique que les Etats sont en train d'éteindre leurs lumières et de fermer les routes qu'ils ne peuvent plus entretenir faute de moyens: "The lights are going out all over America — literally. Colorado Springs has made headlines with its desperate attempt to save money by turning off a third of its streetlights, but similar things are either happening or being contemplated across the nation, from Philadelphia to Fresno". Pendant que les vampires des banques se mettent des millions dans leur portefeuille, le système urbain part en c... selon l'expression populaire. Kurgman insiste sur que le fait que certaines routes sont même "dépavées": "Meanwhile, a country that once amazed the world with its visionary investments in transportation, from the Erie Canal to the Interstate Highway System, is now in the process of unpaving itself: in a number of states, local governments are breaking up roads they can no longer afford to maintain, and returning them to gravel". Vous voyez à quel point notre presse nationale est muselée, ou aveugle, au choix. "Teachers are being laid off; programs are being canceled; in Hawaii, the school year itself is being drastically shortened. And all signs point to even more cuts ahead". Le plus sidérant avec les Américains est qu'ils ne se révoltent pas de voir leur pays détruit par le plus grand hold up jamais réalisé sur le peuple par une poignée d'oligarques. Lire Krugman ici. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.jovanovic.com 2008-2010"
17:47 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jovanovic, krugman
10/08/2010
Anatomie du chaos (7): le retour de Dieu
Pleinement conscient du credo politiquement correct et progressiste qui fait de l’Islam « une religion de paix » et des musulmans « une communauté tolérante respectueuse des valeurs occidentales », j’ai tenté de saisir le caractère totalitaire de cette religion d’amour..
L’Islam est une doctrine à deux versants, l’un religieux, l’autre politique: la plupart des dispositions islamiques ne relèvent pas de la religion, mais de la politique (le statut des dhimmis, le jihad, la division du monde en dar al islam et dar al harb, le statut des femmes, le principe des droits inégaux- les hommes ont plus de droits que les femmes, les musulmans plus de droits que les non musulmans-, le rejet du principe de laïcité, l’interdiction de la pensée dissidente, et bien d’autres). Ces dispositions font de l’islam, non pas une religion au sens moral ou le christianisme et le judaïsme sont des religions, mais une théocratie, c’est à dire un système politique fondé sur une idéologie religieuse. Ce qui concerne la religion (dîn) est l’héritage de la prédication religieuse de mahomet, forme 10% de l’islam et est une religion. Ce qui concerne la sociéte (dunyâ) et l’état (dawla) est l’héritage de l’action politique, administrative et guerrière de mahomet. Cette part forme 90% du coran et de l’islam et c’est une idéologie politique. Certains pensent que l’application des dispositions politiques pourrait conduire à un système de même nature que les totalitarismes qui dévastent la planète depuis 5000 ans, et qui ont culminé lors du XX éme siècle. L’intolérance et les limitations de libertés évidentes dans les pays régis par une majorité islamique, peuvent-elles conduire à un système totalitaire ?
Certains pensent que l’application des dispositions politiques pourrait conduire à un système de même nature que les totalitarismes qui dévastent la planète depuis 5000 ans, et qui ont culminé lors du XX éme siècle. L’intolérance et les limitations de libertés évidentes dans les pays régis par une majorité islamique, peuvent-elles conduire à un système totalitaire ?
Les régimes totalitaires partagent certaines caractéristiques principales : quid de l’Islam politique?
1-la régression de l’individu et le primat du collectif.
Les machines politiques totalitaires ont toutes pour effet de faire régresser le Moi (au sens Freudien de conscience de soi) des personnes qu’elles asservissent. Ce Moi permet l’autonomie psychologique notamment dans ses relations avec autrui, mais aussi le contrôle des pulsions. Plus ce Moi est faible, moins il est capable de lutter contre ses propres pulsions et contre les pressions sociales et de définir ses buts propres. Un système totalitaire ne peut se maintenir durablement que si une majorité de personnes est incapable de définir ses buts et de résister aux pressions de l’état. C’est pourquoi les systèmes totalitaires organisent systématiquement la régression psychique des personnes asservies. La destruction du Moi par noyade dans le collectif est à l’origine du terme « collectivisme », sachant que c’est l’ensemble de la vie sociale et non pas seulement l’économie qui fut collectivisée.
Or l’Islam place le collectif au dessus de la personne ; L’ umma, la collectivité des musulmans, dérive du mot um, mère : le musulman doit être soumis au collectif comme un enfant à sa mère. Le projet de détruire le Moi par régression infantile est directement exprimé ; La noyade de ce Moi atrophié dans le collectif est un moyen commun à l’Islam et aux appareils totalitaires.
2- la soumission.
La soumission est la règle morale essentielle de tout totalitarisme. Or c’est aussi précisément la règle morale principale de l’Islam : le mot islam signifie soumission, et musulman signifie soumis, théoriquement à Allah, mais en fait à ceux qui prétendent le représenter, c’est à dire son prophète Mahomet à l’origine, les mollahs et les autorités civiles aujourd’hui.
« Obéissez à Allah, obéissez au prophète et à ceux qui ont autorité sur vous. » (sourate 4, verset 62) La soumission totale à l’autorité politique est un trait commun à l’Islam et aux totalitarismes.
3- corollaire de la soumission obligée, la mort pour les réfractaires.
Nul besoin de préciser le sort réservé aux contestataires en URSS, sous le troisième Reich, dans la Chine Maoïste ou dans le Cambodge de l’Angkar …
Mahomet est pour le musulman le « beau modèle » qu’il faut imiter en tout. Or la vie de cet homme, chef de guerre, est jalonnée de meurtres innombrables d’opposants politiques ou religieux. L’apostasie (c’est-à-dire le reniement de la foi musulmane) est punie de mort dans la plupart sinon la totalité des pays musulmans en 2007.
« S’ils retournaient à l’infidélité, saisissez les et mettez les à mort partout ou vous les trouverez » (sourate 4, verset 91) C’est exactement ainsi que l’Islam s’est imposé aux peuples envahis et colonisés.
Plus encore, la manifestation d’une croyance non musulmane en terre musulmane est également sévèrement réprimée, parfois punie de mort. Un trait commun supplémentaire.
4- le progrès impossible.
Tout progrès suppose un changement.
Sachant que seule l’initiative individuelle est créatrice, quel que soit le domaine, et que la répression de toute initiative individuelle (non collective) est consubstantielle des régimes totalitaires, les sociétés totalitaires sont incapables de s’adapter ou d’évoluer. Ces pourquoi ces machines totalitaires finissent par mourir faute d’innovation. Les personnes asservies, stérilisées sont en effet incapables de toute initiative créatrice, nécessaire au changement, et donc à leur survie. (Je rejoins JF Revel qui martelait à qui voulait l’entendre l’impossibilité de réformer une société totalitaire, notamment communiste, et qu’en outre subventionner une société figée est complètement inutile et ruineux pour les contribuables occidentaux…de même pour les quartiers occupés de nos villes)
Pour l’Islam, le changement est un bida ; ce terme signifie à la fois changement et condamnation du changement, assimilé à une faute morale grave. Le code islamique (le coran, les hadiths et le consensus) qui régit la vie de 99.99% des musulmans rejette toute possibilité d’évolution, d’usage de la raison, ou de réflexion personnelle. Tout ce qui s’écarte de la norme étroite fixée par Mahomet et ses disciples depuis le VII éme siècle est un bida, intrinsèquement répréhensible. Autre point commun. Il est sans doute intéressant de constater que les siècles d’or de l’Islam, les trois premiers, se sont terminés quand les populations dhimmis (non musulmanes, soumises), ont été détruites. Le même phénomène s’est produit dans l’empire communiste durant le XX éme siècle, quand les générations formées avant l’avènement du communisme se sont éteintes. Dans les deux cas, lorsque les étrangers au système ont disparu, les sociétés ont dégénéré.
5- la pauvreté.
La chute du socialisme Soviétique, l’ouverture de la Chine, l’histoire du Cambodge ou de l’Ethiopie, la comparaison entre les deux Allemagnes ou les deux Corées montrent que l’effet uniforme de ces régimes totalitaires est une pauvreté effrayante, une misère sans nom, dont les causes sont délibérément mises en place par les autorités parce qu’un peuple appauvri est plus facile à asservir.
Les 57 états de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique) comprennent 1.2 milliards d’hommes. La richesse par personne y est seulement un vingtième de celle des pays occidentaux (sachant qu’un tiers vient du pétrole, qui ne doit rien aux hommes, et qui enrichit une nomenklatura) ; Si l’on exclut les principaux états pétroliers, un musulman est 25 à 30 fois moins riche qu’un occidental. (1) Certains pays non européens ni descendants d’européens appartiennent au camp occidental car ils ont adoptés des méthodes occidentales (Japon, Corée du Sud, Taiwan, Singapour). Or on ne peut attribuer de telles différences ni à des conditions locales, ni à des circonstances historiques.
L’Islam est sans doute la meilleure explication de la misère du l’homme musulman. On peut remarquer également que seule la partie de l’Empire Romain (qui s’étendait de l’Espagne à la Syrie et de l’Angleterre aux déserts Africains) qui n’a jamais connue l’Islam (Italie, France, Allemagne, Belgique, Angleterre, Hollande) a connu un développement économique significatif. Et sans doute existe-il un gradient nord-sud et ouest–est de développement en fonction de la durée de la colonisation musulmane. Les peuples restés musulmans étant les plus pauvres.
6- l’avance masquée.
En Europe de l’Est en 1945, au moment de s’emparer du pouvoir, les socialo communistes déclarèrent qu’ils mettaient en place un « socialisme à visage humain ». En quelques années, ce socialisme devint total, construisit un goulag et devint génocidaire. Avec l’aide directe ( la collaboration) et indirecte des socialistes occidentaux. Ceux-ci dissimulèrent ou minimisèrent les faits (les crimes) longtemps (et encore aujourd’hui, cf. l’opposition unanime des partis de gauche européens à la reconnaissance des crimes communistes) de façon à obtenir le plus d’aides économique de l’Occident. Sous ce masque du « socialisme à visage humain », ce sont des machines totalitaires qui ont été mises en place.
L’avance masquée est ainsi une caractéristique des régimes totalitaires.
Or l « ’Islam modéré » est comme le « visage humain » que s’attribuait les dictatures socialistes, un masque habituel aux systèmes totalitaires en marche vers le pouvoir. Il en est de ces « musulmans modérés » comme de ces « socialistes à visage humain ». Ils sont parfois sincères, comme le furent bien des socialistes d’Occident ou même de l’Est. Les effets de l’Islam se sont manifestés dans 57 pays sur une durée de 14 siècles, parmi plus d’un milliard d’hommes, et quand l’Islam ne voyait pas son pouvoir menacé, il n’a jamais été modéré. Il ne faut pas confondre le masque et le visage et devenir ce que Lénine nommait « un idiot utile ».
7- la destruction culturelle.
Tous les systèmes totalitaires détruisent les langues, les cultures, les traditions historiques, les identités nationales des peuples envahis. Par exemple le socialisme Maoïste versus les peuples Tibétains, Mongols, Mandchous, etc. Les Russes, les Allemands firent de même.
En ce domaine, l’Islam a agit de la même manière que les autres totalitarismes, et avec la même brutalité. Chez les peuples envahis par les armées musulmanes, la langue, la culture, la religion, l’identité nationale, la connaissance de leur propre histoire ont disparu. En Afrique du Nord et au Proche Orient, notamment, ne restent que des fragments des peuples originaux ; Au Pakistan, en Indonésie les cultures initiales sont en voie d’extinction. Seul subsiste un résidu folklorique, l’Islam constituant les fondations de la culture et du système politique, et l’arabe dans bien des pays la seule langue utilisée (par la coercition).
Quelques réflexions.
-il s’agit ici d’Islam politique, non de la foi musulmane, évidemment respectable, mais qui doit rester -en Occident- l’affaire de chacun, dans la sphère privée. Il n’est pas dans mon propos de stigmatiser une croyance religieuse ou une communauté, mais d’établir la nature totalitaire du versant politique de l’Islam sachant que l’Islam ne reconnaît pas de séparation entre le profane et le sacré.
« Religion et politique sont très liés en Islam(…) Mahomet fut chef d’état à Médine et commanda des armées, donnait ainsi le modèle du chef politique parfait pour les croyants. Le calife était d’ailleurs autant chef religieux que politique. L’ayatollah Khomeiny confirma ce point de vue en disant : « l’Islam est politique ou il n’est rien. » » (2)
-les conséquences désastreuses de cette idéologie ne sont encore bien visibles qu’au Proche Orient, en Irak, au Soudan, au Nigeria, dans les graves limitations de la liberté des non musulmans en terre d’Islam ou dans les mouvances terroristes en Occident. Nous y sommes peu sensibles car finalement en apparence peu concernés. Or les désordres liés au totalitarisme Islamique ne sont pas la conséquence d’un choc de civilisations, mais la forme actuelle d’une lutte pluri millénaire entre deux lignées évolutives incompatibles (totalitarismes et démocraties) qui traversent des civilisations successives en adaptant leur structures aux conditions présentes.
-les personnes qui aujourd’hui voudraient faire des concessions à l’Islam pour l’amadouer ou l’occidentaliser sont souvent les mêmes qui jadis faisaient des concessions au socialisme total dans le même but. Le totalitarisme rouge est mort parce qu’il ne pouvait coexister avec les démocraties. L’Islam est aussi incapable de coexister avec les démocraties et pourrait mourir de cette incapacité.
-une erreur (de plus) commune de l’Occident est de ne pas porter secours et assistance à un certain nombre d’intellectuels (musulmans mais aussi occidentaux), dont beaucoup vivent en Occident mais pas tous, qui tentent de réinterpréter le coran pour en tirer des règles plus compatibles avec nos démocraties libérales. On se souvient de l’accueil glacé reçu en Occident par Salman Rushdie, auteur des « Versets Sataniques » (le « dégoût » du président Chirac entre autres), ou encore l’ostracisme subi par Ayaan Hirsi Ali aus Pays-bas et son exil aux USA.
-la question de la réformabilité de l’Islam est posée. A l’instar des régimes socialistes qui se sont effondrés parce que l’absence de liberté produit non seulement la servitude mais aussi la pauvreté et la décadence. Le totalitarisme communiste est mort de sa tentative de réforme (glasnost Gorbatchevienne) parce qu’incompatible avec la liberté. Il est possible d’imaginer qu ‘en voulant réformer l’Islam, c’est à dire en voulant injecter une dose de liberté dans cette idéologie totalitaire, certains intellectuels musulmans « progressistes » hâtent la fin même de l’Islam.
(1) JJ Walter, Crépuscule de l’Islam, Ed de Paris 2005, p.53.
(2) B Lewis ; Islam, p. 254.
18:35 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : islam
07/08/2010
horror has a face
Carl Schmitt disait : « Qui dit humanité veut tromper »…
La cohorte de crétins droitdelomistes qui se payent de mots et rêvent d’un Afghanistan pacifié car converti aux joies de la démocratie libérale et de la main invisible du marché organisant le doux commerce entre les hommes va dans le mur. En fanfaronnant. Il y aurait de quoi se réjouir de ce désastre annoncé si des hommes –des médecins occidentaux et des afghans- ne tombaient pas tous les jours. Pour rien.
Ou plutôt pour les noirs desseins de « stratèges » néoconservateurs imbibés de Kagan ou de Brzezinski dont le seul credo est : il est urgent de d’agir pour garder le pouvoir planétaire avant de voir se lever le Léviathan venu de l’Est ; le messianisme néoconervateur de « guerre contre l’axe du mal » ne cache ses considérations géostratégiques que pour les idiots utiles des think-tank libéraux européens.
Saint-métis Obama devrait se souvenir de Gandamak : les empires trépassent en Afghanistan et les Yankees devront plier bagage un jour ou l’autre. Ce jour là, tous ceux qui auront collaboré avec l’occupant vertueux parlant « humanité » seront exécutés à l’AK47 dans le stade de Kaboul refait à neuf par des humanitaires festifs et crédules, les écoles seront fermées, les dispensaires aussi, les femmes disparaîtront de la circulation et les barbes repousseront. Comme toujours.
Castoriadis faisait un jour la remarque que les peuples non-occidentaux ne convoitent dans le barnum occidental que les armes et les objets : sa technique, non son « humanisme », ses « droitdlom » ou ses festiprides. Les talibans savent que la médecine occidentale est un vecteur d’acculturation occidentale des leurs. Un peu comme les combattants khmers qui coupent les petits bras d’enfants vaccinés dans Apocalypse now (Conrad, Au cœur des ténèbres)…C’est un message clair.
19:18 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : carl schmitt, castoriadis, afghanistan, usa, kagan
06/08/2010
Anatomie du chaos (6): le règne sans partage de la vulgarité à roulettes
Visconti, dans son adaptation du Guépard, montre admirablement comment à une aristocratie finissante dans l’Italie révolutionnaire Garibaldienne –et consciente de l’être, succède une bourgeoisie d’affaire arrogante et ambitieuse. Le prince don Fabrizio Salina mariant son neveu, le beau et cyniqueTancrède, à la très belle mais vulgaire Angelica, fille d’un bourgeois sicilien ambitieux et riche en est l’illustration magnifique : aux lions et aux guépards succèdent les chacals, les hyènes, dit le prince Salina: « Nous fûmes les guépards, les lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyènes... et tous , guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la terre. »
Une des phrases clef du film est prononcée par l’opportuniste neveu du Prince Salina, Tancrède : « Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change », reflétant, dans sa pensée, l'aboutissement de toute révolution. La révolution correspond à une rotation, comme lors de la révolution de la Terre autour du Soleil, qui revient toujours à son point de départ. Tancrède dit encore : « Crois-moi mon petit oncle, si nous ne nous en mêlons pas, ils vont nous fabriquer une république ». ie, si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change se comprend donc en fait comme entrons dans le mouvement de peur que celui-ci ne nous dépasse et ainsi nous pourrons le diriger à notre guise.
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J’ai déjà parlé ici de ce chapitre lumineux de Nous autres, modernes, où Finkielkraut, relatant la réflexion utopiste de Kolakowski (« Comment être socialiste-conservateur-libéral ? »), montre que la seule figure aujourd’hui bannie par nos modernes est celle du conservateur.
« Partout la transformation est à l’ordre du jour, notamment chez ceux qu’on on appelle aux Etats-Unis, les néo-conservateurs. Le besoin de stabilité n’a plus droit de cité. Cette disposition d’âme se terre dans l’inavouable et la doctrine particulière qui s’en inspire est devenue un repoussoir universel. Si le conservatisme subsiste en effet, c’est à titre non de credo mais de péché. Péché qui consiste, pour la gauche, dans la défense des privilèges ; pour la droite, dans la défense des avantages acquis et pour l’individu hypermoderne, de droite comme de gauche, dans le goût des convenances, des formes ou pire encore, des uniformes.
(…) On aurait tort cependant de déduire de cette disparition que le conformisme est mort et que les défenseurs du statu-quo ont quitté la scène. Ils se bousculent au contraire, et ils triomphent. Qu’est-ce, en effet, que le statu-quo, de nos jours, sinon la mobilité perpétuelle ? Le progrès n’est plus un arrachement à la tradition, il est notre tradition même. Il ne résulte plus d’une décision, il vit sa vie, automatique et autonome. Il n’est plus maitrisé, il est compulsif. Il n’est plus prométhéen, il est irrépressible. Nous sommes soumis à la loi du changement comme nos ancêtres pouvaient l’être à la loi immuable. En tous domaines ou presque, l’obsolescence a eu raison de la permanence. »
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Je pensais à tout ça ces jours-ci en lisant la presse dite de gauche, c’est-à-dire en fait la presse consensuelle libérale-libertaire ou simplement progressiste…L’ardeur à présenter les faits d’armes du pitre Sarkozy en combat de la réaction ou du retour de je ne sais quel ordre conservateur et moral est tout simplement risible. Il faut être Besancenot ou je ne sais quel janissaire du Spectacle politicien pour voir dans cet homme autre chose qu’un Tancrède à talonnettes…
18:18 | Lien permanent | Commentaires (6)
31/07/2010
"Ne buvez pas au volant, faites beaucoup de sport, dites non à la drogue et ne laissez jamais vos potes vous attacher à la voie ferrée"
15:05 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : trainspotting
27/07/2010
1977, finalement
21:32 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : iggy pop
25/07/2010
Anatomie du chaos (5): le grand remplacement démographique
" (...) L’ère dite « coloniale », et que mieux vaudrait appeler « impériale » fut une brève parenthèse vite refermée. Tandis que la colonisation actuelle, dans l’autre sens, mérite bien mieux son nom, étymologiquement. Elle est d’ailleurs de conséquence mille fois plus grave, puisqu’elle implique ce que le parti de l’In-nocence appelle le « Grand Remplacement », d’une population par une ou plusieurs autres. C’est de très loin le phénomène le plus important de l’histoire contemporaine, et peut-être de toute l’histoire du territoire appelé France. Il ne s’agit pas, cette fois, pour le peuple colonisé, de perdre son indépendance un moment : il s’agit de disparaître, de s’effacer, de se dissoudre et même, par le biais des champions de l’antiracistisme, d’être persuadé qu’il n’a jamais existé, qu’il a rêvé son histoire et son existence même."
Renaud Camus, sur Causeur.
" (...) Or, la question majeure de l'époque, c'est bel et bien la plus visible, la plus éclatante, celle dont tout le monde a peur de parler - évidemment - qu'on aborde qu'à demi-mot et à voix basse, c'est-à-dire la colonisation de peuplement que subit l'Europe de la part de peuples maghrébins, africains et asiatiques et qui se double d'une entreprise de conquête du sol européen par l'islam. Ce n'est pas une curiosité politique, c'est un événement historique tonitruant, sans aucun précédent dans l'histoire européenne, aussi loin que porte la mémoire. Il s'agit d'abord d'en prendre acte, d'éveiller les consciences à ce fait capital. Non pas pour l'admettre et “faire avec”. Mais pour le refuser et entamer le débat sur la manière de le combattre et de renverser la vapeur. Ce processus funeste vient bien entendu s'ajouter et se combiner à l'assujettissement culturel et stratégique de l'Europe aux États-Unis d'Amérique. J'essaierai de montrer dans cet essai, en accord complet avec les thèses d'Alexandre del Valle, qu'il est rigoureusement stupide de croire que l'islamisation nous préservera de l'américanisation ; les deux processus de déculturation marchent la main dans la main. De même que le chaos ethnique qui guette l'Europe sert les causes conjointes de l'islamisme et de l'américanisme. Ceux qui s'imaginent, par de subtiles contorsions intel- lectualistes, que l'islam vaut mieux que l'américanisation succombent à ce désordre mental grave qu'on appelle l'oubli de soi, le renoncement à être, l'amnésie historique. Ceux qui embrassent l'islam sous prétexte qu'il porte des valeurs “traditionnelles” et anti-américaines choisissent un ennemi pour un autre, abdiquent leur identité européenne et se montrent impuissants à trouver en eux-mêmes les ressources de la renaissance. Pourquoi aller chercher dans une religion profondément étrangère des ressources morales et des racines alors que, depuis Homère, les nôtres inondent toute la civilisation européenne ?"
09:29 | Lien permanent | Commentaires (14)
20/07/2010
lumpenpride
"Soit à déterminer, par exemple, la signification politique réelle des comportements de la Caillera . Doit-on y voir, conformément aux présentations médiatiques et sociologiques habituelles, un signe normal des difficultés liées au « problème de l'intégration » ? Formulée en ces termes, la question est, de toute évidence, mal posée, c'est-à-dire posée de façon ambiguë. Si l'on parle en, effet, de l'intégration à une société, c'est-à-dire de la capacité pour un sujet de s'inscrire aux différentes places que prescrit l'échange symbolique, il est clair que cette fraction modernisée du Lumpen n'est pas, « intégrée », quelles que soient, par ailleurs, les raisons concrètes (familiales et autres) qui expliquent ce défaut d'intégration.
S'il s'agit, en revanche, de l'intégration au système capitaliste, il est évident que la Caillera est infiniment mieux intégrée à celui-ci (elle a parfaitement assimilé les éloges que le Spectacle en propose quotidiennement) que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l'exploitation à l'intérieur de ces quartiers expérimentaux que l'État lui a laissés en gérance.
En assignant à toute activité humaine un objectif unique (la thune), un modèle unique (la transaction violente ou bizness) et un modèle anthropologique unique (être un vrai chacal), la Caillera se contente, en effet de recycler, à l'usage des périphéries du système, la pratique et l'imaginaire qui en définissent le Centre et le Sommet. L'ambition de ses membres n'a, certes, jamais été d'être la négation en acte de l'Économie régnante. Ils n'aspirent, tout au contraire, qu'à devenir les golden boys des bas-fonds. Calcul qui est tout sauf utopique. Comme l'observe J. de Maillard, « sous nos yeux, l'économie du crime est en train d'accomplir la dernière étape du processus : rendre enfin rentable la délinquance des pauvres et des laissés pour compte, qui jadis était la part d'ombre des sociétés modernes, qu'elles conservaient à leurs marges. La délinquance des pauvres, qu'on croyait improductive, est désormais reliée aux réseaux qui produisent le profit. Du dealer de banlieue jusqu'aux banques de Luxembourg, la boucle est bouclée. L'économie criminelle est devenue un sous-produit de l'économie globale, qui intègre à ses circuits la marginalité sociale. »
À la question posée, il convient donc de répondre clairement que si la Caillera est, visiblement, très peu disposée à s'intégrer à la société, c'est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société. C'est évidemment à ce titre qu'elle ne manque pas de fasciner les intellectuels et les cinéastes de la classe dominante, dont la mauvaise conscience constitutive les dispose toujours à espérer qu'il existe une façon romantique d'extorquer la plus-value. Une telle fascination intellectuelle pour la « fièvre généreuse du délinquant » (Foucault) serait, cependant, difficile à légitimer sans le concours bienveillant de la sociologie d'Etat. Cette étrange sociologie, en effet, afin de conférer aux pratiques, légales et illégales, du système qui l'emploie cette couleur « rebelle » qui les rend à la fois politiquement correctes et économiquement rentables, recourt à deux procédés principaux qui, quand on y réfléchit, sont assez peu compatibles.
Tout d'abord, elle s'efforce d'inscrire ce qu'Orwell nommait « le crime moderne » dans la continuité des délits et des crimes d'autrefois. Or ce sont là deux univers très différents. Le bandit d'honneur des sociétés traditionnelles (le cas des pirates est plus complexe) puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée ; et, en général, il s'en prenait d'abord à l'État et aux divers possédants. Le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l'économie pour « dépouiller » et achever de détruire les communautés et les quartiers dont il est issu . Définir sa pratique comme « rebelle », ou encore comme une « révolte morale » (Harlem Désir) voire, pour les plus imaginatifs, comme « un réveil, un appel, une réinvention de l'histoire » (Félix Guattari), revient, par conséquent, à parer du prestige de Robin des Bois les exactions commises par les hommes du Sheriff de Nottingham. Cette activité peu honorable définit, en somme, assez bien le champ d'opérations de la sociologie politiquement correcte.
Quant au second procédé, il consiste à présenter l'apparition du paradigme délinquant moderne - et notamment son rapport très spécifique à la violence et au plaisir qu'elle procure - comme l'effet mécanique de la misère et du chômage et donc, à ce titre, comme une réponse légitime des exclus à leur situation. Or s'il est évident que la misère et le chômage ne peuvent qu'accélérer en retour la généralisation du modèle délinquant moderne, aucun observateur sérieux - ou simplement honnête - ne peut ignorer que ce modèle a d'abord été célébré dans l'ordre culturel, en même temps qu'il trouvait ses bases pratiques dans la prospérité économique des « trente Glorieuses ». En France, par exemple, toutes les statistiques établissent que le décollage des pratiques délinquantes modernes (de même que la constitution des mythologies de la drogue) a lieu vers 1970, tandis qu'en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas il est perceptible dès 1964-1965. Expliquer le développement de la délinquance moderne (développement qui, dans un premier temps - on s'en souvient - avait été tenu par la sociologie officielle pour un pur « fantasme » des classes populaires) comme un effet conjoncturel du chômage est évidemment une procédure gagnante pour le système capitaliste. D'une part, elle conduit à présenter la « reprise économique » - c'est-à-dire l'aide accrue de l'État aux grandes firmes - comme la clé principale du problème ; de l'autre, elle dispense d'interroger ce qui, dans la logique même du capitalisme de consommation, et la culture libérale-libertaire qui lui correspond, détermine les conditions symboliques et imaginaires d'un nouveau rapport des sujets à la Loi." (JC Michéa, L'enseignement de l'ignorance)
" Non seulement, en effet, la pratique délinquante est, généralement, très productive (incendier quelques milliers de voitures chaque année, par exemple, ne demande qu’un apport humain et matériel très réduit et sans commune mesure avec les bénéfices ainsi dégagés pour l’industrie automobile). Mais, de plus, elle n’exige pas d’investissement éducatif particulier (sauf peut-être dans le cas de la criminalité informatique, de sorte que la participation du délinquant à la croissance du PIB est immédiatement rentable, même s’il commence très jeune (il n’y a pas ici, bien sur, de limite légale au travail des enfants). Naturellement, dans la mesure ou cette pratique est assez peu appréciée des classes populaires, sous le prétexte égoïste qu’elles en sont les premières victimes, il est indispensable d’en améliorer l’image en mettant en place toute une industrie de l’excuse, voire de la légitimation politique. C’est le travail habituel confié aux rappeurs, aux cinéastes « citoyens », et aux idiots utiles de la sociologie d’Etat. " (JC Michéa, L’empire du moindre mal, 2007)
21:11 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : michéa, lumpenpride, racailles
16/07/2010
tringlent des blacks
J’avais dix-sept ans et je passais un été aux USA. Précisément à Hoboken, prés de NY (Bardamu débarquant à Ellis Island…). Je vivais dans une famille juive non pratiquante dont une des premières interrogations fut : « Es-tu jamais allé à Yad Vashem ? » A l’époque, j’avais la conscience politique d’un bulot et je dus répondre –au hasard- mon dégoût du tourisme de masse… Heureusement, l’incident fut vite oublié et mon hôte, fervent membre de l’Américan Légion, m’amenait régulièrement écluser quelques Coors light ou Buds à son rade habituel, à la grande fureur de la mère juive de la maison qui pensait que je n’avais rien à y faire…Josh était un vétéran de la guerre de Corée et me régalait de quelques récits qui se mélangeaient dans mon esprit embrumé avec les aventures de Buck Danny, Sonny Tuckson et Tumbler. Il m’aimait bien, Josh. Parce que je l’écoutais, je crois. Contrairement à sa meuf qui lui cachait ses packs de Coors et ses potes qui connaissaient ses histoires par cœur. J’ai pensé à Josh en lisant le dernier éditorial de Venner dans la NRH qui cite Barnavi répondant au filet d’eu tiède de Debray en Palestine : « La shoah s’est hissée au rang de religion civile en Occident. »
A peine rentré de la clinique de la forêt noire tantôt, je me retrouve en moins de deux avec un poulet dans les bras et un bib de 240cc. Hier, je causais avec Jo de la condition de l’homme moderne et du gap civilisationnel qui nous sépare des générations de nos pères et grands-pères : je lui racontais comment la femme du fermier de mon grand-père (lui-même paysan et très fier de son CAP) ne s’asseyait jamais à table quand elle recevait chez elle, aux vendanges ou quand on tuait le cochon. Jamais. Son mari officiait, servait le vin étoilé à pleins verres avec la daube ou le plat de charcutailles qui ouvrait chaque repas du genre. Aujourd’hui, la plupart des mecs qui ont l’âge de mon père son divorcés, tringlent des blacks ou passent leurs WE à Marrakech. Qu’on se mette d’accord, nul regret là-dedans, je ne vais pas refaire l’homo laborans ou l’homo faber d’Hanna Arendt…lisez-la, bordel! Juste un constat étonné. Que s’est-il passé, bordel ?
Un peu le bordel en ce moment ; je me disperse : de la sagesse de l’amour et du visage ridé je retombe sur Nous autres, modernes, puis sur la défaite de la pensée…puis sur la discussion d’Alain de Benoist avec Marmin sur « La nouvelle droite est-elle encore à droite ? ». Et je comprends, effectivement, pourquoi les quelques auteurs qui m’ont marqué ces dernières années sont plutôt Orwell, Lasch, Michéa ou Castoriadis…Qui, à droite ? Bayrou ?
Dans Deer hunter, Nick (C Walken) crache à la gueule de Mickael (De Niro) pour de vrai alors que ce dernier ne s’y attendait pas, lors de la scène de la roulette russe à Saïgon, De Niro faillit quitter le tournage mais la scène fut conservée. J’adore ce film.
22:25 | Lien permanent | Commentaires (8)
15/07/2010
ange
-bonjour docteur! Vous ne me connaissez pas, je vous connais un peu.
-...?
-Vous avez soigné ma mère pendant des années, jusqu'à la fin. A sa mort, elle m'a demandé de m'occuper, parmi d'autres, de la tombe de vos parents et de celle de votre fils [sa mère était gardienne du cimetierre de M.]. Tous les jours, j'y passe, je nettoie un peu, j'arrose les fleurs..
-...!
Si son généraliste ne lui avait pas demandé de venir me voir, je ne l'aurais sans doute jamais su. Une sorte d'ange gardien, quoi.
Y a encore de l'espoir, faut croire.
22:38 | Lien permanent | Commentaires (12)
10/07/2010
old south
(...) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j'ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d'images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l'envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l'orgueil et l'espoir de sa victime. On ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu'on appelle la « culture esclavagiste » n'avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l'Inde, de Rome, de l'Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu'il a été bâti sur l'injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s'écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n'eut été si pour créer ces chefs-d'œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s'épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !
(...) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s'asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s'allonger sur les rives d'un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l'air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l'atmosphère est chargée de noms magiques, d'événements historiques, d'inventions, d'explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d'activité humaine. Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »
Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.
13:54 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : henry miller
09/07/2010
Ithaque
Il y a des soirs comme celui-ci où je ressens un apaisement total. Il y a bien des années que cela n'était pas arrivé. Le pourquoi n'a pas d'intérêt pour autre que moi. L'important est dans le sentiment de paix qui m'envahit. Il y a des années, j'ai lu le Zéro et l'infini de Koestler. Et à la fin du roman, à la mort de Roubachov, Koestler écrit ces lignes qui ne m'ont jamais quitté et qui décrivent très bien ce sentiment de plénitude dont je parle:
« Puis, tout fut calme. C'était à nouveau la mer et son mugissement. Une vague le souleva lentement. Elle venait de loin et poursuivait majestueusement son chemin, comme un haussement d'épaule de l'éternité. »
Autre chose. En bossant cet après-midi à la clinique de la forêt noire, entre deux patients, je relisais des passages de l'Odyssée; un en particulier m'a touché: celui du retour d'Ulysse à Ithaque lorsqu'il rencontre son fils, Télémaque, qui peine à le reconnaître car la déesse Athéna prend plaisir à déguiser Ulysse sous les traits d'un mendiant et d'un vieillard:
« Télémaque (car il ne croyait pas encore que ce fut son père) prit de nouveau la parole et lui dit: « Non, tu n'es pas Ulysse, mon père; mais une divinité m'abuse pour que je me lamente et m'afflige encore davantage: car un homme mortel ne saurait opérer ces prodiges par sa volonté, à moins qu'un dieu, survenant en personne, ne le rendit aisément jeune ou vieux à son gré. Tout à l'heure en effet, tu étais un vieillard, couvert de haillons; et maintenant tu ressembles aux dieux qui habitent le vaste ciel ». L'ingénieux Ulysse, prenant la parole à son tour, lui répondit: « Télémaque, il ne convient pas qu'en voyant ton père ici présent, tu sois étonné ni surpris à l'excès; car il ne viendra plus en ces lieux d'autre Ulysse ; c’est bien moi qui, après avoir souffert des maux sans nombre et erré longtemps, suis revenu au bout de vingt ans dans ma patrie. D’ailleurs, ce que tu vois est l’œuvre d’Athéna, amie du butin, qui me rend semblable, quand il lui plait (car elle en a le pouvoir), tantôt à un mendiant, tantôt aussi à un jeune homme dont le corps est couvert de beaux vêtements. Il est facile aux dieux qui habitent le vaste ciel de glorifier et d’abaisser un simple mortel ». Après avoir ainsi parlé, il s’assit ; Télémaque, tenant son noble père embrassé soupirait en versant des larmes ; et tous deux, cédant à l’envie de pleurer poussaient des cris, comme les aigles ou les vautours aux serres crochues, à qui des laboureurs ont dérobé leurs petits avant qu’ils pussent voler. C’est ainsi que des larmes d’attendrissement mouillaient leurs paupières. »
L’Odyssée, XVI.
Allez, bonne nuit.
(music by clockworkblack:shunsuke kikuchi 16th theme)
22:57 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ulysse, odyssée, koestler
07/07/2010
Anatomie du chaos (4) : organisation de la sécession
Ceux qui fréquentent Hoplite depuis un moment connaissent mes idées sur la sécession ethnique/culturelle/religieuse qu’organisent méthodiquement nos modernes libéraux-libertaires par le biais d’un remplacement démographique de grande ampleur depuis plus de quarante ans et la venue sur ce continent de peuples entiers dont les valeurs civilisationnelles se situent aux antipodes de celles des européens et dans un climat totalitaire d'anomie et de repentance réflexe déniant toute légitimité supérieure aux cultures autochtones: les prémisses d'une guerre civile.
Mais, depuis longtemps également, je me fais le relais de philosophes et d’historiens comme Christopher Lasch ou JC Michéa qui, au-delà de la critique de la religion du Progrès™ et de ses Torquemadas en peau de lapin qui pullulent dans les media officiels, décrivent une autre sécession à l’oeuvre, moins visible mais non moins dangereuse, qui est celle de nos « élites ». Par « élites », j’entends cette hyperclasse hédoniste et nomade, ces insiders, hommes politiques rafarinesques, sportifs thuramo-compatibles, journalistes jofrinesques, écrivains attalinaoïdes, sociologues woltoneux, dont le point commun est de vivre bien en étant à l’abri des conséquences désastreuses des politiques qu’ils promeuvent et qui font le malheur de beaucoup d'autres (le peuple, volontiers "populiste"), ces outsiders silencieux, en panne d’éducation, d’instruction, de repères, d’argent, de savoir et de sens…et de traditions (horresco referens).
« Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. Dans une mesure inquiétante, les classes privilégiées -les 20% les plus riches de la population, pour prendre une définition large- ont su se rendre indépendantes non seulement des grandes villes industrielles en pleine déconfiture mais des services publics en général. Elles envoient leurs enfants dans des écoles privées, elles s'assurent contre les problèmes de santé en adhérant à des plans financés par les entreprises où elles travaillent et elles embauchent des vigiles privés pour se protéger contre la violence croissante qui s'en prend à elles. Elles se sont effectivement sorties de la vie commune. Les mêmes tendances sont à l'oeuvre dans le monde entier. En europe, les référendums qui se sont tenus sur la question de l'unification ont révélé une faille profonde et qui va en s'élargissant entre le monde politique et les membres plus humbles de la société qui redoutent que l'UE ne soit dominée par des bureaucrates et des techniciens dépourvus de tout sentiment d'identité ou d'appartenance nationale. Une Europe gouvernée de Bruxelles sera de leur point de vue de moins en moins sensible au contrôle des peuples. Le langage international de l'argent parlera plus fort que les dialectes locaux. Ce sont ces peurs qui sont sous-jacentes à la résurgence des particularités ethniques en Europe, tandis que le déclin de l'Etat-nation affaiblit la seule autorité capable de maintenir le couvercle sur les rivalités ethniques. Par réaction, la renaissance du tribalisme renforce le cosmopolitisme chez les élites. » (Christopher Lasch, La révolte des élites, 1996)
Christopher Lasch a théorisé cette sécession élitaire, cette trahison de la démocratie, en 1996, dans un livre cardinal, La révolte des élites, qui fut bien sûr ignoré par tout le ban et l’arrière-ban de l’intelligentsia progressiste, notamment en France. Certaines vérités, certaines analyses, trop dérangeantes et anti-conformistes s’enterrant beaucoup plus facilement en les ignorant délibérément qu’en les affrontant. Jean-claude Michéa, dans une courte préface à cet ouvrage, dit l’essentiel :
« Profondément enracinés dans l’économie planétaire et ses technologies sophistiquées, culturellement libérales, c’est-à-dire, « modernes », « ouvertes », voire « de gauche », les nouvelles élites du capitalisme avancé, celles qui contrôlent le flux international de l’argent et de l’information, manifestent en effet, à mesure que leur pouvoir s’accroît et se mondialise, un mépris grandissant pour les valeurs et les vertus qui fondaient autrefois l’idéal démocratique. Enclavées dans leurs multiples « réseaux », au sein desquels elles « nomadisent » perpétuellement, elles vivent leur enfermement dans le monde humainement rétréci de l’Economie comme une noble aventure « cosmopolite », alors que chaque jour devient plus manifeste leur incapacité dramatique à comprendre ceux qui ne leur ressemblent pas : en premier lieu, les gens ordinaires de leur propre pays (on sait par exemple, que dans le monde de l’élite, situé « nulle part ailleurs », l’homme ordinaire ne peut apparaître que sous la figure moquée des Deschiens). Christopher Lasch a tenu à placer sa critique des nouvelles élites du capitalisme avancé sous le signe du « populisme », c’est-à-dire conformément au sens historique du mot, d’un combat radical pour la liberté, et l’égalité mené au nom des vertus populaires. On sait à quel point, depuis quelques années, les media officiels travaillent méthodiquement à effacer le sens originel du mot, à seule fin de pouvoir dénoncer comme « fascistes » ou « moralisateurs » (à notre époque, le crime de pensée suprême) tous les efforts des simples gens pour maintenir une civilité démocratique minimale et s’opposer à l’emprise croissante des « experts » que le système a préposé à la défense médiatique de ses nuisances, s’empresseront de faire courir le bruit –pour affecter de s’en réjouir ou pour s’en lamenter- que ce livre est « réactionnaire ». Il n’est cependant pas interdit d’espérer que le lecteur intelligent puisse encore se faire une opinion par lui-même. »
L’actualité est particulièrement riche en illustrations de ce processus d’éclatement en cours, de l’invraisemblable affaire de l’ « Equipe de France » (une horde de mercenaires parvenus et arrogants aux allégeances incertaines) au non moins invraisemblable feuilleton Plus belle la vie de la bande de Neuilly Woerth/Sarko/Bettencourt en passant par les dernières mesures de « ri-lance » annoncées par le petit pitre Baroin (suppression de certaines aides au logement, allocations handicapés, etc.), espoir raisonnable de l’hyperclasse libérale-libertaire.
(photo: l'hyperclasse nomade est parfois agréable à regarder, hu hu!)
18:03 | Lien permanent | Commentaires (11)
04/07/2010
Anatomie du chaos (2): l'oubli de Dieu
« -Pourquoi, après 1989, les Européens n’ont-ils pas condamné le communisme comme une monstruosité politique et morale ? Pourquoi le seul jugement acceptable sur celui-ci a-t-il été l’observation anodine que « cela n’a pas fonctionné » ?
-Pourquoi les électeurs Espagnols ont-ils accordé une victoire de facto à l’apaisement, lors des élections de mars 2004, tenues quelques jours après que, les bombes d’al Qaida aient tué des centaines de personnes et blessé des milliers d’autres dans une gare de Madrid ?
-Pourquoi l’Europe est-elle sur la voie de ce que le politologue Français Pierre Manent appelle la « dépolitisation ». Pourquoi, comme le dit Manent, l’Europe se drogue-t-elle « elle-même avec l’humanitarisme, afin d’oublier qu’elle existe politiquement de moins en moins » ? Pourquoi ce même Manent a-t-il l’impression que « les plus grandes ambitions actuelles des Européens sont de devenir inspecteurs des prisons Américaines ? »
-Pourquoi tant d’intellectuels européens sont-ils « christophobes », Pourquoi dans la culture populaire européenne, le christianisme est-il l’objet de caricatures grossières que l’on ne tolérerait pas pour l’Islam ou le Judaïsme ?
-Pourquoi tant de dirigeants politiques ont-ils insisté pour que le projet de nouvelle constitution européenne renie délibérément mille cinq cent ans de contributions du christianisme à la définition de l’Europe ?
-Pourquoi l’Europe commet-elle un véritable suicide démographique en se dépeuplant elle-même dans ce que l’historien Anglais Niall Ferguson appelle « la plus grande réduction de la population européenne depuis la peste noire du XIV° siècle » ? Pourquoi dix-huit pays d’Europe ont-ils un taux de croissance naturelle négatif ? Pourquoi aucun pays d’Europe n’affiche-t-il un taux de fécondité propre à assurer le renouvellement des populations ? (sauf la France dont on sait qu’il est obtenu grâce à l’immigration africaine)
-Pourquoi les politiciens ou l’opinion publique européens sont-ils incapables de tirer de ces chiffres démographiques alarmants les conclusions qui s’imposent sur la faillite imminente de leurs systèmes d’assurances sociales, de santé et de retraire. Et que se passe-t-il lorsqu’un continent entier, plus riche et plus puissant qu’il ne l’a jamais été auparavant, refuse-t-il de créer son avenir humain au sens le plus élémentaire, en engendrant une nouvelle génération ? »
Voici quelques interrogations lourdes de sens auxquelles le politologue et philosophe Américain Georges Weigel essaye de répondre dans un ouvrage singulier intitulé « Le cube et la cathédrale » (La table ronde, 2005). Weigel fait le diagnostic d’une rupture culturelle entre les Etats-Unis et l’Europe, en basant sa réflexion sur « la crise de la raison morale », sorte de crise de civilisation morale que connaîtraient les européens après un siècle de guerres, de massacres de masse, de totalitarismes. « Pourquoi l’Europe a-t-elle eu le XX ème siècle que nous lui connaissons ? » La réponse qu’apporte ce théologien est « l’oubli de Dieu », c'est-à-dire la laïcisation et la déchristianisation des sociétés européennes.
Faisant le constat que ce sont des courants profonds culturels et spirituels qui définissent l’« histoire », et non pas des considérations idéologiques, politiques ou économiques, aussi importantes soit-elles, Weigel « date » le début de cet ensauvagement, de cette « sortie de l’histoire », à la première guerre mondiale, cette « guerre civile européenne » pour Ernst Nolte, qui éclate dans un climat violent de course aux armements, de révolution scientifique et industrielle et de nihilisme Nietzschéen, et met à bas l’ancien ordre aristocratique et diplomatique européen. W. Churchill, le 29 juillet 1914 : « Tout va à la catastrophe et à l’effondrement, une vague de folie a balayé l’esprit du christianisme » ; le même jour, du général en chef Von Moltke : « Cette guerre va anéantir la civilisation de presque toute l’Europe pour les décennies à venir. »
Cet « oubli de Dieu », cet « humanisme athée » selon le Jésuite Henri de Lubac, expliquerait les tyrannies de ce siècle, arguant que, sans Dieu, cet « humanisme » ne pouvait qu’être inhumain. Disparition de la transcendance et no man’s land spirituel…
« L’homme européen s’est persuadé que pour être moderne et libre, il devait être radicalement laïc. Cette conviction a eu des conséquences cruciales, voire létales, sur la vie publique et la culture de l’Europe: elles sont de facto à la racine de la crise morale de la civilisation que connaît actuellement l’Europe. Cette crise nous aide à son tour à expliquer pourquoi l’homme européen oublie délibérément son histoire; pourquoi il abandonne le dur labeur et le haut risque de la politique démocratique, préférant apparemment la fausse sécurité domestique de la bureaucratie et la sécurité internationale douteuse offerte par le système des Nations Unies; Cette crise éthique de civilisation est l’une des raisons essentielles pour lesquelles l’européen échoue à créer l’avenir humain de l’Europe.»
Weigel montre ainsi combien la doctrine chrétienne est consubstantielle de l’idéal européen contemporain. Combien cet héritage chrétien, n’en déplaise aux thuriféraire de cet humanisme athée si vain et destructeur, fut important et décisif dans ce que nous sommes : dignité de l’homme et individualisme (au sens de l’accomplissement d’une destinée singulière voulue par Dieu), sécularisation, idée d’un ordre de justice transcendant (ce qui est « juste » n’est pas seulement ce que les détenteurs du pouvoir politique déclarent être juste). Et combien nier cet apport singulier et décisif est absurde (de même qu’il serait absurde de nier les fondements grec et romain de notre civilisation…). Ce reniement d’une partie de nos racines culturelles (qu’on le veuille ou non), la malhonnêteté de ce questionnement sur la dimension chrétienne de l’identité européenne, me rappelle le titre d’une conférence bouffonne organisée par certains milieux universitaires dans les années 80 et relatée par la médiéviste Régine Pernoud (dans un petit livre indispensable, Pour en finir avec le Moyen-Âge) : « Le Moyen-Âge était-il chrétien ? » Poser la question, c’est y répondre !
« L’Eglise, porteuse de l’évangile, a aidé à répandre et à consolider ces valeurs qui ont rendu universelle la culture européenne » disait Karol Wojtyla. Et encore, le même : « Lorsque les grandes valeurs qui ont amplement inspiré la culture européenne sont volontairement séparées de l’Evangile, ces vertus, comme la tolérance et le respect de l’autre, perdent leur vraie âme et pavent le chemin d’aberrations », comme par exemple, imposer la laïcité au nom de la tolérance et du pluralisme. Pour Weigel, « la doctrine sociale de l’Eglise offre ainsi à l’Europe la possibilité de défendre la structure morale de la liberté, de façon à protéger la culture et la société de l’Europe d’une double utopie : l’utopie totalitaire de la justice sans liberté et l’utopie contraire de la liberté sans justice qui va de pair avec un concept erroné de « tolérance » ».
Loin du concept d’aire géographique et économique -utilitaire- promu par nos élites technocratiques et endogamiques, l’Europe est et reste fondamentalement un concept historique et culturel dont la dimension religieuse -chrétienne- a été et reste encore cruciale, ne serait-ce que pour apporter un minimum de transcendance à un projet résolument matérialiste.
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Quelques précisions...
J'ai écrit ce texte il y a trois ans aprés la lecture de l'ouvrage -remarquable- de Weigel. Et, chose étonnante en ce qui me concerne, je signe encore aujourdhui. Je ne suis pas croyant mais, contrairement à mes contemporains, modernes lemmings festifs, je reste conscient de l'importance du christianisme dans la Tradition européenne, ie celui-ci en est une part hautement significative, mais une part seulement.
Je crois qu'il y a dans cet oubli de Dieu, dans ce désenchantement du monde, une explication au chaos contemporain célébré par nos progressistes amis du désastre.
Qu'en pensez-vous?
(photo: avatar de la Tradition à Donnafugata...)
10:32 | Lien permanent | Commentaires (24)
30/06/2010
la mort des lemmings
Brighelli est un enseignant d'obédience gauchiste que je lis depuis longtemps car il parle vrai et a fait depuis belle lurette le constat de faillite absolue -et à mon avis irrémédiable- de l'institution éducative.
C'est un des rares, avec Michéa, et Lasch et dans la lignée de George Orwell, à mener une critique sans concession -et de l'intérieur- de l'idéologie progressiste et de ses curés, chapelles et credos. De ce simple fait, il se met en marge des petits flics du Camp du Bien et de la Vertu universelle qui terrorisent toute pensée déviante par la reductio ad Hitlerum....(ces "idées qui puent", par exemple) Baudrillard et Castoriadis connurent aussi le sort de ceux qui pensent en dehors des clous du politiquement correct.
Un des fils rouges de ma réflexion (...) depuis pas mal de temps maintenant est la menace à mon avis bien réelle et palpable de guerre civile, à brève échéance, sur notre sol en raison de la constitution de communautés allogènes toujours plus nombreuses dont les revendications violentes et toujours plus pressantes me semblent préfigurer un avenir de sécession sociale, religieuse et ethnique. Quand j'écris cela et à la lumière de ce que je sais des guerres civiles, j'espère en même temps me tromper du tout au tout, ne serait-ce que pour mes gamins, et tous ceux qui me sont chers.
Il est assez banal dans les sites non conformistes, et notamment natio/ identitaires (dont le mien) de lire ce genre d'analyse mais je trouve hautement significatif que Brighelli, toujours mesuré et radicalement républicain, évoque la simple possibilité d'une guerre civile dans ce pays certes coutumier des guerres de religions. Je veux dire par là que le simple fait d'évoquer ce genre de perspective vous condamne ordinairement d'emblée à la mort sociale en tant que pessimiste/réactionnaire/chafouin/crispé/raciste/antisémite/fasciste/nazi/antifestif ou simplement contempteur aigri d'un avenir joyeux et apaisé car métissé/festif/arc-en-ciel/ouvert...et plus simplement pour la cléricature progressiste à la manœuvre parce que DEMAIN…
Andrei Makine, dans « Cette France qu'on oublie d'aimer » évoque cette « botte souveraine de la réalité », faisant référence au mot de Trotski : « Les censeurs, les idéologues, les inquisiteurs de la pensée libre travestissent la réalité, la badigeonnent de leurs mensonges, traînent en justice ceux qui osent égratigner les façades peinturlurées. Et puis un jour, on entend un bruit de plus en plus proche, un fracas puissant qu'on ne parvient plus à étouffer, géante, irrésistible, « la botte souveraine de la réalité » vient, s'impose. Le contreplaqué de mensonges s'écroule, le glapissement des folliculaires stipendiés s'étrangle, les mots prostitués retrouvent leur sens. La réalité se dresse devant nous, irréfutable. Bien vu, camarade Trotski ! »
Je crois bien (et il suffit pour s’en convaincre de lire simplement les commentaires de lecteurs des journaux bien-pensants alimentés par la propagande de l’AFP quasi-systématiquement hostiles à la moraline visqueuse du vivre-ensemble festif et métissé…) que nos modernes sont en train de prendre la botte souveraine de la réalité sur la gueule ! Brighelli est un symptôme de la prise de conscience en profondeur de la gravité de la situation y compris dans des milieux pourtant acquis à la propagande progressiste et plutôt enclins à nier le réel jusqu’à l’absurde. J’écoutais ce matin par hasard Bourdin sur RTL qui relatait l’agression barbare dont ont été victimes deux automobilistes sur une autoroute parisienne. Le plus intéressant était dans les appels des auditeurs non encore conscients des prémisses de la sécession à l’œuvre et qui s’étonnaient qu’une telle barbarie puisse exister en ce pays. Bourdin lui-même, sans doute parfaitement conscient du conflit de basse intensité qui fait rage depuis plusieurs dcennies dans des centaines de banlieues occupées de nos villes, jouait le candide jusqu’à ce qu’une jeune femme habitant en Seine-saint-Denis vienne faire entendre la douce musique du réel en relatant simplement la barbarie qui vient dans ces zones de non-droit, savamment occultée par des médias aux ordres et terrorisés d'égratigner la weltanschauung du vivre-ensemble festif.
Finalement, hormis une petite clique de croyants, de politiciens vérolés (par nature non exposés aux conséquences désastreuses de leurs politiques), de petits flics de la pensée officiant dans les médias et de bobos festifs à roulettes, de plus en plus de français confrontés au réel entendent eux ce petit bruit lancinant qui devient fracas.
Et c’est une bonne nouvelle : le Spectacle arc-en-ciel ne fait plus recette et le roi est nu.
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27/06/2010
radio machette
Faisant suite à l’appel sans ambiguïté à la rébellion et au meurtre de membres des forces de l’ordre commis par un quarteron de cacochymes progressistes possédés par la repentance psittaciste et l’ethno-masochisme et publié il y a peu par le journal Libération, France-Inter a été investie et rebaptisée ce jour « Radio mille quartiers » par un collectif inconnu « Indigénat et Résistance » sans doute en référence à la célèbre et de sinistre mémoire radio rwandaise –radio mille collines (RTLM)- dont l’efficace propagande avait permis la résolution à moindres frais d’un conflit ethnique séculaire.
De la même façon que la RTLM s’était distinguée, avant d’appeler ses auditeurs au meurtre pur et simple de centaine de milliers de tutsis, par une campagne agressive d’incitation à la haine contre les Belges, voici le premier communiqué de Radio mille quartiers diffusé ce matin par Audrey Pulvar et marqué par une violence inouïe à l’encontre des européens :
« Le peuple des quartiers doit apporter machettes, lances, flèches, houes, pelles, râteaux, clous, bâtons, fers électriques, fils de fers barbelés, pierres, et dans l’amour, dans l’ordre, chers auditeurs, pour tuer les forces d’occupation coloniales. Chers auditeurs, mesdames et messieurs : ouvrez grand vos yeux. Ceux d’entre vous qui vivez dans ces zones de relégation, sautez sur ceux qui ont de longs nez et des visages blafards, qui sont grands et minces et qui veulent vous dominer. Coupez les pieds des enfants pour qu’ils marchent toute leur vie sur les genoux. Tuez les filles pour qu’il n’y ait pas de générations futures. Les fosses communes ne sont pas encore pleines. Tuez-les, ne commettons pas la même erreur qu’en 2005 »
Quelques minutes plus tard, était lue à l’antenne –in extenso- la célèbre préface de Sartre aux « Damnés de la terre » de Franz Fanon, dont je reproduis ici quelques lignes :
«Car, en le premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. Dans cet instant la Nation ne s'éloigne pas de lui : on la trouve où il va, où il est - jamais plus loin, elle se confond avec sa liberté. Mais, après la première surprise, l'armée coloniale réagit : il faut s'unir ou se faire massacrer. Les discordes tribales s'atténuent, tendent à disparaître : d'abord parce qu'elles mettent en danger la Révolution, et plus profondément parce qu'elles n'avaient d'autre office que de dériver la violence vers de faux ennemis. »
17:38 | Lien permanent | Commentaires (14)
24/06/2010
Franzose!
« - Franzose..., Franzose..., Franzose...
Bien sûr que j'arrive, Tovaritch ! Ils sont là, hirsutes, avec, encore, la trace récente de leurs épreuves et ils désignent une ferme dans le lointain. Qu'elle est grande, cette ferme ! En avant, en avant, elle se rapproche. La bande a des visages de bêtes fauves à la curée. Personne ne parle. Au diable la civilisation.
La police sera faite par nous.
On arrive dans la cour de la ferme. Tout est calme. Un cercle se forme, on entend des revolvers qui s'arment. Un grand rire mélancolique et triste prend naissance. Les dents semblent vouloir retenir la colère. Deux coups à la porte, trois coups à la porte, quatre coups à la porte. Un signe. Kostia incline sa mitraillette, une rafale dans la serrure, une poussée d'épaules, un grand bruit, la porte cède et s'effondre. Des corps culbutent et s'engouffrent pêle-mêle avec des jurons infernaux. La voie est libre et la marée délirante afflue. La bande hésite alors, puis dans un calme spectral monte les escaliers. On distingue l'ondulation des échines, c'est tout. Arrivés au premier étage, les portes sont fermées. A coups d'épaule, la bande les ouvre.
Dans une pièce se trouve la famille entière. Et parmi la bande, il y en a deux qui ont subi les mauvais traitements du patron : Michel et Fédor. Michel se souvient des lanières de cuir et de sa fille de trois ans, morte dans la baignoire remplie d'eau froide. Fédor n'oublie pas sa main brûlée à une tige de fer chauffée à blanc. Ce sont eux, eux seuls, qui vont procéder à l'exécution. La famille les regarde. Le père, la mère, la fille, la petite fille, l'oncle et la tante.
Fédor et Michel ajustent leurs couteaux.
Un geste pour le père : au coeur. Il s'écroule avec un vomissement rouge, et son ventre tressaille et le parquet absorbe la salive écarlate. Un geste pour la mère : au coeur aussi. Elle ouvre plus grand les yeux, les referme, puis s'abat, les bras cassés par l'agonie. La joue gauche se colle contre une commode. Le bas du rein se désarticule et s'affaisse progressivement.
Un geste pour la fille. Fédor la prend par les seins, le bout du téton disparaît dans ses doigts et Fédor serre, serre... La fille dodeline de la tête, son aisselle se cabre, mais Fédor s'abat sur elle et la possède sur une chaise. Leur étreinte se prolonge jusqu'au moment où la nuque de la fille se désagrège. Kostia arrive, repousse Fédor et prend livraison à son tour du corps qui ne réagit pas. Son rut fini, il referme tranquillement sa braguette d'un air satisfait. Un éclair. Fédor a réagi brutalement. Une tache rouge sur la tête de la femme, un jet de sang et la forme s'affaisse. Il faudrait Goya pour peindre cette scène. Contraste des couleurs et de la violence. Mon front me fait mal, je ne suis qu'un homme et ces visions commencent à me dépasser.
Un geste pour le fils, une croix est faite dans sa poitrine ; je ne sais pas où ces bougres prennent la force de couper les os avec une simple lame d'acier.
Un geste pour l'oncle. L'homme tend presque son visage. C'est en effet un trou ruisselant de cervelle caillée, qui le tue. Un geste pour la tante. Elle est déjà évanouie. Oh, ça ne fait rien. C'est avec une hache que Kostia la décapite. Il s'acharne sur le cadavre. Au bout d'une minute, il n'existe plus qu'une bouillie informe de viande et de cartilage.
Un geste pour la petite fille : ah non, pas celle-là. Je me précipite. Fédor grogne. D'un coup de poing en pleine figure je l'envoie rebondir contre une chaise et je m'enfuis avec la gosse. Dieu que les escaliers sont longs à descendre... Et la plaine, je cours dans la plaine. La petite pleure. Loin de la ferme, je la prends mieux dans mes bras. Elle est gentille, cette gosse remplie de tâches de rousseur et que je console. Arrêt contre une pierre. Elle colle sa lèvre à ma poitrine. Je caresse ses cheveux, ses jambes et ses petits pieds.
Je suis Français et cette enfant est Allemande.
Comme elle pleure éternellement, je tire de ma poche une barre de chocolat et la lui mets dans la bouche. Après des gestes de refus, elle commence à mordiller dedans. Quel âge peut-elle avoir ? Cinq ans, six ans peut-être. Entre mes doigts se dessine le mot « New-York » où a été fabriqué le chocolat.
En arrière de plusieurs semaines, des hommes venus de la même ville laissaient tomber dans la même région des bombes explosives. Aujourd'hui.... aujourd'hui. Ne pleure pas Gretchen, va ne pleure pas.
Je me lève et entre dans le village. Je frappe à une porte, un homme paraît qui me prend la petite fille sans un mot avec un regard bleu, bleu comme doit être le paysage du paradis germanique. Quand je lui offre une cigarette, il referme la porte.
Je me gratte le menton et contemple alternativement ma ceinture et mes mains. Et je me dirige de nouveau vers la ferme.
Je ne veux penser à rien, rien, rien et rien. »
23:40 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jean bradley, jours francs